FMI : les pays émergents, un moteur toujours puissant

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ère annonce les réunions annuelles du printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington, aux Etats-Unis (Photo : Mandel Ngan)

[08/04/2014 13:59:35] Paris (AFP) Les pays émergents font face à des risques croissants, pour eux-mêmes et pour l’économie mondiale, mais leurs perspectives de croissance restent fortes, selon les prévisions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) dévoilées mardi.

Les pays émergents et en développement devraient enregistrer une augmentation de leur PIB de 4,9% en 2014 selon les chiffres du Fonds, qui rabote un peu de 20 points de base sa précédente estimation de janvier.

“Ces économies s’adaptent à un environnement financier international plus difficile, dans lequel les investisseurs sont plus attentifs aux fragilités et aux vulnérabilités (propres à chaque pays émergents, ndlr) en raison des perspectives de croissance plus forte et de normalisation des politiques monétaires dans certaines économies avancées”, selon le FMI.

Comprendre: la reprise américaine et la perspective de la fin de la politique ultra-généreuse de la Réserve fédérale poussent les investisseurs à rapatrier leurs fonds des pays émergents vers les pays avancés, offrant des rendements certes inférieurs, mais en progression, et limitant par là-même la croissance des émergents.

Le phénomène s’est déclenché en mai 2013 de manière brutale, provoquant des turbulences financières dans nombre de pays émergents, avant que le situation se stabilise quelque peu, mais cette perspective pèse toujours sur ces pays.

Le phénomène pourrait durer un peu puisque, selon le Fonds, “les flux de capitaux vers les pays émergents resteront inférieurs en 2014 à ce qu’ils ont été en 2013, avant de se reprendre modestement en 2015”. Ainsi, il prévoit pour 2015 une croissance des pays émergents et en développement de 5,3%, en retrait de 10 points de base par rapport à l’estimation de janvier.

Pesant plus des deux tiers de la croissance mondiale (avec les pays en développement), les émergents restent évidemment un moteur de l’économie mondiale, mais ils lui font courir des dangers croissants, estime le Fonds, qui cite un tarissement plus rapide que prévu des flux de capitaux, un ralentissement chinois plus marqué, ou encore les risques géopolitiques provoqués par la crise ukrainienne.

– “Réactions en chaîne” –

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énérale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde le 2 avril 2014 à Washington (Photo : Brendan Smialowski)

“Un ralentissement prolongé des économies émergentes reste un sujet de préoccupation essentiel”, estime le Fonds.

Dans le cadre de ses prévisions, il élabore des scénarios. L’un d’entre eux démontre qu'”un petit supplément de croissance (par rapport aux prévisions) dans certaines économies avancées (principalement les Etats-Unis) peut ne pas suffire à effacer l’impact d’un risque de baisse plus fort dans les principales économies émergentes”.

“Les risques de baisse des pays émergents peuvent provoquer des réactions en chaîne importantes pour les économies avancées”, estime le Fonds, qui estime qu’un ralentissement plus marqué de la croissance des pays émergents membres du G20 (qui regroupe notamment la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du sud, la Russie, entre autres) conduirait à “une croissance mondiale inférieure en moyenne de 0,3 point de pourcentage chaque année par rapport au scénario central”, sans tenir compte des éventuels effets d’une reprise plus forte aux Etats-Unis.

Aussi, le Fonds les exhorte à adopter des réformes qui limiteraient les risques. La nouvelle politique de la Fed “augmente l’urgence pour les économies émergentes de régler leurs déséquilibres macroéconomiques et les faiblesses de leurs politiques” économiques.

Et comme derrière ce terme de pays émergents se cachent des situations différentes, le Fonds liste certains défis.

En Chine, “la priorité est de réussir un atterrissage en douceur” de l’économie après plusieurs années de très forte croissance.

Au Brésil, en Russie en Inde ou en Afrique du sud, il faudra ?uvrer pour dompter l’inflation, entre autres. En Inde, “la consolidation budgétaire sera essentielle pour diminuer les déséquilibres macroéconomiques” et le Fonds appelle aussi à des réformes structurelles pour soutenir l’investissement. Des réformes sont également demandées à l’Afrique du sud pour contrer “un taux de chômage intolérablement haut”.

La Russie et le Brésil devraient aussi changer leurs rapports au marché des changes (des interventions plus sélectives pour le Brésil, plus de souplesse pour la Russie).