çade du siège à Tokyo le 8 avril 2014 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[08/04/2014 16:16:19] Tokyo (AFP) Le premier groupe pharmaceutique japonais Takeda s’est vivement opposé mardi au jugement d’un tribunal américain qui le condamne à payer 6 milliards de dollars de dommages, en raison des effets cancérigènes de son antidiabétique Actos.
“Takeda n’est pas d’accord avec le verdict et nous avons l’intention de le contester vigoureusement par tous les moyens légaux disponibles, y compris un appel”, a déclaré Kenneth Greisman, un vice-président de Takeda Pharmaceuticals USA, cité dans un communiqué.
Son partenaire commercial aux Etats-Unis de 1999 à 2006, Eli Lilly, s’est aussi vu infliger une amende de 3 milliards de dollars par le même tribunal de Louisiane (sud), au terme d’un procès débuté le 3 février.
Un porte-parole du laboratoire américain a précisé à l’AFP que l’accord liant les deux entreprises prévoyait que ce soit Takeda qui paie l’amende d’Eli Lilly.
Un particulier, Terrence Allen, qui accuse Actos, l’antidiabétique du groupe japonais d’être à l’origine de son cancer de la vessie, avait saisi la justice américaine.
Un jury populaire américain a estimé que les deux groupes pharmaceutiques avaient minimisé les risques cancérigènes liés à l’Actos, selon un verdict rendu dans la nuit de lundi à mardi.
“Nous avons de l’empathie pour le plaignant Terrence Allen, mais nous ne pensons pas que les éléments apportés prouvent que l’Actos ait causé son cancer de la vessie”, a expliqué M. Greisman
M. Greisman fait valoir que “les verdicts ont été en faveur de Takeda dans trois autres procès portant sur l’Actos”.
Compte tenu de la particularité de la procédure judiciaire américaine le montant record de cette amende a plus une valeur symbolique.
Un juge en appel est susceptible de le réduire nettement comme cela a déjà été le cas dans d’autres affaires.
C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles l’action Takeda n’a finalement fondu que de 5,16% à la clôture à la Bourse de Tokyo, après avoir chuté de 8% en cours de séance.
A Wall Street, le titre Eli Lilly, qui va aussi contester “vigoureusement” la décision, (-0,02%) était très peu pénalisé.
“Nous sommes confiants dans les bénéfices thérapeutiques de l’Actos” et pensons “avoir agi avec responsabilité concernant ce traitement”, a insisté M. Greisman.
En 2012, Takeda a reconnu dans un document adressé aux professionnels de santé que “de nouvelles études confirmaient un risque potentiellement accru de cancer de la vessie chez les patients traités par des produits contenant de la pioglitazone”, ce qui est le cas de l’Actos.
Le communiqué diffusé mardi mentionne aussi “un éventuel accroissement des risques de cancer de la vessie”.
L’Actos avait été retiré de la vente en France en juin 2011, précisément à cause de ce risque plus élevé de cancer de la vessie.
Le brevet de l’Actos est tombé dans le domaine public en 2012 aux Etats-Unis et de ce fait les ventes afférentes de Takeda ont fortement chuté depuis (-74% pour la période d’avril à décembre 2013, en comparaison annuelle) .
– Obstacle à l’ambition internationale –
Cette décision de justice ne joue pas en faveur de l’image de Takeda, groupe qui affiche pourtant d’importantes ambitions internationales.
Elle intervient en outre au moment où le français Christophe Weber vient d’être nommé numéro deux du groupe et doit succéder au patron Yasuchika Hasegawa au mois de juin.
M. Weber, qui était auparavant président de la division des vaccins du groupe britannique GlaxoSmithKline (GSK), a été choisi pour “transformer la société et en faire un groupe doté d’une forte compétitivité dans l’univers mondial de la pharmacie”, selon M. Hasegawa.
Cette affaire Takeda survient en outre le lendemain de l’annonce par son rival et numéro deux nippon du secteur, Daiichi Sankyo, de la cession de sa filiale indienne Ranbaxy, achetée en 2008 mais devenue depuis un gouffre financier à cause de l’interdiction d’exportations aux Etats-Unis des médicaments génériques produits dans quatre de ses cinq usines d’Inde.
Pour Takeda comme pour Daiichi Sankyo, la conquête internationale représente une importante prise de risques qui peut coûter très cher, d’autant que le premier n’a pas hésité à dépenser plus de 10 milliards d’euros en acquisitions de firmes étrangères depuis 2010, soit près de l’équivalent de son chiffre d’affaires pour cette année.