ève générale de 24 heures le 9 avril 2014, à Athènes (Photo : Aris Messinis) |
[09/04/2014 14:43:09] Athènes (AFP) Epicentre de la crise dans la zone euro, la Grèce, après quatre ans d’absence, a annoncé mercredi son retour sur les marchés d’emprunt à moyen et long termes via une émission d’obligations sur cinq ans qui coïncide avec une grève générale de 24 heures dans le privé et le public.
Le ministère des Finances n’a pas précisé le montant de l’opération, mais pour l’agence de presse semi-officielle ANA, il s’agit d’un placement de 2,5 milliards d’euros dont le terme est prévu pour jeudi.
“La République grecque annonce aujourd’hui avoir ordonné aux banques internationales l’émission imminente d’une obligation sur cinq ans en euros régie par le droit britannique”, a indiqué le ministère dans l’après-midi.
Selon plusieurs sites internet financiers, le gouvernement a commencé mercredi à rassembler des offres indicatives sur les marchés, avant l’ouverture officielle du livre d’offres jeudi par l’Organisme de gestion de la dette publique (PDMA).
Cette annonce met fin aux nombreuses conjectures des derniers jours quant au retour sur les marchés obligataires de la Grèce, première victime de la crise de la dette dans la zone euro, fin 2009.
Faute de pouvoir se financer auprès des investisseurs privés pendant quatre ans, la Grèce a eu recours au mécanisme de sauvetage UE et FMI à hauteur de 240 milliards d’euros de prêts, ce qui lui a permis d’éviter une faillite qui aurait menacé l’existence même de l’euro.
Alors que la dernière émission d’obligations à cinq ans date de février 2010 avec un taux d’intérêt à 6,1%, les experts estiment que la Grèce pourrait cette fois se financer à moins de 6%.
Ce taux reste bien plus élevé que la moyenne de la zone euro et que celui appliqué aux prêts de l’UE et du FMI, mais pour le gouvernement grec, l’enjeu de ce retour sur les marchés est politique.
Le gouvernement a décidé d’y procéder au vu de l’amélioration des finances publiques et d’une certaine stabilisation politique. Même si la dette, qui représente 175% du PIB, reste à un niveau explosif et si le potentiel de croissance économique -prévue à 0,6% pour 2014- reste limité.
Devant l’inflation de rumeurs ces derniers jours, le ministre des Finances Yannis Stournaras avait essayé de calmer le jeu, soulignant lundi que “rien ne pressait” la Grèce dans la mesure notamment où “elle n’a pas besoin d’argent” dans l’immédiat.
– “un conte de fées” –
ènes, le 9 avril 2014 jour de grève générale (Photo : Louisa Gouliamaki) |
Cette annonce intervient à un moment où la Grèce, minée par des politiques d’austérité draconienne imposées par ses créanciers, est en pleine grève générale de 24 heures, et à deux jours d’une visite de la chancelière allemande Angela Merkel à Athènes.
Près de 20.000 personnes au total, selon la police, ont participé aux manifestations à Athènes et Salonique à l’appel des deux principales centrales syndicales du privé GSEE et du public Adedy.
“Tout ce qu’ils disent sur le retour sur les marchés n’a rien à voir avec nous, les travailleurs”, a dénoncé Nikos Toutouzakis, un enseignant du secondaire, dans le rassemblement de 11.000 personnes à Athènes
Pour Dimitris P., chauffeur de bus, “le retour aux marchés est un conte de fées, on n’y croit pas”.
“Il faut que tout le monde réagisse à ces politiques qui détruisent le peuple, les travailleurs, les retraités et la jeunesse, il y a un million et demi de chômeurs”, rappelait ainsi Vasso Papadopoulou, une retraitée sexagénaire.
Le taux de chômage en Grèce, 27,5% , est le plus élevé de la zone euro.
“Non aux licenciements, non aux mesures d’austérité”, proclamait la banderole des syndicats en tête de la manifestation dans la capitale.
La Grèce s’est engagée auprès de ses créanciers à procéder au licenciement de 11.500 fonctionnaires d’ici à fin 2014, après 3.500 licenciements effectués en 2013.
Ces dernières années, environ 20.000 agents ont été mis en chômage partiel, l’objectif étant d’arriver à 25.000 d’ici à fin 2014.
La grève a surtout affecté les transports maritimes, ferroviaires ainsi que les hôpitaux.
La plupart des pharmacies étaient également en grève en raison d’un récent accord signé entre le gouvernement et les créanciers du pays sur la dérégulation du secteur.