La France “dans une phase de reprise mais sans accélération”, selon l’Insee

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ée de la Banque de France à Paris (Photo : Joel Saget)

[03/04/2014 20:34:30] Paris (AFP) L’économie française est “dans une phase de reprise mais sans accélération”, a estimé jeudi l’Insee qui prévoit une croissance “modeste” au premier semestre, au cours duquel le taux de chômage devrait rester stable, confirmant l’équation économique difficile du gouvernement Valls.

La croissance devrait être de 0,1% au premier trimestre 2014 puis de 0,3% au deuxième trimestre, selon les prévisions données par l’Institut national de la statistique et des études économiques dans sa note de conjoncture à l’horizon de juin 2014, diffusée jeudi soir.

“Pour nous clairement la France est dans une phase de reprise car nous avons eu de très bons trimestres en 2013 avec une croissance de 0,6% au deuxième et de 0,3% au quatrième, mais il n’y a pas d’accélération”, a déclaré jeudi à l’AFP le chef du département de la conjoncture de l’Insee Cédric Audenis, à l’occasion de la publication de cette note.

“La reprise resterait modeste au premier semestre 2014”, résume l’Insee dans ce document.

“Il y a un certain nombre de freins”, souligne M. Audenis, qui cite “la profitabilité des entreprises qui est très dégradée, l’euro qui s’est apprécié depuis un an et demi, les impôts qui continuent d’augmenter plus vite que les revenus”, la hausse de la TVA qui grève le pouvoir d’achat et “se répercute sur la consommation”.

Aussi, “l’économie française a montré une bonne résilience à la crise par rapport notamment à ses voisins d’Europe du sud et donc, mécaniquement, il y a moins de capacité de rebond aujourd’hui”, explique-t-il par ailleurs.

Si ces prévisions de croissance se confirment et si les deux derniers trimestres connaissent chacun une progression du produit intérieur brut (PIB) égale à celle du 2e trimestre (+0,3%), la croissance sera de 0,7% sur l’année, a précisé l’Insee.

Le gouvernement prévoit de son côté une croissance de 0,9% en 2014.

Le taux de chômage devrait quant à lui rester stable au premier semestre à 9,8% (10,2% avec l’Outre mer), après une légère baisse à la fin de l’année dernière.

Ces prévisions, qui ne vont pas au-delà de l’horizon du mois de juin, sont moins pessimistes que celles présentées en décembre dernier par l’Institut de la statistique. Il tablait alors sur une légère reprise de la hausse du chômage au 2e trimestre, après une stabilisation au premier.

Dans l’ensemble, ces chiffres confirment l’équation difficile à laquelle fait face le nouveau Premier ministre Manuel Valls et son équipe pour redresser l’économie française.

– Effets du CICE –

L’Insee, qui mesure le chômage selon les normes du bureau international du travail (BIT), souligne que le chômage “est quasi stable depuis fin 2012, après une hausse de un point entre mi-2011 et fin 2012”.

Le pouvoir d’achat des ménages, après avoir fortement décru en 2012 (-0,9%), s’est redressé en 2013 (+0,3%) “principalement grâce à la décélération des prix à la consommation”. Au premier semestre le pouvoir d’achat devrait se redresser, gagnant 1,0% au premier trimestre puis 0,1% sur les trois mois suivants. L’Insee prévoit une hausse de 0,6% entre mi-2013 et mi-2014.

L’investissement des entreprises, moteur très attendu de la reprise, a progressé de 0,9% au quatrième trimestre 2013 après sept trimestres consécutifs de contraction, “soutenu en partie par des facteurs exceptionnels”, indique l’Insee. Il s’agit d’anticipations d’achats de camions avant un durcissement des normes anti-pollution, et d’un surcroît d’activité dans les travaux publics lié aux élections municipales.

Mais au premier trimestre 2014, l’investissement des entreprises baisserait par contrecoup (-0,2%), avant de progresser de nouveau au deuxième trimestre 2014 (+0,2%).

En 2013, le taux de marge des entreprises non financières, qui est le rapport de l’excédent brut d’exploitation à la valeur ajoutée, a à nouveau reculé atteignant son plus bas niveau depuis 1985, 28,1% en moyenne, contre 28,3% en 2012. Selon l’institut de la statistique, il devrait se stabiliser en 2014. L’Insee note par ailleurs que si on intègre l?impact du crédit compétitivité emploi (CICE) destiné à réduire le coût du travail des entreprises sur la partie de la masse salariale allant de un à 2,5 Smic, ce taux gagnerait 1,1 point pour atteindre 29,1%.

la France est la lanterne rouge en Europe pour la rentabilité des entreprises.

La consommation des ménages, qui a nettement progressé à la fin de l’année dernière (+0,4% après +0,0%) devrait avoir diminué de 0,3% sur janvier-mars puis rebondir de 0,6% au deuxième trimestre. Quant à l’effet du commerce extérieur sur l’évolution du PIB, il devrait être nul sur le premier semestre.