é Nationale, le 9 avril 2014 (Photo : Patrick Kovarik) |
[09/04/2014 15:54:08] Paris (AFP) Sur les 50 milliards d’économies annoncés, le Premier ministre a précisé mercredi qu’au total plus de 20 incomberont à la Sécurité sociale, de nouveaux efforts en vue à la fois sur les dépenses maladie et le système de prestations sociales.
A elle seule, l’assurance maladie, branche la plus déficitaire de la Sécu (6,1 milliards en 2014), devra supporter 10 des 50 milliards d’économies promis d’ici 2017 pour financer le Pacte de responsabilité.
Or, les efforts engagés par l’assurance maladie sont déjà très lourds. Pour 2014, 2,9 milliards d’économies sont ainsi escomptés, avec un nouveau tour de vis sur les médicaments. Les dépenses de santé ne devront pas progresser de plus de 2,4%.
Réduire cet objectif de progression des dépenses à moins de 2% permettrait de dégager près d’un milliard par an. “C’est sans doute très difficile, mais pas impossible à terme “, analyse Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé de Sciences Po qui cite comme autres mesures possibles la réorganisation du panier de soins pris en charge par la Sécu, le développement des génériques ou encore la lutte contre le gaspillage.
Selon M. Tabuteau, “si on abaisse mécaniquement le taux de dépenses, le système va exploser. Si on veut gagner des milliards, il faut restructurer le système pour que ce qui se faisait à l’hôpital se fasse en ville” et cela suppose “de vraies réformes de structure”. “C’est un défi redoutable” mais “c’est fondamental”, dit-il.
Du côté des professionnels de santé, l’objectif des “10 milliards d’euros est jugé “réalisable”. “Il faut investir davantage dans les soins de ville, soigner en ville avant d’aller à l’hôpital”, plaide Claude Leicher président du premier syndicat de médecins généralistes, MG France.
“Vu les niveaux auxquels Valls veut arriver, on ne peut plus uniquement impliquer la médecine de ville et jouer sur les génériques. Il faut impliquer l’hôpital (…)”, renchérit Jean-Paul Ortiz, président du 1er syndicat de médecins libéraux (CSMF). Selon lui, l’impact d’une réforme serait “très rapide et très lourd”.
La fédération hospitalière de France se dit également prête “à accompagner les pouvoirs publics dans leur volonté de réforme”. Se sachant dans le collimateur, la FHF va dévoiler jeudi un plan de 5 milliards d’économies.
Ces orientations devraient être au coeur de la stratégie nationale de santé que la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine doit présenter à l’été.
– “Pas question de ‘toucher à la solidarité” –
Si les efforts de l’assurance maladie semblent identifiés, où trouver les 11 milliards dans “d’autres dépenses de Sécurité sociale” évoqués mercredi matin par M. Valls?
La tache s’annonce ardue, d’autant plus que les baisses de cotisations prévues dans le cadre du pacte de responsabilité et de solidarité sont synonymes de recettes en moins. Sur ce point, Marisol Touraine s’est voulue rassurante mercredi en précisant que “la totalité” de ces baisses “seront intégralement compensées pour la Sécurité sociale”.
Selon M. Valls, “on peut trouver des pistes sur la gestion des caisses de Sécurité sociale”. La veille, il avait déclaré qu’un partie des économies viendrait “d?une plus grande justice, d?une mise en cohérence et d?une meilleure lisibilité de notre système de prestations”.
Concernant les prestations, les marges de man?uvre semblent limitées pour le gouvernement, qui a annoncé il y a quelques mois un plan pauvreté, a déjà réformé les retraites et la politique familiale (baisse du plafond du quotient familial notamment).
D’où l’inquiétude des associations du collectif Alerte face “aux économies annoncées, en particulier sur les dotations aux collectivités territoriales qui font de l?action sociale”. Le collectif demande “que le Plan de lutte contre la pauvreté soit financièrement sanctuarisé”, notamment l’engagement d’augmenter le RSA socle de 10% d’ici 2017.
“Hors de question de toucher aux politiques de solidarité”, a prévenu le numéro un de la CFDT Laurent Berger.
“S’agit-il d’un effet d’annonce? Dans les 11 milliards, faut-il compter les 7 milliards d’économies prévus d’ici 2020 par la dernière réforme des retraites?”, s’interrogeait pour sa part Philippe Pihet de Force ouvrière.