à Bombay, le 7 avril 2014 (Photo : Indranil Mukherjee) |
[07/04/2014 10:44:24] New Delhi (AFP) Le groupe indien Sun Pharmaceutical Industries a annoncé lundi le rachat en actions de son concurrent en difficulté Ranbaxy, pour créer le numéro un indien des groupes pharmaceutiques et le numéro cinq mondial du secteur des génériques.
Sun Pharma va payer la totalité en actions, les détenteurs de titres de Ranbaxy recevant 0,8 action Sun Pharma pour une action Ranbaxy, soit une prime de 18% sur la valeur moyenne du titre Ranbaxy ces 30 derniers jours, a précisé Sun Pharma dans un communiqué.
Le groupe japonais Daiichi Sankyo, qui contrôle 64% de Ranbaxy depuis 2008, restera un actionnaire “significatif” de cette nouvelle entité, avec une participation de 9% et un représentant au conseil d’administration.
L’ensemble Sun Pharma/Ranbaxy totalise un chiffre d’affaires de 4,2 milliards de dollars, pour un résultat brut d’exploitation (Ebitda) de 1,2 milliard USD en 2013, avec une présence dans 65 pays et 47 usines sur les cinq continents.
Cette opération intervient alors que Ranbaxy connaît de graves difficultés depuis plusieurs années avec les autorités sanitaires des Etats-Unis.
En janvier 2012, le groupe indien a fait l’objet d’une injonction permanente de l’Agence américaine des médicaments (FDA) qui l’a accusé de “violation de la régulation sur la fabrication des médicaments et de falsification d’informations sur les demandes d’autorisation”.
Les produits sortant de quatre des cinq usines indiennes de Ranbaxy (Dewas, Paonta Sahib, Mohali et Toansa) sont interdits sur le territoire américain.
“Notre premier objectif sera la conformité (aux normes de la FDA). Car ce n’est que lorsque les sites de production sont avalisés par la FDA qu’on peut demander l’autorisation sur de nouveaux produits”, a déclaré Dilip Shanghvi, directeur général de Sun Pharma, lors d’une conférence de presse téléphonique.
Cette question est d’autant plus pressante que les Etats-Unis généraient auparavant quelque 40% du chiffre d’affaires de Ranbaxy.
– Constat d’échec –
Dans un mouvement d’expansion des groupes pharmaceutiques japonais à l’étranger via de coûteuses acquisitions, Daiichi Sankyo s’était battu pour obtenir Ranbaxy en 2008, que l’on disait aussi convoité par le géant américain Pfizer.
Il avait alors payé quelque 3 milliards d’euros pour prendre une participation de 64% dans le groupe indien afin de s’offrir des débouchés nouveaux dans le domaine des médicaments génériques jugés très prometteurs.
Le japonais se félicitait alors de cette transaction, qui devait “permettre aux deux entreprises de connaître une croissance durable grâce à une diversification couvrant tous les aspects de l’industrie pharmaceutique”.
Il a depuis déchanté. Il a essuyé une perte colossale de 360 milliards de yens (2,8 milliards d’euros à l’époque) l’année suivant le rachat en raison de la chute de l’action Ranbaxy causée par la crise financière internationale et à cause des premières restrictions imposées par les autorités américaines.
En cédant Ranbaxy après cinq ans de vains efforts, Daiichi Sankyo signe un constat d’échec, même si le patron du groupe, Joji Nakayama, s’en est défendu lundi en indiquant “avoir beaucoup appris et eu beaucoup d’idées”.
“Nous avons aujourd’hui un nouveau partenariat avec Sun Pharma qui doit nous permettre une expansion internationale”, a-t-il ajouté en précisant que le groupe japonais allait continuer d’aider Ranbaxy jusqu’à la conclusion de la transaction prévue en fin d’année sous réserve d’accord des autorités compétentes.
Et les investisseurs semblent apprécier que Daiichi annonce sa sortie de cette aventure malheureuse. A la Bourse de Tokyo, le titre du groupe s’est apprécié de 3,30% lundi, dans un marché en baisse.
“Basiquement, c’est un élément positif que Daiichi Sankyo écarte Ranbaxy qui était devenu une importante cause de dégradation de ses affaires”, a expliqué dans une note l’analyste Shinichiro Muraoka de Morgan Stanley MUFG Securities.
Ranbaxy a encore déploré une perte nette de 1,59 milliard de roupies (19,32 millions d’euros) pour le trimestre clos en décembre.
“La cession de cette société ne signifie pas que Daiichi Sankyo abandonne le développement de l’activité des génériques”, a toutefois assuré le groupe nippon.
L’Inde, baptisée parfois “la pharmacie du monde” en raison de la vigueur de son secteur pharmaceutique (14 milliards USD de chiffre d’affaires annuel), notamment pour les génériques, fournit les pays émergents, mais pas seulement. Elle est ainsi le deuxième fournisseur des Etats-Unis, après le Canada.