érence de presse à Ruesselsheim le 27 janvier 2014 (Photo : Daniel Roland) |
[01/04/2014 17:34:56] New York (AFP) L’heure de vérité a sonné pour General Motors: sa patronne Mary Barra témoigne ce mardi devant le Congrès américain qui veut savoir comment GM a pu vendre depuis dix ans des millions de voitures équipées d’une pièce défectueuse associée à 13 accidents mortels.
Alors que GM résiste à créer un fonds d’indemnisation, les familles des victimes veulent saisir cette opportunité pour lui forcer la main.
Brandissant les photos de leurs proches perdus, elles ont défilé en pleurs mardi au Capitole.
“Nos filles, fils, s?urs, frères, mères, pères, femmes et maris sont partis parce qu’ils étaient le prix à payer pour que GM fasse des affaires”, a lancé Laura Christian, mère d’Amber Marie Rose, 16 ans, tuée en 2005 au volant d’une Chevrolet Cobalt dont les airbags ne s’étaient pas déployés lorsqu’est survenu l’accident.
Mme Barra a déjà présenté ses excuses et condoléances et devrait les renouveler mardi, selon une déclaration préliminaire distribuée par avance à la presse.
Elle compte aussi promettre toute la transparence sur cette affaire qui éclabousse la réputation du groupe automobile.
“Je ne peux pas vous dire pourquoi cela a pris autant de temps pour annoncer un défaut de sécurité dans ce programme, mais je peux vous dire que nous trouverons”, devrait-elle déclarer aux élus.
“Dès que nous aurons les réponses, nous serons complètement transparents avec vous (les élus), les régulateurs et nos clients”, devrait-elle ajouter.
– Faim –
Le témoignage de Mme Barra risque de laisser les élus américains sur leur faim puisqu’il n’apporte pas de réponse à la principale question des autorités: pourquoi GM, qui était informé depuis 2001 du problème, a continué à équiper ses voitures de cette pièce, alors même que des accidents mortels lui étaient signalés?
érence de presse devant le Capitole à Washington le 1er avril 2014 (Photo : Jim Watson) |
L’audition est prévue à partir de 14H00 heure locale (18H00 GMT).
Le directeur par intérim de l’agence de sécurité routière (NHTSA), David Friedman, dont les services ont été mis en cause par le Congrès, doit lui aussi témoigner.
“GM disposait d’informations cruciales qui auraient pu aider à identifier le défaut”, devrait indiquer M. Friedman, alors que la NHTSA est accusée par les enquêteurs du Congrès d’avoir manqué deux occasions, en 2007 et 2010, d’ouvrir une enquête formelle sur les problèmes liés à la clé de contact de certains modèles de GM .
Ni Mme Barra ni M. Friedman n’étaient en poste lors des faits reprochés.
Entre mi-février et fin mars, GM a rappelé 2,6 millions de Chevrolet Cobalt, Pontiac 5, Saturn Ion et Sky et Solstice produits entre 2003 et 2011, pour un défaut du commutateur d’allumage ayant empêché les airbags de se déployer.
Ce défaut a été lié à une trentaine d’accidents qui ont provoqué la mort de 13 personnes, selon un décompte du constructeur, ce qui lui vaut d’être au centre d’une triple enquête (du département de la Justice, de la NHTSA et du Congrès).
Selon deux documents, l’un produit par GM et l’autre par le Congrès, le groupe automobile était au courant du défaut dès 2001 lors de la pré-production d’un des modèles, la Saturn Ion.
– Deux dollars –
Selon les élus, GM aurait pu éviter ces tragédies s’il avait pris en main le problème très tôt.
“Deux dollars. Voilà ce qu’aurait coûté la réparation de ce commutateur d’allumage”, affirme le sénateur démocrate du Massachusetts Ed Markey. “Mais c’était apparemment deux dollars de trop pour General Motors”.
Un autre élu, le sénateur Richard Blumenthal (démocrate, Connecticut), réclame la création d’un fonds d’indemnisation des victimes.
Légalement, GM, qui avait fait faillite en juin 2009, est protégé par la loi américaine en la matière qui l’exonère des responsabilités légales lié à tout évènement survenu avant le dépôt de bilan.
Mme Barra, qui se dit “déterminée” à mettre en place de nouvelles façons de faire les choses chez GM, a déjà nommé un “Monsieur Sécurité”, Jeff Boyer, qui lui rend des comptes directement.
GM mène aussi une enquête interne supervisée par un avocat de renom et un site internet dédié à ces rappels est régulièrement actualisé.
GM a rappelé environ 7 millions de véhicules dans le monde depuis le début de l’année et le coût des réparations -750 millions de dollars- va diminuer ses bénéfices trimestriels.