à Washington (Photo : Stephen Jaffe) |
[11/04/2014 04:50:13] Washington (AFP) La crise en Ukraine devrait se retrouver vendredi au coeur des discussions entre pays développés et émergents du G20 qui sont rassemblés à Washington pour prendre le pouls d’une économie mondiale encore convalescente.
Attendu vers 17H30 GMT, le nouvel état des lieux dressé par les ministres des Finances du G20 pourra difficilement faire l’impasse sur les troubles qui agitent l’ancienne république soviétique et font craindre une contagion économique.
A l’issue d’une réunion jeudi soir, les pays industrialisés du G7 ont déjà évoqué les “besoins de financement” de l’Ukraine, et la crise dans le pays a dominé l’assemblée générale FMI-Banque mondiale qui se tient cette semaine à Washington.
La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a ainsi mis en garde jeudi contre les “risques géopolitiques croissants” qui pourraient gripper la reprise.
Le président la Banque mondiale Jim Yong Kim a lui évoqué “un problème grave” qui pourrait, en cas d’escalade, plonger la Russie dans une récession de 1,8% dès cette année.
Le communiqué final du G20 devrait toutefois être âprement débattu avant qu’un compromis soit trouvé entre les différents ministres des Finances, dont l’Américain Jacob Lew et son homologue russe Anton Siluanov.
A l’issue d’une rencontre jeudi entre les deux dirigeants, le ministre américain a prévenu que les Etats-Unis étaient prêts à “prendre de nouvelles sanctions” contre Moscou si le pays ne renonçait pas à l’escalade, a indiqué un porte-parole du Trésor.
– Pas de remèdes miracle –
à Washington (Photo : Mandel Ngan) |
Sans surprise, le G20 Finances devrait également à nouveau plaider pour davantage de croissance sur le globe, deux mois à peine après s’être fixé l’objectif de doper l’activité mondiale de deux points de pourcentage supplémentaires d’ici 2018.
A défaut de remèdes miracle, les grands argentiers du globe ont surtout insisté cette semaine sur les écueils à éviter afin de ne pas freiner la croissance.
Dans une déclaration publiée jeudi, le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a appelé à s’assurer que les stratégies de réduction des déficits soient “propices à la croissance”.
La directrice du FMI a elle de nouveau mis en garde contre le faible niveau d’inflation, insistant sur la nécessité de passer à l’action en zone euro au risque de froisser encore la BCE.
Attachée à son objectif d’une réduction de l’extrême pauvreté d’ici à 2030, la Banque mondiale a toutefois fait entendre une musique légèrement différente, estimant que la croissance avait “ses limites”.
“Les pays doivent compléter leurs efforts pour améliorer la croissance avec des mesures allouant plus de ressources pour les très pauvres”, a souligné l’institution.
Les pays émergents ont, de leur côté, exhorté les Européens et les Américains à agir prudemment sur le volet monétaire afin de ne pas déstabiliser leur économie.
“Nous restons très préoccupés par l’impact négatif des perturbations des flux de capitaux et de la volatilité des taux de change qui résultent des changements potentiellement abrupts de politique monétaire dans certaines grandes économies avancées”, a déclaré le G24, qui rassemble pays en développement et pays émergents.
En janvier dernier et au printemps 2013, la perspective d’un durcissement de la politique monétaire américaine avait poussé les investisseurs à fuir en masse les pays émergents, faisant plonger certaines devises.
Dans son communiqué final, le G20 Finances devrait sans doute de nouveau appeler les banques centrales à coordonner leur action afin d’éviter les turbulences.
Un autre thème devrait s’ajouter à leur état des lieux: le blocage de la réforme du FMI par le veto de fait des Etats-Unis.
L’entrée en vigueur de cette réforme, qui doublerait les ressources du FMI et donne plus de voix aux pays émergents, est suspendue à une ratification parlementaire américaine, qui bute elle-même sur l’opposition des républicains.
“Pour certaines raisons, nous avons été un peu les victimes collatérales des sempiternelles différences que nous voyons en ce moment” entre l’administration Obama et l’opposition républicaine, a déclaré Mme Lagarde.
S’exprimant au nom d’un groupe de pays sud-américains, le président de la Banque centrale du Chili Rodrigo Vergara a, de son côté, dit partager cette “frustration” et jugé cette réforme “cruciale” pour maintenir la légitimité du Fonds.