La croissance mondiale menacée par l’Ukraine et les pays émergents

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ère annonçant les réunions annuelles de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (Photo : Mandel Ngan)

[08/04/2014 14:12:43] Washington (AFP) Le Fonds monétaire international (FMI) s’est montré mardi moins optimiste pour l’économie mondiale qu’il y a trois mois en abaissant ses prévisions de croissance sur fond de tensions en Ukraine et de panne de confiance dans certains pays émergents.

Après avoir gagné 3,0% en 2013, le produit intérieur brut (PIB) du globe devrait progresser de 3,6% en 2014 et de 3,9% en 2015, marquant un léger repli de 0,1 point par rapport aux prévisions de janvier, selon les nouvelles projections du FMI.

“Le renforcement de la reprise mondiale depuis la Grande Récession (en 2008, ndlr) est évident mais la croissance n’est pas encore solide à travers le monde et des risques continuent de peser sur les perspectives”, résume l’institution.

La crise actuelle en Ukraine et les tensions géopolitiques avec la Russie pourraient ainsi peser sur l’activité en alimentant “une nouvelle poussée d’aversion au risque” chez les investisseurs ou en occasionnant “d’importantes perturbations” dans l’acheminement et la production de gaz et de pétrole, relève le rapport.

“Les risques géopolitiques ont augmenté même s’ils n’ont pas encore eu de répercussions macro-économiques mondiales”, assure le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, dans ses avant-propos. La Russie voit toutefois ses prévisions de croissance sabrées de 0,6 point cette année, à 1,3%.

Pour le reste, le Fonds salue la performance des Etats-Unis (2,8% de croissance attendus cette année) qui fournit “une impulsion majeure” à l’économie mondiale après avoir fait trembler la planète à la fin 2013 en raison de la paralysie budgétaire et des risques de défaut de paiement.

Epicentre de la crise de la dette publique en 2010-2011, la zone euro suscite elle aussi moins d’inquiétudes et voit même ses prévisions relevées de 0,1 point en 2014 (1,2%) et 2015 (1,5%), tirées par l’Allemagne et, dans une moindre mesure, par la France.

Selon le Fonds, les plans d’assainissement budgétaire – très contestés en Europe – devraient baisser de rythme, permettant de “porter” la croissance.

L’activité dans la région devrait toutefois rester “molle” notamment du fait de la santé précaire du secteur bancaire européen soumis cette année à des tests de résistance.

Le faible niveau d’inflation, “principal sujet de préoccupation”, pourrait par ailleurs renchérir le coût de la dette et freiner la consommation, met en garde le Fonds.

– Fuite de capitaux –

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ère à Washington le 8 avril 2014 (Photo : Mandel Ngan)

Mais ce sont surtout les pays émergents qui concentrent les inquiétudes. Le Fonds craint de nouveaux reflux de capitaux hors de ces pays, après de violentes vagues en janvier et au printemps 2013 qui les ont déjà privés de sources de financement cruciales.

L’enjeu est de taille: pays émergents et en développement comptent pour “plus des deux tiers” de la croissance économique mondiale, rappelle le FMI.

“Beaucoup d’économies émergentes font face à un environnement externe bien moins clément”, souligne le Fonds, ajoutant que ces tendances “pourraient s’intensifier” avec la perspective d’une normalisation progressive de la politique monétaire aux Etats-Unis.

Deuxième économie mondiale, la Chine devrait en sortir relativement indemne, avec 7,5% de croissance toujours attendus cette année, marquant toutefois une légère décélération par rapport aux 7,7% atteints en 2013.

“La probabilité d’un atterrissage difficile pour la Chine après un trop-plein d’investissement et le boom du crédit reste faible”, explique le Fonds.

Mais les autres pays émergents, qui sont déjà aux prises avec des “faiblesses et des vulnérabilités intérieures”, devraient moins bien s’en sortir, selon le FMI. Le Brésil et l’Afrique du Sud voient ainsi leur prévision sabrée de 0,5 point cette année, respectivement à 1,8% et 2,3%.

Les prévisions sont globalement plus sombres pour l’Amérique du sud (-0,4 point, à 2,5%) avec une croissance en décélération par rapport à 2013 notamment du fait de la “détérioration” de la situation en Argentine et au Venezuela, deux pays en délicatesse avec le Fonds.

L’Afrique sub-saharienne devrait, elle, voir sa croissance progresser de 5,4% cette année (contre 4,9% en 2013) portée par “une plus forte demande” des pays riches, même si l’expansion devrait être beaucoup moins forte que prévu (-0,7 point par rapport à janvier).