à Numéricable (Photo : Eric Piermont) |
[06/04/2014 10:52:26] Paris (AFP) Altice a finalement réussi a convaincre Vivendi de lui vendre SFR avec un projet basé sur la synergie entre le câblo-opérateur Numericable, très fort dans l’internet fixe, et SFR, qui a fortement investi dans le mobile, pour en faire un “champion du très haut débit fixe-mobile”.
Le conseil de surveillance de Vivendi a décidé samedi “à l’unanimité” de vendre SFR à Numericable et sa maison-mère Altice plutôt qu’à Bouygues, après des semaines de suspense et une lutte acharnée entre les deux postulants.
Le nouvel ensemble représente environ 28,2 millions d’abonnés, dont 1,7 million pour Numericable et 26,5 millions pour SFR, deuxième opérateur télécom français (21,3 millions clients mobiles et 5,2 millions pour le fixe). Orange, le leader du marché français, totalise pour sa part 29,2 millions de clients (19,1 millions pour le mobile, et 10,1 millions pour le fixe).
Vivendi a justifié ce choix en soulignant notamment “la qualité du projet industriel” d?Altice/Numericable qui repose “sur une convergence mobile-fixe, avec des synergies découlant de l?interdépendance des réseaux respectifs des deux entités fusionnées”.
Cette convergence est indispensable à l’heure où le marché fait la part belle aux opérateurs télécoms qui peuvent proposer au consommateur une offre complète composée de l’internet et des communications fixes et mobiles, plus différents services comme la télévision, dans des offres dites “quadruple play”.
Or le groupe Numericable, bâti par acquisitions successives d’entreprises spécialisées dans le câble, a aujourd’hui un bon réseau fixe. Il proposait jusqu’ici des offres mobiles à ses clients en louant le réseau de Bouygues Telecom, à défaut d’avoir un réseau mobile propre.
– Priorité aux investissements –
En rachetant SFR, Numericable disposera donc d’un solide réseau mobile, mais SFR bénéficiera également de cette union en ce qui concerne le réseau fixe.
ère de Numericable, le 17 mars 2014 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
SFR, avec le rachat de Neuf Cegetel, “dispose des autoroutes fibres (optique, NDLR) de France construites le long des voies navigables ou des voies ferrées de France”, a rappelé le PDG de Numericable, Eric Denoyer, lors de la présentation des résultats annuels de son groupe.
Mais, “aujourd’hui, les réseaux fibres de SFR ce sont de grosses autoroutes qui arrivent sur de petits chemins vicinaux”, le réseau cuivre de l’opérateur historique Orange qui quadrille les rues de toutes les villes française, mais qui ralentit fortement le débit.
Or Numericable, grâce à ses investissements, dispose d’un réseau complémentaire en ville. Il “a les routes départementales et toutes les artères en fibre dans les villes”. Il suffit de connecter les deux réseaux, et “vous avez le plus grand réseau alternatif d’infrastructure très haut débit”, a-t-il assuré.
Cette complémentarité permettra de générer “plus d’un milliard de synergies de cash flow par an”, avait pour sa part assuré le patron d’Altice, Patrick Drahi, dans une interview aux Echos.
Et ces synergies se feront par “de la création de valeur, pas par de la réduction de coût”, a encore souligné M. Denoyer, affirmant que les investissements resteraient une priorité pour la nouvelle entité.
Numericable compte aujourd’hui un réseau de 5,2 millions de foyers raccordables en fibre optique (bénéficiant d’un débit supérieur à 100 mégaoctets) et a confirmé son objectif de 8,5 millions de foyers raccordés d’ici 2016.
M. Drahi, avant même le verdict de Vivendi, prévoyait en cas de victoire d’accélérer ses investissement dans le très haut débit fixe pour atteindre “12 millions de foyers équipés en très haut débit en 2017, voire 15 millions à l’horizon 2020”.
Le dirigeant d’Altice indiquait également que le nouveau groupe SFR/Numericable aurait les moyens de se lancer dans une vaste offensive commerciale.
M. Drahi vise ainsi “à moyen terme” 45% de parts de marché grand public pour le fixe, contre 25% actuellement, et de 30% des parts sur le marché des entreprises (contre moins de 20% aujourd’hui).