Hanovre le 7 avril 2014 (Photo : Johannes Eisele) |
[09/04/2014 16:37:10] Hanovre (Allemagne) (AFP) L’aspect le plus méconnu de la transition énergétique en Allemagne est celui qui marche le mieux à l’export : économies d’énergie et utilisation efficace des ressources, devenues une marque de fabrique de l’industrie de ce pays, lui assurent de gros débouchés à l’étranger.
La transition énergétique, “si nous la réussissons, sera, j’en suis persuadée, un autre carton allemand à l’export”, martelait il y a peu Angela Merkel. L’Allemagne n’a pas fait beaucoup d’émules dans son choix radical des renouvelables et son renoncement au nucléaire. Mais pour ses entreprises, la prophétie de la chancelière se réalise déjà.
Dans les allées de la Foire industrielle de Hanovre, grand-messe de l’industrie mondiale qui se tient jusqu’à vendredi, le sujet est omniprésent: quelles machines, quels procédés industriels permettent de consommer moins d’énergie? Et souvent les acteurs qui apportent les réponses sont allemands. Ce sont les Bosch et les Siemens, mais aussi une kyrielle de PME très spécialisées.
Martin Lack explique ainsi avec force détails comment sa société, le groupe familial Lütze, a mis au point un système de câblage qui permet de faire circuler plus efficacement l’air dans une armoire électrique, et d’y faire baisser la température pour éviter les déperditions d’énergie. A l’origine de la trouvaille, une étude réalisée par Lütze, Volkswagen et un autre groupe allemand, Rittal, sur les moyens de faire baisser de 15% la consommation d’énergie d’une telle armoire.
– le plus gros potentiel –
“C’est dans les techniques d’économies d’énergie qu’il y a le plus gros potentiel” pour les entreprises allemandes, explique à l’AFP Carola Kantz. Elle est chargée des thématiques d’énergie à la fédération VDMA des fabricants de machines-outils, un des secteurs de l’économie allemande qui vendent le plus à l’étranger.
L’Allemagne a pris à la fin des années 90 le virage des renouvelables puis redéfini en 2011, après Fukushima, de nouveaux objectifs encore plus ambitieux de politique énergétique. Parmi eux une baisse de 50% de la consommation d’énergie primaire d’ici à 2050, au moyen d’économies d’énergie, surtout dans l’habitat et dans l’industrie.
Moins médiatisé que le développement des renouvelables, parce que moins visible et plus éparpillé, cet aspect est “le plus méconnu de la transition énergétique, et c’est pourtant celui qui marche le mieux”, assène Stefan Kohler, président de l’Agence allemande pour l’énergie (Dena). “Le succès de l’économie allemande tient pour beaucoup au fait que ses produits permettent de réaliser des économies d’énergie”, explique-t-il.
Dans les renouvelables, que l’Allemagne a commencé à subventionner il y a 15 ans, “nous avons donné une impulsion” que d’autres ont suivie, dit-il. Mais maintenant, éoliennes et surtout panneaux solaires sont fabriqués moins cher ailleurs.
– automatiquement de bonne qualité –
En revanche la thématique de l’efficacité énergétique reste étroitement associée à l’Allemagne. Le gouvernement soutient ce secteur avec un programme spécifique et un site internet, “efficiency-from-germany”.
“En Allemagne il y avait ce savoir-faire, cette tradition de technologies liées à la protection de l’environnement”, explique Rafael Piechota sur le stand de Paul Wurth Umwelttechnik. Paul Wurth, sidérurgiste basé au Luxembourg, a installé en Allemagne cette filiale de technologies “vertes”, qui fournit aux aciéries des systèmes clé en main d’optimisation de l’efficacité énergétique. Le procédé, qui s’exporte dans 72 pays, repose sur l’utilisation des émissions de vapeur des usines pour produire à nouveau de l’énergie, explique M. Piechota.
Un peu plus loin Michael Punz fait l’article pour les lampes LED de sa société i-Save. Elles consomment “au moins 40% de moins” qu’un éclairage normal, et même “jusqu’à 80%”. Elles éclairent les halls d’exposition de la Foire de Hanovre mais aussi certains espaces de l’aéroport de Sydney.
“Pour les clients, le fait qu’un produit est allemand veut dire qu’il est automatiquement de bonne qualité”, dit son directeur des ventes, lui-même sud-africain.