Bataille des oursons : Haribo débouté en appel de sa plainte contre Lindt

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ourson (Photo : Rolf Vennenbernd)

[11/04/2014 14:37:03] Francfort (AFP) Dans la bataille judiciaire qui oppose depuis deux ans le fabricant de bonbons allemand Haribo et le chocolatier suisse Lindt & Sprünglin autour de leurs oursons respectifs, le Suisse a remporté la deuxième manche vendredi en appel.

Un tribunal de Cologne (nord-ouest) a rejeté la plainte de Haribo qui considère que les oursons en chocolat vendus à l’occasion des fêtes de Noël par Lindt copient ses célèbres bonbons gélifiés également en forme d’ourson.

L’ours Lindt, commercialisé sous le nom de “Lindt Teddy”, emballé dans du papier doré et décoré d’un ruban rouge, avait été introduit en octobre 2012 dans les rayons allemands. Haribo avait aussitôt porté plainte, estimant que la nouvelle création de Lindt était “l’incarnation” de son “ours d’or” ou “Goldbär” en allemand, qui est une marque déposée en Allemagne.

Lindt argumente pour sa part que son ours est inspiré de son “lapin d’or”, qu’il vend depuis des années au moment des fêtes de Pâques, et qu’il a sciemment choisi de ne pas le baptiser “ours d’or” mais “Lindt Teddy” pour éviter toute confusion.

Un raisonnement qu’a suivi le tribunal de Cologne. “Le tribunal ne voit pas de ressemblance suffisante entre les marques +ours d’or+ et +Lindt Teddy+”, a expliqué vendredi une porte-parole à l’AFP. En outre, pour les juges, s’il faut rapprocher l’ourson de Lindt d’un autre produit ce serait en effet du lapin du groupe suisse.

– A la Cour constitutionnelle –

En première instance, le tribunal avait au contraire estimé que les consommateurs risquaient très probablement de confondre les deux marques, donnant donc raison au confiseur allemand.

Ce dernier et Lindt ont décidé de porter l’affaire devant la Cour constitutionnelle allemande, plus haute juridiction du pays, pour trancher de manière définitive le différend.

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à Bonn en Allemagne, le 24 janvier 2013 (Photo : Patrik Stollarz)

Pour Haribo, l’enjeu est de taille puisqu’il estime que la protection de sa “marque” phare est menacée.

En effet, si en France le groupe est davantage connu pour ses fraises Tagada, créées dans sa confiserie marseillaise en 1969, en Allemagne comme dans le monde anglo-saxon, c’est l’ours gélifié haut de deux centimètres qui symbolise l’entreprise créée en 1920 à Bonn (ouest).

L'”ours d’or”, dont il produit aujourd’hui 100 millions d’unités chaque jour, a été commercialisé pour la première fois sous sa forme actuelle en 1967. Auparavant, un premier bonbon à la forme d’ours avait déjà été créé dès 1922.

Lindt sait aussi se montrer procédurier quand il s’agit de défendre les intérêts de ses produits. En 2012, il avait tenté de faire valider son “lapin d’or” comme marque déposée devant la Cour européenne de justice, après qu’un concurrent autrichien avait lancé la commercialisation d’un lapin également enveloppé d’une feuille dorée. Mais la justice européenne avait rejeté cette requête, jugeant que le lapin du chocolatier suisse ne présentait pas suffisamment de signes distinctifs pour être considéré comme unique dans toute l’Europe.

La décision de la Cour constitutionnelle allemande n’est pas attendue avant fin 2015. D’ici là, les oursons de Lindt pourront continuer d’être vendus sous leur forme actuelle dans les rayons des supermarchés allemands, à côté des “Goldbären” de Haribo.