Sapin sur la réorganisation de Bercy : “ce qui compte, c’est que ça marche”

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évrier 2014 à Paris (Photo : Eric Feferberg)

[03/04/2014 08:30:12] Paris (AFP) Le nouveau ministre des Finances et des Comptes publics Michel Sapin a voulu jeudi se montrer optimiste sur sa nouvelle cohabitation à Bercy avec Arnaud Montebourg, qui hérite le portefeuille de l’Economie, estimant que “ce qui compte, c’est que ça marche”.

Pour sa première prise de parole publique depuis sa nomination, M. Sapin a rejeté sur France Inter les spéculations sur des tiraillements déjà entre les deux personnalités, dans la répartition de leurs tâches et de leurs responsabilités respectives.

“Les questions d’organisation administrative de services, de bureaux, c’est très important pour le fonctionnement des bureaux, mais quelle importance cela a pour les Français?”, s’est-il interrogé.

“Ce qui compte, c’est que ça marche, que ce soit cohérent et que la France, enfin, devienne de ce point de vue là une nation comparable à d’autres”, a-t-il ajouté, citant l’exemple de l’Allemagne qui a historiquement un ministère des Finances séparé de celui de l’Economie.

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ée à Paris (Photo : Thomas Samson)

“Ce que l’Allemagne a su faire de ce point de vue là, nous saurons le faire dans les conditions françaises, avec un Arnaud Montebourg à l’offensive, un Michel Sapin à l’offensive et un gouvernement cohérent”, a-t-il promis, affectant ne pas savoir quel bureau il occuperait dans la hiérarchie des étages de Bercy.

Michel Sapin a, en outre, assuré jeudi que “le rythme” de réduction du déficit public de la France serait “discuté” à Bruxelles, estimant qu’il était dans “l’intérêt commun de l’Europe de trouver le bon rythme”. Il a indiqué sur France Inter qu’il discuterait avec la Commission européenne “pour trouver le chemin de l’intérêt commun”, expliquant que “ce n’est pas un pays qui implore les autres” mais que “l’Europe se portera mieux quand la France se portera mieux”.

M. Sapin a précisé que le “cap” de réduction des déficits n’était pas abandonné. La France s’est engagée auprès de ses partenaires européens à passer sous la barre des 3% du produit intérieur brut d’ici 2015. En 2013, le déficit a atteint 4,3% du PIB, éloignant un peu plus cette échéance.

“Les objectifs sont des objectifs que nous tiendrons”, a-t-il promis mais sans garantir de calendrier. Selon lui, la réduction du déficit sous l’équivalent de 3% du produit intérieur brut, “c’est le seul moyen de faire en sorte que les intérêts de la dette cessent d’augmenter”.

Il a rappelé que la France versait aux marchés financiers “45 milliards tous les ans” d’intérêts de sa dette. Citant le discours du candidat François Hollande au Bourget en 2012, lorsque le futur président avait affirmé que son “ennemi” était “la finance”, le ministre a déclaré qu’il avait toujours cours. “La première manière d’éviter la finance folle, c’est d’éviter d’être dans sa main” et de payer d’énormes intérêts chaque année, a-t-il justifié.

“Je préfèrerais 45 milliards pour baisser le coût du travail, pour payer des professeurs supplémentaires, ou mieux rembourser des dépenses de santé”, s’est-il exclamé, souhaitant que “demain, on ait moins besoin de l’argent des autres, des marchés financiers”.

A propos des partenaires de la France de la zone euro, il a estimé “quand même normal qu’ils se préoccupent de ce qui se passe dans le deuxième grand pays qui porte l’euro, la monnaie commune”, tempérant en souriant les propos volontiers plus acerbes contre Bruxelles de son nouveau collègue à Bercy, Arnaud Montebourg.

“Il faut que nous partagions ensemble la seule préoccupation qui vale: plus de croissance pour plus d’emplois en rééquilibrant progressivement nos finances publiques”, a résumé le nouveau ministre.

Interrogé sur les 50 milliards d’économies dans la dépense publique promis par François Hollande, M. Sapin a reconnu, comme le président de la République lundi, que “diminuer pour diminuer, on peut aussi casser les ressorts de la croissance qui sont aujourd’hui en train de s’allumer”.

Il a souhaité que ce chiffre de 50 milliards ne fasse “pas peur à tout le monde”, assurant que son objectif “c’est au contraire de redonner confiance”.

M. Sapin, qui quitte juste le ministère de l’Emploi qu’il a occupé pendant près de deux ans, a rappelé qu’il avait participé aux différentes réunions interministérielles d’identification de ces économies, ainsi qu’à celles, conjointes, sur le pacte de responsabilité.

“J’y ai participé, je sais ce qu’il est possible de faire”, a-t-il insisté. “Je l’ai vu dans le domaine du travail: il y a des économies possibles sans pour autant massacrer (…) il faut le faire avec intelligence, tact et subtilité”.

La passation de pouvoir avec son prédécesseur à Bercy, Pierre Moscovici, est prévue dans la matinée de jeudi.