à Prague (Photo : Michal Cizek) |
[10/04/2014 06:56:07] Washington (AFP) Les grands argentiers du globe se retrouvent jeudi à Washington dans un climat obscurci par les risques déflationnistes en Europe, les tensions géopolitiques en Ukraine et les craintes d’une croissance “molle”.
L’agenda est toutefois moins sombre que prévu pour les ministres des Finances des pays émergents et développés du G20, qui se réunissent dans la capitale américaine jeudi soir et vendredi, en marge des réunions du printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.
Alimentées par le retour progressif à la normale monétaire aux Etats-Unis, les fuites de capitaux qui ont frappé certains pays émergents (Brésil, Turquie, Inde…) semblent s’être apaisées.
Selon une source européenne, les discussions aborderont “la normalisation de la politique monétaire et ses effets” mais les craintes de turbulences majeures sur les marchés financiers semblent pour l’heure s’éloigner.
Autre sujet d’inquiétude récurrent, la Grèce s’apprête, elle, à renouer avec la croissance et va tenter, jeudi, de lever de l’argent frais sur les marchés pour la première fois depuis quatre ans, à l’heure où la zone euro se remet doucement sur pied.
“Pour le dire simplement, la reprise se renforce”, a résumé le chef économiste du FMI Olivier Blanchard.
– Nouveaux casse-tête –
éricaine (Fed) à Washington (Photo : Karen Bleier) |
Mais d’autres casse-tête ont émergé. Une escalade de la crise ukrainienne n’est pas exclue et son impact économique est redoutée, à la Banque centrale américaine (Fed), qui craint des retombées “négatives”, comme au FMI qui a abaissé ses prévisions de croissance en invoquant “la montée des tensions géopolitiques”.
Lors d’une réunion jeudi après-midi à Washington, les ministres des Finances des pays industrialisés du G7 vont se pencher sur la question, qui devrait figurer en bonne place dans le communiqué du G20 attendu vendredi.
Le faible niveau d’inflation en Europe devrait également être au coeur des discussions. Si la tendance s’aggrave jusqu’à se muer en déflation (baisse prolongée des prix à la consommation), elle pourrait freiner l’activité et renchérir le poids de la dette sur des finances publiques encore fragiles.
éro deux du FMI, le 22 mai 2013 à Londres (Photo : Carl Court) |
Le diagnostic ne fait toutefois pas consensus. Mercredi, le secrétaire américain au Trésor Jack Lew a appelé les Européens à porter une “grande attention” au risque de déflation, faisant écho au numéro deux du FMI David Lipton qui a jugé ce combat “crucial”.
Mais de l’autre côté de l’Atlantique, la perception est tout autre. “Nous devons parler de façon constructive avec le FMI pour lui expliquer pourquoi nous ne voyons pas de tendance déflationniste ou ne craignons pas une déflation”, assure la source européenne.
Malgré les appels pressants du Fonds, la Banque centrale européenne se refuse pour le moment à prendre des mesures spécifiques, expliquant que l’inflation était faible “partout” dans les pays industrialisés et pas seulement en zone euro.
Le risque d’une déflation généralisée est “faible”, a estimé mercredi le numéro deux de la Commission européenne Siim Kallas.
Les pays du G20 devront également tenter d’ébaucher des pistes pour faire avancer l’objectif qu’ils se sont fixé lors de leur réunion à Sydney fin février: doper la croissance de deux points de pourcentage supplémentaires d’ici 2018.
“Peu de choses ont changé depuis Sydney”, assure une source américaine, expliquant que les objectifs n’avaient pas varié.
La tâche s’annonce ardue. Le FMI prévoit une activité “molle” en Europe et craint que le potentiel de croissance de certains pays émergents n’aient “diminué” en raison de faiblesses structurelles.
Certains pays, dont la France, se sont par ailleurs engagés à réduire encore leurs dépenses publiques, au risque de freiner l’activité, même si Paris clame que la croissance doit primer sur la discipline budgétaire.
Et les inégalités? En vogue au forum de Davos et dans les récents rapports du FMI, le thème semble avoir un peu disparu de l’agenda mondial, au grand dam de la société civile.
“Les inégalités extrêmes se sont aggravées”, a pourtant affirmé l’organisation de lutte contre la pauvreté Oxfam, assurant que les 67 personnes les plus fortunées possédaient désormais autant de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale
Selon l’ONG, il est temps pour le FMI et la Banque mondiale de passer de la “rhétorique” aux actes.