ésident de la Banque mondiale Jim Yong Kim à Washington DC, le 19 février 2014 (Photo : Alex Wong) |
[01/04/2014 17:14:35] Washington (AFP) La Banque mondiale (BM) a augmenté sa force de frappe financière notamment à destination des pays émergents comme la Chine ou le Brésil dans l’espoir d’atteindre son objectif d’éradication de la pauvreté d’ici à 2030.
“Les besoins des pays en développement dépassent, bien sûr, de loin les capacités du groupe Banque mondiale à y répondre”, a déclaré mardi son président Jim Yong Kim. “Mais nous pouvons faire beaucoup, beaucoup plus”.
Après obtenu le renflouement de sa branche dédiée aux pays pauvres en décembre, l’institution a désormais “quasiment doublé”, de 15 à 28 milliards de dollars, sa capacité de prêt aux économies émergentes chaque année, a annoncé le dirigeant dans un discours à Washington.
Dans le détail, des pays comme la Chine, le Brésil ou le Mexique verront dès cette année leur limite d’endettement auprès de l’institution augmenter de 2,5 milliards de dollars pour atteindre 19 milliards. La capacité pour l’Inde est, elle, portée à 20 milliards de dollars.
Selon M. Kim, les pays émergents, dont certains traversent une période de turbulences financières, étaient eux-mêmes demandeurs. “C’est une nouvelle extrêmement positive pour nous que même les pays à revenu intermédiaire (…) veuillent continuer à faire affaire avec nous” alors qu’ils ont facilement accès aux marchés pour lever de l’argent.
La Banque a également annoncé son intention de doper les ressources de ses autres branches, notamment celle dédiée au secteur privé, afin, à terme, d’augmenter d’environ 50% les nouveaux investissements, prêts et garanties qu’elle accorde chaque année. Sur l’année fiscale 2013, ce total s’est élevé à 52,6 milliards.
Cette augmentation est “sans précédent” pour l’institution, a clamé son président.
– Plan d’économie –
La Banque mondiale, qui tient son assemblée générale la semaine prochaine à Washington, veut ainsi être en mesure d’avancer vers son objectif d’éradiquer l’extrême pauvreté, qu’elle a formellement adopté en 2013.
D’après M. Kim, “deux tiers” des personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour sont concentrés dans cinq pays, dont des économies émergentes comme l’Inde et la Chine qui bénéficieront de ces nouvelles ressources.
Mais l’institution veut également défendre son rang au moment où elle fait face à une concurrence croissante d’autres acteurs du développement (secteur privé, banque régionale…).
Les grands pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Chine, Inde, Afrique du Sud) eux-mêmes caressent toujours l’idée de créer leur propre banque de développement afin de s’affranchir d’une institution qu’ils accusent d’être aux mains des Occidentaux.
“Les gouvernements et les entreprises peuvent trouver des financements et du savoir-faire dans beaucoup d’autres endroits”, a reconnu le dirigeant dans son discours.
Pour trouver ces nouvelles ressources, la Banque a exploré plusieurs pistes, suscitant parfois des inquiétudes au sein de ses quelque 10.000 employés.
L’institution s’est ainsi engagée en 2013 dans un plan de réduction des dépenses qui doit permettre d’économiser 400 millions de dollars sur trois ans sur un budget de fonctionnement annuel d’environ 5 milliards.
“Nous regardons tout, de notre politique de voyages à la manière dont nous établissons les appels d’offres”, a indiqué M. Kim, sans exclure de possibles licenciements.
“Je pense que nous allons vers une plus petite Banque” en terme de personnels, a-t-il simplement ajouté.
La Banque va également relever certains des taux d’intérêts qu’elle perçoit sur ses prêts et “revoir” ses règles sur le ratio entre capital et endettement qui est actuellement à 28%, un niveau très élevé pour une institution financière.
En abaissant ce seuil, elle pourra dès lors emprunter davantage sur les marchés et placer également plus de fonds sur des placements rémunérateurs.
L?organisation de lutte contre la pauvreté Oxfam a salué cette augmentation de ressources tout en appelant à plus de contrôle sur son utilisation.
“Plus d’argent pour les pays en développement est une bonne chose mais la qualité des prêts de la Banque mondiale doit être améliorée”, notamment en termes environnementaux et sociaux, a assuré Nicolas Mombrial, directeur d’Oxfam à Washington.