ès, Jean-Bernard Lévy, à Gennevilliers le 10 avril 2014 (Photo : Fred Dufour) |
[10/04/2014 17:05:55] TOULOUSE (AFP) Le groupe d’électronique et de défense Thales a détaillé jeudi une stratégie qui le réoriente vers les marchés civils, en évitant de chiffrer des objectifs de croissance.
Les ventes du groupe n’ont pas progressé pendant cinq ans, “nous devons changer ça le plus vite possible mais il est difficile de dire quand nous y parviendrons”, a déclaré le PDG du groupe Jean-Bernard Lévy devant les investisseurs réunis à Toulouse.
Le patron, qui est allé accueillir le Premier ministre Manuel Valls qui visitait jeudi un site de Thales, qu’il a qualifié d’un “des fleurons industriels” de la France, s’est gardé de donner une perspective sur la croissance du chiffre d’affaires, qui avait atteint 14,2 milliards d’euros en 2013.
Pour parvenir à compenser la baisse des marchés de la défense occidentaux, Thales mise sur les marchés civils en croissance comme l’aviation civile et les transports terrestres et sur les marchés émergents, où il a réussi à augmenter spectaculairement ses commandes en 2013.
M. Lévy a prévu que la part de la défense dans les commandes déclinerait de 52% actuellement à 44-48% d’ici 2017-2018, et la part des pays émergents passerait de 31% aujourd’hui à 37-40% dans le même délai. Cette nouvelle répartition des commandes devrait se refléter sur le chiffre d’affaires deux ans plus tard, a-t-il ajouté.
Arrivé à la tête du groupe en décembre 2012, M. Lévy a décidé d’abandonner le modèle “d’exportateur pur” pour s’implanter dans les marchés émergents et satisfaire leurs besoins spécifiques. Il fallait d’abord rétablir la confiance: “Thales avait la réputation d’être réticent à transférer la technologie, à partager la production et les services”, a-t-il reconnu.
– Vaste réorganisation –
Le groupe a adopté des plans pour dix grands pays: le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, la Turquie, l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Qatar, la Malaisie et Singapour.
à Gennevilliers le 10 avril 2014 (Photo : Fred Dufour) |
Le groupe a simultanément entrepris un vaste effort de réorganisation pour améliorer ses résultats opérationnels et il a présenté jeudi pour la première fois une perspective précise de 9,5 à 10% de marge d’ici 2017/2018, contre 8% en 2012. M. Lévy parlait jusque là de se rapprocher des 10%.
Cette prévision est “à toute épreuve”, selon le directeur financier Pascal Bouchiat. Si d’aventure le marché ne portait pas la croissance, Thales réduirait ses coûts, a-t-il assuré.
Pour “débloquer le potentiel de croissance”, le PDG prévoit des acquisitions ciblées, qui renforcent les activités existantes du groupe, et améliorent sa position mondiale sur les marchés civils. Mais les acquisitions ne vont pas changer massivement l’avenir de Thales qui “repose sur la croissance organique”, a-t-il souligné.
L’acquisition annoncée en mars de la société américaine LiveTV, pionnier de la diffusion de la télévision à bord des avions, est une illustration parlante de cette stratégie. Elle permet à Thales, déjà numéro deux mondial du multimédia de bord, d’offrir des divertissements sur le marché encore sous-exploité des moyen-courriers, dont les vols sont souvent trop courts pour visionner des films entiers.
Connu pour son avionique qui équipe notamment l’avion de combat Rafale et l’avion de transport militaire A400M et les avions d’Airbus, Thales est aussi le numéro 1 mondial des systèmes de contrôle aérien, des sonars ou de la sécurisation des transactions bancaires.
La Bourse a mal réagi à ces prévisions et l’action Thales a fini la séance sur une baisse de 2,92% à 47,86 euros. Cette baisse est essentiellement due à “une question de marge”, certains investisseurs jugeant cet objectif décevant, a expliqué Pierre Boucheny, analyste chez le courtier Kepler Cheuvreux.