introduction du groupe eDreams Odigeo (Photo : Gerard Julien) |
[08/04/2014 18:51:56] Madrid (AFP) Le numéro un européen du voyage en ligne eDreams Odigeo, qui unit Go Voyages, Opodo et eDreams, est entré mardi à la Bourse de Madrid avec une capitalisation de plus d’un milliard d’euros, soit la première opération d’envergure en Espagne depuis trois ans.
A midi, le fondateur et PDG Javier Pérez-Tenessa a fait sonner la cloche dans la salle principale de la Bourse madrilène… un son presque inconnu depuis l’été 2011, quand Bankia avait fait de même, avant de frôler la faillite moins d’un an plus tard et d’être secourue par une aide publique de 20 milliards d’euros.
Pendant que le pays basculait dans deux ans de récession, le marché espagnol n’attirait plus aucun nouveau membre jusqu’à la reprise des introductions en Bourse ces dernières semaines, avec deux opérations plus modestes, dans l’immobilier (Hispania et Lar Espana Real).
Entre temps, la Bourse de Madrid a repris des couleurs: vendredi, elle touché son plus haut niveau depuis mai 2011.
La séance de mardi a été moins favorable: dans un marché nettement dans le rouge, le titre a perdu plus de 6% dans les premiers échanges puis a clôturé en recul de 3,82% à 9,81 euros, face à un Ibex-35 en baisse de 1,19%.
En plaçant en Bourse quelque 35% de son capital pour 433 millions d’euros, eDreams Odigeo devient la plus grosse entreprise de commerce électronique cotée en Europe, par les bénéfices, avec une capitalisation de 1,1 milliard d’euros et une valeur d’entreprise (en rajoutant la dette) de 1,5 milliard.
L’opération abaisse la part des principaux actionnaires, les fonds Permira et Ardian (ex-Axa Private Equity), à environ 50% du capital.
“Presque tous (les acheteurs) sont venus de l’international, la plupart – près de la moitié – d’Angleterre, puis de France, d’Allemagne, aussi d’Espagne et des Etats-Unis”, a expliqué aux journalistes Javier Pérez-Tenessa.
“Dans le secteur du commerce électronique de voyages, qui est totalement dominé par quatre entreprises américaines et une chinoise, maintenant nous sommes là, c’est un changement radical”, a-t-il souligné.
“Quand nous avons fondé eDreams il y a quatorze ans, nous étions la plus petite des agences de voyage espagnoles”, a-t-il rappelé, et désormais le groupe est le numéro un mondial dans la vente de billets d’avion en ligne, grâce à son mariage en 2011 avec Go Voyages et Opodo.
Le groupe, qui emploie plus de 1.500 personnes (dont plus de 650 en Espagne et 320 en France) et inclut aussi les sites Liligo et Travellink, compte plus de 14 millions de clients dans 42 pays.
Maintenant qu’il est coté, eDreams Odigeo, qui veut “augmenter son chiffre d’affaires généré par les autres produits (hôtels et locations de voitures, par exemple, NDLR), via des partenariats avec des spécialistes leaders dans leur domaine”, prévoit déjà “de saisir les opportunités face à des cibles intéressantes”.
Fin décembre 2013, sur les neuf premiers mois de son exercice décalé, Odigeo avait enregistré 7,3 millions de réservations, une marge de 311,9 millions d’euros (+16% sur un an) et un bénéfice opérationnel récurrent de 88,9 millions (+11%), pour un volume d’affaires de 3,26 milliards (+5%).
A plus d’un milliard d’euros, le groupe “est bien valorisé, mais ce n’est pas surprenant car il y a une prime au leader”, commente Thibaut de Smedt, directeur associé de la banque d’affaires Bryan, Garnier & Co.
“Odigeo a fait un beau travail d’intégration de ses différentes marques et c’est une référence sur le marché européen”, ajoute-t-il, estimant que le secteur du voyage en ligne “va bouger et refaire parler de lui”: “il va y avoir de la consolidation car c’est un marché qui a été compliqué ces dernières années, et il y a pas mal de petits acteurs qui vont avoir du mal à survivre seuls”.
Car dans une activité où les coûts marketing sont élevés et les marges réduites, surtout dans les vols secs, la grande spécialité d’eDreams Odigeo, “très peu d’acteurs gagnent de l’argent”, note-t-il.
Pour tirer son épingle du jeu, le concurrent Rumbo Bravofly entrera lui aussi en Bourse, le 16 avril à Zurich, avec une valorisation d’environ 600 millions d’euros.