ésident de la SNCF America Alain Leray discute avec ses collègues avant de témoigner à Annapolis au Maryland le 10 mars 2013 (Photo : Jim Watson) |
[08/04/2014 14:35:38] Washington (AFP) La SNCF va finalement pouvoir postuler à un contrat dans le Maryland (est des Etats-Unis), où des élus menaçaient de lui interdire toute candidature en raison de son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
Réquisitionné par le régime de Vichy, le groupe ferroviaire français a déporté 76.000 juifs dans des wagons de marchandises à travers le pays et vers les camps d’extermination entre 1942 et 1944. Environ 3.000 d’entre eux seulement ont survécu, selon la SNCF.
Or des élus du Sénat et de la Chambre du Maryland demandaient que la SNCF indemnise les victimes avant de pouvoir postuler à un appel d’offres, et avaient déposé des propositions de loi dans ce sens.
Mais les textes de loi n’ont pas été soumis au vote de la Chambre et du Sénat du Maryland pour la session législative 2014, qui s’est achevée lundi à minuit, a-t-on appris auprès des deux assemblées.
La SNCF va donc pouvoir postuler d’ici cet été, via sa filiale Keolis America, à un projet de transport public-privé de près de 3 milliards (BIEN 3 milliards) de dollars, portant sur la création et l’exploitation d’une ligne ferroviaire de 25 kilomètres. La SNCF est candidate à son exploitation, au sein d’un consortium qui comprend également les français Alstom et Vinci.
Lors d’auditions parlementaires en mars empreintes d’émotion, d’anciens déportés et leurs familles avaient réclamé à la SNCF d’être indemnisés. Celle-ci avait répondu n’avoir été qu’un “rouage dans la machine d’extermination nazie”, soulignant que l’indemnisation des faits de déportation relevait de l’Etat français. Ce dernier est actuellement engagé dans des négociations avec les Etats-Unis pour indemniser les victimes américaines transportées par la SNCF.
Le président de SNCF America, Alain Leray, a “pris acte” mardi du fait que les textes n’ont pas été votés et affirmé à l’AFP que leur adoption aurait “considérablement interféré avec les négociations en cours entre les deux gouvernements”.
Représentant la partie américaine et les anciens déportés dans ces négociations, l’avocat Stuart Eizenstat avait lui aussi estimé sur la radio NPR que ces textes de loi auraient “gravement compliqué” les discussions entre Etats.
En outre, s’ils avaient été adoptés, ils auraient, parce qu’ils restreignaient la concurrence, “mis en péril le financement fédéral” du projet (900 millions de dollars), avait noté le ministère fédéral des Transports dans un courrier à l’administrateur des transports du Maryland, daté du 13 mars et dont l’AFP a obtenu copie.
Le département des Transports du Maryland prévoit de sélectionner un consortium privé fin 2014, début 2015.