éunions annuelles de printemps du Fonds monétaire internaitonal et de la Banque mondiale le 5 avril 2014 à Washington (Photo : Mandel Ngan) |
[08/04/2014 15:36:31] Bruxelles (AFP) Le FMI a légèrement relevé mardi sa prévision de croissance pour la zone euro cette année, tout en mettant en garde contre le risque de stagnation de l’économie et de déflation.
Dans ses dernières prévisions économiques, le Fonds monétaire international table sur une croissance de 1,2% en 2014 pour la zone euro – au lieu de 1,0% en janvier – et sur une accélération à 1,5% l’an prochain.
Si la zone euro a réussi à résoudre certaines difficultés héritées de la crise, des risques subsistent, pointe le FMI. Parmi eux, une “reprise molle, l’inflation qui reste sous l’objectif de la Banque centrale européenne (proche mais en-deçà de 2%) et la fragmentation financière”.
De tous ces problèmes, le niveau de l’inflation est le “plus préoccupant” pour l’institution de Washington, qui a sonné l’alarme à maintes reprises et voit un “risque relativement élevé” de déflation en zone euro.
“L’inflation a progressivement ralenti depuis fin 2011. Elle est tombée sous 1% depuis fin 2013 et plusieurs économies confrontées à un chômage de masse doivent composer avec une inflation proche de zéro ou ont basculé en déflation”, rappelle le FMI pour qui l’évolution des prix ne devrait pas se rapprocher de +2% avant 2016.
Dans cet intervalle, le risque est grand de compromettre la reprise économique, en particulier dans les pays les plus fragiles lestés par une dette importante.
La Grèce, l’Espagne ou le Portugal doivent déjà composer avec une baisse des prix qui risque de gripper leur économie. Après la baisse des prix et de la consommation, les investissements pourraient être mis entre parenthèses avec des retombées sur les salaires et l’emploi, un cercle vicieux tout aussi inquiétant que l’inflation galopante.
Dans ce contexte, “la priorité est de préparer le terrain à une reprise plus forte et plus durable et s’attaquer au niveau de l’inflation tout en garantissant la stabilité financière”, préconise le FMI tout en admettant que ce remède est “complexe” et demande tout à la fois des mesures budgétaires, de politique monétaire ainsi que des réformes structurelles.
– Conseils à la BCE –
écession (Photo : L.Saubadu / F. Hugon) |
C’est sur la BCE que la pression est la plus forte. Pour le FMI, elle doit assouplir davantage sa politique monétaire. “Le plus tôt sera le mieux”, a déclaré à Washington le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, évoquant des taux d’intérêt négatifs ou un programme d’assouplissement monétaire.
Ces déclarations risquent de mal passer à Francfort. Lors de la réunion de la BCE la semaine dernière, son président, Mario Draghi, avait remercié le FMI pour ses “généreux” conseils de politique monétaire.
A cette occasion, la BCE s’était montrée “unanimement” prête à agir si la stabilité des prix venait à menacer la reprise en zone euro, tout en maintenant son principal taux directeur à 0,25%.
La lutte contre l’inflation “ne revient pas uniquement à la BCE”, a estimé M. Blanchard. “Ce qui est fait pour améliorer la santé des banques, et les recapitaliser si nécessaire, est tout aussi important que ce que la BCE peut entreprendre sur le plan monétaire”.
A cet égard, la revue de 130 établissements financiers menée cette année par la BCE est une étape “essentielle”. Mais le projet d’union bancaire doit encore être mené à bien, estime le FMI, qui se montre sceptique sur l’accord trouvé en mars sur le mécanisme de résolution bancaire, visant à accompagner une faillite bancaire en évitant l’utilisation de fonds publics.
“Le processus de décision semble complexe”, souligne le FMI, qui critique également le rythme de montée en puissance du fonds qui sera mis en place pour accompagner les faillites.
Les Etats ont également leur rôle à jouer, juge le FMI, qui recommande un rééquilibrage de l’économie avec un coup de pouce des pays enregistrant des excédents “pour stimuler la demande intérieure”. Un conseil qui vise directement l’Allemagne.
Dans le même temps, les pays faisant face à des déficits publics importants doivent poursuivre les réformes de leur marché du travail et favoriser la compétitivité.