Tunisie – Economie : Des experts dénoncent le discours alarmiste du gouvernement

Par : TAP

finances-54sdf54d5.jpg«Exagération»,
«discours alarmiste», c’est en ces termes que des experts économiques ont
qualifié, vendredi, les dernières déclarations des responsables gouvernementaux
sur la situation financière dans le pays. Ils ont estimé dans des déclarations à
l’Agence TAP, que les Tunisiens ont besoin de «message positif», d’autant que le
gouvernement se prépare à lancer un emprunt obligataire national.

Pour l’économiste Ridha Chkondali, «nous ne pouvons pas parler d’incapacité de
l’Etat à payer les salaires de ses fonctionnaires octroyés en monnaie nationale,
d’autant que dans les cas extrêmes, l’Etat pourrait avoir recours à un emprunt
auprès de la Banque centrale de Tunisie (BCT) en dépit de l’impact d’un tel
choix sur l’inflation».

Selon cet expert, le porte-parole du gouvernement aurait dû conférer davantage
de «sagesse» à son discours et «s’informer davantage» de la situation actuelle,
surtout que le pays s’apprête à lancer un emprunt obligataire pour mobiliser des
ressources au profit du budget de l’Etat 2014.

Il a ajouté que les déclarations de M. Ouerfelli traduisent particulièrement des
appréhensions quant à la capacité du gouvernement à mobiliser suffisamment de
ressources étrangères en 2014, “sachant en outre que les visites effectuées à
l’étranger par le premier ministre provisoire ont donné lieu à des promesses
d’accords de crédits et non des crédits”.

De son côté, Karim Trabelsi, expert auprès du département des études, relevant
de l’UGTT, a dénoncé un «discours alarmiste» dont l’objectif est de
«contrecarrer les revendications sociales et d’intimider la principale
organisation syndicale».

Pour cet enseignant universitaire, “le problème auquel nous faisons face
actuellement est un problème de liquidité et non pas de solvabilité”. Il est dû,
a-t-il expliqué, à la concomitance du paiement des intérêts des crédits
contractés par la Tunisie auprès de bailleurs de fonds internationaux (fin de
chaque trimestre) avec le retard enregistré dans l’encaissement des recettes
fiscales en raison notamment de la grève des agents du ministère des Finances.
Il estime donc que de telles inquiétudes n’ont pas de raison d’être, d’autant
que les ressources fiscales (taxes, redevances …) “constituent pour 70% aux
recettes budgétaires”.

L’expert a rappelé que «le discours alarmiste» a fait son apparition quand des
voix se sont élevées pour réclamer des négociations sur des augmentations
salariales dans le secteur public. Il traduit des craintes dont l’objet ne sont
pas les incidents budgétaires de telles augmentations (environ 250 millions de
dinars) mais plutôt la crainte d’entrainer également des négociations dans le
secteur privé.

Le porte-parole officiel de la présidence du gouvernement et le ministre auprès
du Chef de gouvernement, chargé de la coordination et du suivi des affaires
économiques, Nidhal Ouerfelli, avait affirmé jeudi, que “le ministère des
Finances a pris des mesures exceptionnelles pour assurer le versement des
salaires des fonctionnaires de l’Etat du mois d’avril jusqu’au mois de juillet
2014”.

Il a déclaré aux médias au terme d’une réunion du conseil des ministres que «la
situation des finances publiques, est difficile et critique notamment au niveau
de la liquidité», précisant que “le déficit du budget de l’Etat a atteint 1,1
milliard de dinars, à fin mars 2014.