Fethi Chamkhi, porte-parole officiel du Rassemblement pour une alternative nationale du développement (RAID), a affirmé, dans une déclaration à l’agence TAP, que de nombreuses organisations de la société civile en Tunisie et en Europe estiment que le crédit d’un montant de 300 millions d’euros que l’UE va octroyer à la Tunisie risque d’aggraver la situation du pays en matière d’endettement.
Chamkhi a précisé que le mouvement citoyen, organisé samedi 12 avril à Tunis sur le thème “la lutte contre la dictature de la dette”, vise à sensibiliser sur les risques des crédits conditionnés octroyés au pays, notamment celui qui sera soumis au vote mercredi 16 avril a Strasbourg.
L’universitaire a qualifié de “dangereuses et périlleuses” les conditions imposées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) à la Tunisie pour lui faire bénéficier de crédits.
Il a appelé le gouvernement tunisien à prendre en considération, lors de la mobilisation des ressources financières, les priorités qui s’imposent au pays pour la gestion des affaires de l’Etat, “loin de toute dépendance de l’extérieur”.
Le porte-parole du RAID a fait valoir que de telles crédits conditionnés sont de nature à accroître la flambée des prix et risquent de geler les salaires et d’aggraver l’endettement en Tunisie. Ils vont, en outre, servir, à son avis, pour intensifier le contrôle sur le gouvernement, préparer le terrain pour la cession de banques, des entreprises et des terres agricoles au profit des étrangers et aussi contribuer à la destruction du système de couverture sociale.
En effet, des organisations de la société civile ont appelé le Parlement européen à annuler les dettes de la Tunisie au lieu de lui octroyer de nouveaux crédit accablants et conditionnés.
Le représentant du Centre international de coopération pour le développement, Antonio Gambini a estimé que “la Tunisie serait contrainte, à cause de ce crédit, de se soumettre à la politique néo-libérale d’austérité qu’impose le FMI, laquelle politique a déjà montré ses limites dans certains pays comme la Grèce, ou elle a mené à des catastrophes sociales”.
Les organisateurs de mouvement ont lancé un appel, signé par plusieurs ONG et structures telles que l’UGET et l’Union des diplômés de l’enseignement supérieur en chômage, dans lequel ils ont exhorté toutes les forces démocratiques et de développement à adhérer massivement aux efforts déployés par les organisations et les parlementaires européens et tunisiens pour réitérer le refus de ce crédit qualifié “d’empoisonné”.
Le programme du FMI comprend, d’après les partisans de cet appel, des conditions visant à recapitaliser et restructurer les banques tunisiennes en perspective de leur privatisation, réviser le code du travail pour minimiser les droits des travailleurs et réduire les salaires et se débarrasser, progressivement de la subvention des produits alimentaires de base et des sources d’énergie destinées à la consommation populaire.