Pierre Gattaz demandera à Manuel Valls une accélération du pacte de responsabilité

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ésident du Medef Pierre Gattaz, à toulouse le 10 avril 2014 (Photo : Pascal Pavani)

[10/04/2014 17:31:34] Toulouse (AFP) Le président du Medef Pierre Gattaz demandera vendredi au Premier ministre Manuel Valls d’accélérer l’application du pacte de responsabilité annoncé fin 2013, devant la situation “catastrophique” des entreprises, en prenant notamment “avant juin” par ordonnance des mesures de simplification.

“Il y a une grande urgence à transformer ce pacte en faits concrets”, a déclaré M. Gattaz à l’occasion d’un déplacement dans la région de Toulouse, tout en soulignant qu’il dirait au Premier ministre que “le plaidoyer sur les entreprises” dans sa déclaration de politique générale mardi avait “rassuré les chefs d’entreprises”.

“On va jouer le jeu parce qu’on ne peut pas attendre que tout se concrétise d’ici le mois de juin” mais, a une nouvelle fois déclaré le patron des patrons: “le Medef peut sortir n’importe quand de ce pacte”, par exemple “si en juin il n’y a pas d’ordonnances, pas de simplifications”.

“Ce qu’on demande c’est l’urgence: la situation reste catastrophique”, a-t-il insisté lors d’une conférence de presse.

Parmi “les mesures à faire passer sous forme d’ordonnances le plus rapidement possible”, M. Gattaz suggère des simplifications dans la fiscalité, la règlementation, la relation avec l’administration” des “mesures de confiance” telles que “la non rétroactivité fiscale”.

Le Premier ministre a annoncé mardi dans sa déclaration de politique générale qu’il rencontrerait vendredi les partenaires sociaux.

Le pacte de responsabilité, annoncé le 31 décembre dans ses voeux par le président François Hollande et détaillé par la suite, prévoit un allègement du coût du travail des entreprises de 30 milliards d’euros d’ici 2016 dans le but d’améliorer la compétitivité des entreprises et de favoriser l’emploi.

M. Gattaz dira également à M. Valls son “regret” de voir que les baisses de cotisations patronales n’aient pas été portées au-delà des salaires de 3,5 Smic. C’est-à-dire sur les emplois d’ingénieurs hautement qualifiés, en concurrence avec les pays les plus industrialisés.

– “Une France de compétences et d’expertise” –

“Pour la France de demain, il faut des qualifications hautes, la France de demain c’est une France de compétences et d’expertise”, a-t-il déclaré.

Le patronat, notamment dans l’industrie, craint de voir la France se spécialiser à terme dans le moyen et bas de gamme, où la concurrence de pays à bas salaires est féroce, plutôt que de regagner du terrain dans les industries de pointe en concurrence avec celles de pays comme l’Allemagne ou le Japon.

Le président de la plus grande organisation patronale de France a indiqué qu’il appellerait également à une accélération du calendrier de mesures fiscales pour les entreprises. Il a insisté à nouveau sur le fait que, selon lui, la différence de prélèvements obligatoires (cotisations sociales et impôts) entre entreprises françaises et allemandes était de 116 milliards d’euros au détriment des françaises.

Il a dit espérer que ce Pacte de responsabilité serait “une première étape” pour parvenir “à égalité avec l’Allemagne”.

M. Gattaz parlera également devant M. Valls de la question du compte de pénibilité, qu’il considère comme “la bombe à retardement la plus forte au sein des chefs d’entreprises”. “C’est inapplicable”, a-t-il lancé, c’est “une usine à gaz inextricable”.

Au pied de la médiathèque de Toulouse où il se trouvait, une centaine d’intermittents ont bruyamment manifesté contre un nouveau calcul des indemnités pour leur assurance chômage, le tout sous les yeux de nombreux CRS en tenue anti-émeute. En début d’après-midi, le face à face s’était quelque peu tendu avec l’arrestation d’un manifestant, militant du DAL (Droit au Logement), qui venait selon des sources concordantes d’asperger un passant en costume-cravate avec un liquide contenant de l’ail. La tension est vite retombée, a constaté un journaliste de l’AFP. En début de soirée le militant était toujours en garde à vue pour outrage et rébellion.

Lors de ce rassemblement à l’appel de la Coordination des intermittents et des précaires de Midi-Pyrénées, les manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: “Justice sociale, chiche?”, “Jour de carence pour le CAC 40” et ont scandé “Ca sent le Gattaz”.

M. Gattaz avait visité en début d’après-midi dans la région de Toulouse l’usine d’assemblage final du gros porteur d’Airbus A380 où travaillent 1.500 personnes.