La France innove mais butte sur la création de produits en entreprise

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Un microscope dans un laboratoire (Photo : Eric Piermont)

[11/04/2014 10:23:02] Paris (AFP) La France dépose tous les ans des dizaines de milliers de brevets, mais elle a du mal à transformer ces avancées en produits, butant sur la “vallée de la mort” entre laboratoire et entreprise.

La France est le sixième déposant mondial de brevets internationaux (système PCT), et le deuxième déposant auprès de l’Office européen des brevets.

Mais elle tombe à la 20e place dans l’indice élaboré par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), qui prend en compte le degré de transformation des découvertes en application industrielle.

“L’innovation est une chaîne dans laquelle il faut qu’aucun des maillons ne manque”, a relevé jeudi Bernard Bigot, administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), à l’occasion de la journée “De la recherche à l’industrie avec le CEA”.

Pour M. Bigot, c’est le financement de la dernière étape, le transfert technologique, qui pèche et fait perdre à la France des “joyaux technologiques”, comme le spécialiste de l’impression 3D Phénix Systems, rachetée par un concurrent américain fin 2013.

L’expression “vallée de la mort” désigne les étapes intermédiaires entre l’idée et le produit fini, ainsi que le passage de la recherche publique à l’entreprise.

“Il y a encore trop de cloisonnements, et une culture d’entreprise pas assez développée”, a dit à l’AFP Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, qui a ouvert la journée.

Mme Fioraso a estimé que le “goût du risque” devait être stimulé par “une autre façon de se former”, prenant pour exemple le Plan étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (PEPITE), qui va débuter à la rentrée 2014.

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érence en janvier 2014 à Paris (Photo : Bertrand Guay)

Le CEA est le troisième déposant de brevets français selon les chiffres de l’INPI publiés vendredi, avec 625 dépôts en 2013 (+10,4%) sur un total de 16 866 brevets, derrière PSA Peugeot (1.378) et Safran (645).

L’établissement public accompagne les industriels dans les énergies bas carbone, les technologies de l’information et de la santé, la défense et la sécurité globale, et a aidé à la création de 170 start-up depuis 1972. Depuis l’année dernière, le CEA a lancé quatre plateformes d’innovation régionales , qui visent à favoriser le transfert de technologie.

– Ecosystème hostile –

Lors de la journée organisée dans le cadre de la Semaine de l’industrie, des start-ups ayant travaillé avec le CEA ont présenté leurs innovations, allant de l’imagerie médicale au système de décontamination biologique, en passant par le diagnostic d’équipements filaires et l’assistance pharmaceutique.

“Le financement des entreprises innovantes est le maillon faible en France en ce moment”, confirme Luc Ardellier, fondateur de l’entreprise Oreka sud, qui développe des logiciels pour le démantèlement nucléaire.

Il s’est lancé avec une mise de départ personnelle de 50.000 euros, et a mis environ deux ans pour réunir 1,5 million d’euros auprès de quatre investisseurs et de la Banque publique d’investissement (BPI).

“L’ensemble de l’écosystème est hostile”, estime pour sa part Bruno Vallayer, qui a présenté un collecteur de particules d’air. Le directeur commercial et marketing de Bertin Technologies se félicite de la mise en place du Crédit impôt recherche (CIR), une mesure qui a “énormément joué” pour son entreprise.

Pour Carine La, jeune co-fondatrice de la start-up Anova-plus, la distance entre développement scientifique et application industrielle s’explique aussi par un manque de dialogue, pour réussir à intégrer des technologies différentes dans le même produit.

“L’enjeu est d’agréger toutes ces données et de les rassembler dans un projet. Il faut donc savoir aller vers ceux qui ont les compétences qui nous manquent”. Sa société, âgée d’à peine deux ans, a produit un test rapide, utilisable par les conchyliculteurs, pour détecter des maladies dans les fruits de mer.