SNCM : passé les municipales, Transdev cherche à reprendre la main

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à Issy-les-Moulineaux, le 9 avril 2014 (Photo : Bertrand Guay)

[11/04/2014 17:01:41] Marseille (AFP) L’actionnaire principal de la SNCM, Transdev, qui avait fait profil bas durant la période des municipales, montre sa volonté de reprendre la main sur la compagnie maritime en difficulté en tentant d’évincer la direction actuelle, à laquelle il s’oppose depuis de nombreux mois.

La lettre de son PDG, Jean-Marc Janaillac, est partie le 1er avril, deux jours seulement après le deuxième tour des élections. Dans ce courrier révélé vendredi par Le Marin, journal d’information maritime, il demande à la direction de la compagnie la convocation d’une assemblée générale extraordinaire pour révoquer son président du conseil de surveillance Gérard Couturier.

Ce même jour, l’intersyndicale avait mis fin à une grève reconductible, lancée face aux “menaces graves et imminentes” pesant sur l’opérateur historique des lignes Corse-continent. Au coeur de la période électorale, le groupe Transdev avait finalement garanti à l’Etat qu’il n’enclencherait pas de procédure collective devant le tribunal de commerce, garantie jugée suffisante par les syndicats.

Mais en parallèle, le groupe de transport a donc entamé le processus pour démettre Gérard Couturier, représentant de Transdev, mais “allié objectif” du président du directoire Marc Dufour, selon un syndicaliste.

Transdev (66% du capital de la SNCM, 7 sièges) vise, ainsi, à retrouver la majorité au conseil de surveillance, où il peut aujourd’hui être mis en minorité par les représentants des salariés et actionnaires salariés (9%, 4 sièges) et l’Etat (25%, 3 sièges).

Pointant les “divergences persistantes entre l’actionnaire majoritaire et les organes sociaux”, son PDG Jean-Marc Janaillac souhaite le remplacer “au plus tard le 25 avril 2014”. La compagnie proposera pour son remplacement Jérôme Nanty “pour sa bonne connaissance du dossier”, selon une source proche de Transdev.

Légalement cependant, la convocation d’une AG doit être votée par le conseil de surveillance de la compagnie. La convocation de cette AG a bien été inscrite à l’ordre du jour du prochain conseil, lundi.

Lors d’une conférence de presse, mercredi, M. Janaillac avait laissé présager cette reprise en main du conseil de surveillance de la compagnie maritime en difficulté : “On est l’actionnaire majoritaire. Aujourd’hui, pour des raisons conjoncturelles, on n’a pas la majorité au conseil de surveillance de la SNCM”, regrettait-il.

– Désaccords stratégiques –

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à Marseille le 27 mars 2014 (Photo : Boris Horvat)

“Mais notre souhait et on y travaille actuellement, c’est que sur ce domaine-là, du conseil de surveillance, on revienne à une situation qui soit plus classique. A savoir que l’actionnaire majoritaire puisse avoir la majorité au sein du conseil de surveillance”, expliquait le patron du groupe de transport.

C’est que, depuis plusieurs mois maintenant, la direction de la SNCM, emmenée par le président du directoire Marc Dufour, s’oppose à son actionnaire principal. Elle a engagée un plan de redressement de la compagnie, plan qui prévoit la suppression d’environ 500 postes (sur 2.600), l’augmentation du temps de travail et le remplacement de 4 navires par des bateaux plus performants.

L’actionnaire majoritaire Transdev, n’a jamais caché son scepticisme vis-à-vis de ce plan. Un plan “auquel nous ne croyons pas”, a de nouveau répété son PDG mercredi.

Le président de Veolia Antoine Frérot, coactionnaire de Transdev, avait lui qualifier ce plan “fragile” et la SNCM – qui a par ailleurs été condamné à rembourser 440 millions d’aides publiques jugées illégales par Bruxelles – de “boulet”.

En parallèle du plan long terme préparer par la direction, Veolia et Transdev avaient ainsi préparé leurs propres projets, qui prévoyaient une réduction de voilure bien plus importante pour la compagnie, accompagnée ou non du recours au tribunal de commerce.

Après une grève de 10 jours début janvier, l’Etat avait finalement tranché en faveur de la direction et permis l’arrêt du mouvement.

Ce n-ième revirement fait bondir le syndicaliste CFE-CGC Pierre Maupoint de Vandeul, représentant des salariés au conseil de surveillance : “Les tensions entre Janaillac et le ministère paraissaient résolues avec les engagements des 30 et 31 mars. Manifestement le PDG de Transdev passe outre et déroule son scénario d’une mise en procédure collective de la SNCM en lieu et place du projet de modernisation qu’ils avaient pourtant validé en septembre 2013 !”, s’indigne-t-il.

Personne n’était joignable vendredi au cabinet du secrétaire d’Etat aux Transports Frédéric Cuvillier, à peine nommé, pour donner la position du gouvernement, dont la voix sera capitale lundi.