Brésil : les coopératives, cruciales pour les petits producteurs d’oranges

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écharge des oranges dans un champ à Rio Real, à 200 km au nord de Salvador de Bahia au Brésil, le 18 février 2014 (Photo : Yasuyoshi Chiba)

[13/04/2014 12:58:21] Rio real (Brésil) (AFP) “J?étais allergique au produit chimique que je pulvérisais. La coopérative m?a donné l?idée de passer au biologique, en utilisant de la décoction de manioc comme herbicide”, raconte Nelson Borges da Cruz.

Il exploite quatre hectares d?orangers, associés à du manioc, du maïs et des haricots, au nord de Salvador de Bahia.

Les coopératives aident les exploitations familiales d’oranges du Brésil à se moderniser et s’adapter à la demande mondiale tout en préservant leur revenu.

L?ONU a fait de 2014 l?année internationale de l?agriculture familiale. Ce mode de culture et d?élevage concerne plus de 500 millions de petites fermes familiales dans le monde, d?après la FAO. Elles constituent plus de 98 % des exploitations agricoles.

Premier producteur mondial d?oranges, le Brésil compte 4,3 millions d?exploitations d?agriculture familiale, selon le ministère de l?Agriculture.

Avec ses champs couverts d?arbres ronds et luisants, la région de Rio Real, à 250 kilomètres au nord de Salvador, domine la production d?oranges de l?Etat de Bahia, deuxième fournisseur brésilien d?agrumes.

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à Rio Real, à 200 km au nord de Salvador de Bahia, au Brésil, le 18 février 2014 (Photo : Yasuyoshi Chiba)

Pour trouver des débouchés pour ses fruits biologiques, c’est de nouveau vers la coopérative, Coopealnor, que s’est tourné Nelson Borges da Cruz. Il les écoule à 650 réais la tonne (200 euros) au lieu de 550 réais actuellement pour des agrumes conventionnels.

Avec des gestes vifs et précis, un ouvrier incise le tronc fin pour y glisser un greffon d?oranger. “Le citronnier porte le pied d?orange car il résiste mieux au manque d?eau”, explique Antonio de Almeida, technicien de Coopealnor.

“Les arbres d?origine viennent d?un centre de recherche. Donc, on fournit aux petits producteurs du matériel génétiquement parfait”, ajoute-t-il, pour illustrer le rôle croissant des coopératives dans la professionnalisation du secteur.

– Favoriser la vente directe –

Dans la propriété voisine, plus étendue, une carriole à cheval ramasse les sacs que les cueilleurs ont emplis de fruits. Quatre hommes écartent ensuite les oranges trop vertes, petites ou tachées.

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émunérée 0,3 euro le sac, à Rio Real, à 200 km au nord de Salvador de Bahia, au Brésil, le 18 février 2014 (Photo : Yasuyoshi Chiba)

“On sépare les beaux fruits, qui vont sur le marché, et ceux qui seront transformés en jus”, explique le chargeur Cesar dos Santos en vidant, du haut de son échelle, un panier de 50 kilogrammes dans la remorque d?un camion.

“Les usines de jus sont un débouché important mais elles achètent la tonne à 280 réais contre 550 réais sur les marchés (86 euros au lieu de 168), expose Antonio de Almeida. Nous orientons donc les petits agriculteurs vers plus de vente directe.”

Lui a parié cette année sur l?orange caracara. “La pulpe est rouge et sucrée, dit-il, l??il gourmand. Si ça fonctionne bien sur cette parcelle, j?inciterai les collègues à en produire aussi, pour la vendre au pas de leur porte.”

– Le défi: acquérir les moyens de transformation –

L?autre défi de la coopérative consiste à apporter de la valeur ajoutée aux agrumes. Avec l?aide de l?EBDA, une structure régionale d?appui à la petite agriculture, Coopealnor dispose depuis peu d?une machine de calibrage des fruits.

“Le producteur entasse ses fruits dans la fosse et, en fin de parcours, ils sont lavés, calibrés et cirés pour une meilleure conservation”, décrit fièrement Antonio de Almeida devant le long assemblage de tapis roulants et de sas métalliques.

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écolte des noix de coco à Acajutiba, à 180 km au nord de Salvador de Bahia, au Brésil, le 18 février 2014 (Photo : Yasuyoshi Chiba)

L?installation a coûté un million de réais (300.000 euros) à la coopérative. Les producteurs paient désormais 20 réais pour calibrer une tonne d?oranges, 40% de moins que le prix du marché.

“Cette machine c?était un rêve et on a réussi, on a notre propre petite industrie!”, s?enthousiasme l?agriculteur Nelson Borges da Cruz. “Il nous manque encore une machine pour transformer le fruit en pulpe pour être vraiment autonomes.”

Car l?orange ne se stocke pas. Faute de capacité de transformation, les petits producteurs sont soumis aux fluctuations des cours mondiaux. “C’est un marché oligopolistique : quelques grands embouteilleurs européens et américains déterminent les prix” du jus, s?inquiète Mazinho Souza, élu de la commune.

Pour lui, cette machine de calibrage est une étape importante. “Jusqu?ici les producteurs étaient réticents aux gros investissements”. Et pour cause: “En 20 ans, des dirigeants du groupement ont volé dans la caisse à deux reprises”, déplore-t-il.