L’UE au chevet de l’Ukraine, menacée de récession

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éunion informelle à Athènes, le 4 avril 2014 (Photo : Alkis Konstantinidis/Pool)

[05/04/2014 06:35:36] Kiev (AFP) Les ministres des Affaires étrangères de l’UE achèvent samedi à Athènes une réunion informelle consacrée en grande partie à l’Ukraine, sous pression après l’augmentation-sanction de 80% du prix de ses achats de gaz russe.

Signe qui ne trompe pas: l’agence Moody’s a de nouveau abaissé vendredi soir la note de solvabilité de Kiev, de “Caa2” à “Caa3″, en raison de l'”escalade” de la crise politique dans le pays et malgré le soutien du Fonds monétaire international (FMI).

Cette note fait chuter la dette ukrainienne dans la catégorie spéculative, considérée comme risquée pour les investisseurs.

Vendredi, les ministres européens ont de nouveau appelé la Russie à s’engager dans une véritable “désescalade” sur le terrain. Ils doivent de nouveau s’exprimer sur le sujet samedi matin lors d’une conférence de presse.

Après s’être emparée le mois dernier de la Crimée à l’issue d’un référendum non reconnu par Kiev et les Occidentaux et avoir massé des dizaines de milliers de soldats aux frontières de l’Ukraine, la Russie se livre désormais à des pressions économiques sur son voisin.

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éunion informelle à Athènes, le 4 avril 2014 (Photo : Aris Messinis)

Cette semaine, elle a fait passer en 72 heures les 1.000 mètres cubes de gaz livrés à l’ancienne république soviétique de 268 à 485 dollars, un des prix les plus élevés en Europe. Une rétorsion de plus après le renversement du régime pro-russe de Viktor Ianoukovitch par des manifestants pro-européens fin février.

Le Premier ministre ukrainien par intérim, Arseni Iatseniouk, a dénoncé une décision “politique”, “visant à miner les fondements économiques et sociaux du pays”.

– “A la limite de la survie” –

Déjà secouée par l’instabilité politique, l’Ukraine va s’enfoncer dans la récession, avec une chute du PIB de 3% et une dette en hausse de 5 points à 86% du PIB en 2014, a estimé vendredi la Banque mondiale.

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à Kiev, le 4 mars 2014 (Photo : Andrey Sinitsin)

“Certaines branches de l’économie seront à la limite de la survie”, avertit Dmytro Marunych, expert du secteur énergétique. Il cite l’industrie chimique, grande consommatrice de gaz, ou la métallurgie, dont les coûts de production pourraient augmenter de 15%, leur faisant perdre toute compétitivité.

Pour la population, une hausse de 50% est annoncée le 1er mai pour le gaz, suivie d’une autre de 40% à partir de juillet pour le chauffage urbain.

Kiev doit donc chercher des solutions de substitution. M. Iatseniouk a évoqué la possibilité de négociations avec ses partenaires européens pour rétrocéder à l’Ukraine une partie du gaz qu’ils reçoivent à des prix inférieurs à ceux désormais facturés à Kiev.

Mais la Russie risque de ne pas apprécier un tel arrangement, relançant les craintes d’une “guerre du gaz” à l’échelle continentale, alors que l’Europe reste très dépendante des approvisionnements russes, dont une grande partie transite par les gazoducs ukrainiens.

– Corruption –

Kiev va aussi devoir mettre de l’ordre dans son secteur gazier, qui selon Fan Qimiao, responsable de la Banque mondiale pour le pays, “a été la principale source de corruption en Ukraine ces vingt dernières années,” depuis l’indépendance et l’effondrement de l’URSS en 1991.

L’économiste souligne “qu’il y a très peu de compagnies gazières dans le monde qui sont en déficit et, malheureusement, l’ukrainienne est l’une d’elles”.

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ère ukrainienne Naftogaz, à Kiev le 21 mars 2014 (Photo : Sergei Supinsky)

Les nouvelles autorités, à la tête d’un pays au bord de l’asphyxie financière, se sont engagées à mener d’importantes réformes structurelles pour décrocher la semaine dernière un pré-accord du FMI sur un plan d’aide qui pourrait s’élever à 18 milliards de dollars sur deux ans.

Des réformes qui “seront impopulaires” et vont “se heurter à des intérêts puissants”, a averti M. Fan.

En attendant, Kiev bénéficie toujours du soutien affiché de l’Otan et des Européens, dont les ministres des Affaires étrangères ont appelé “la Russie (à) démontrer qu’elle cherche sérieusement à faire baisser la tension”, selon les mots du chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.

Autre sujet d’inquiétude des Occidentaux dans la région: la question de la Transdniestrie, région séparatiste moldave à majorité russophone où les Occidentaux craignent une opération de Moscou sur le modèle de celle menée en Crimée.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a rencontré vendredi à Moscou son homologue de Moldavie Natalia Gherman.