Le projet devient enfin une réalité. Au bout de près de deux ans de gestation et de préparatifs, la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) tient enfin son label Responsabilité sociétale de l’entreprise (CONECT) et peut initier son introduction dans le paysage entrepreneurial tunisien.
La centrale patronale, présidée par Tarak Chérif, en a fait la présentation officielle jeudi 27 mars 2014, lors de sa 3ème conférence internationale sur la RSE, qui a traité du Partenariat Public/Privé (PPP) vecteur de développement de la RSE. Un guide a été distribué à l’occasion qui explique l’approche et le référentiel.
Aux entreprises intéressées, trois niveaux de labels (Or, Argent et Bronze) sont proposés, en fonction de leurs moyens et ambition. Pour pouvoir prétendre à cette distinction-reconnaissance, une entreprise doit remplir une bonne dizaine de conditions et critères, allant d’une «politique ou déclaration de principe qui traduit (sa) volonté d’assumer la responsabilité» des impacts du label RSE «sur la société et sur l’environnement et d’en rendre compte», à l’«innovation technologique (…) pour une meilleure qualité», en passant par l’établissement d’objectifs et d’indicateurs de durabilité (économique, environnementale et sociale), d’un système de veille réglementaire et technologique, l’initiation d’un dialogue avec les parties prenantes (intervenant sur la chaîne de valeur, l’administration, société civile, etc.), en veillant à la protection des consommateurs contre les risques pour leur santé, en les informant sur la composition, maintenance et élimination des produits et services, à la prise en compte des réclamations des clients et au règlement rapide des conflits, à l’intégration de critères sociaux et environnementaux dans les nouveaux investissements, etc.
La CONECT s’est investie dans ce chantier parce que, explique son président, «le rôle de l’entreprise ne se limite plus au seul aspect économique ou même social par la création d’emplois et la distribution de revenus, mais englobe de plus en plus des volets qui étaient habituellement considérés du ressort de l’Etat, à l’instar de la responsabilité sociétale, la protection de l’environnement et le développement inclusif et durable. (Une) mutation profonde (qui) trouve son origine dans l’incapacité des systèmes administratifs à répondre, à eux seuls, aux exigences et attentes des citoyens aux niveaux notamment du développement, de la dignité, de l’équité et de l’emploi».
Mais le contexte national est-il aujourd’hui favorable à l’introduction de la RSE? Oui, répond la sociologue Riadh Zghal, car outre les nombreuses conventions touchant aux divers aspects des droits de l’Homme signées par la Tunisie, y compris après le 14 janvier 2011, «la révolution a attisé les revendications concernant l’amélioration des conditions sociales et environnementales».
Cette nouvelle situation impose à l’entreprise de devenir «pluridimensionnelle», souligne Taoufik Jelassi, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des Technologies de l’information et de la communication. Un avis que partage l’ancien ministre des Finances, Jaloul Ayed, qui insiste, lui, sur la dimension culturelle de la RSE. Qui, selon lui, explique que «l’Afrique ne se soit pas, en dépit de ses immenses ressources naturelles, développée à l’instar de certains pays d’Asie».