Airbus Group : la discussion des plans sociaux va commencer dans chaque pays

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à Blagnac, le 26 février 2014 (Photo : Eric Cabanis)

[14/04/2014 16:16:24] Toulouse (AFP) Les syndicats européens d’Airbus Group (ex-EADS) ont rendu lundi un avis négatif sur le plan de 5.800 suppressions d’emplois dans le groupe, donnant ainsi paradoxalement le feu vert à la discussion des plans sociaux dans chaque pays, a-t-on appris de sources syndicales.

L’avis du comité européen, préalable à la mise en oeuvre nationale des plans sociaux, n’empêche pas ces derniers, même s’il est négatif. Seule l’absence d’avis de la part du comité européen aurait retardé la procédure de mise en oeuvre du plan annoncé le 9 décembre 2013 par le président exécutif d’Airbus group, Tom Enders.

Dans la nouvelle phase qui va s’ouvrir, les syndicats allemands, français, britanniques et espagnols du groupe européen d’aéronautique et de défense continueront de contester pied à pied l’ampleur des suppressions d’emplois, décidées “au nom de la compétitivité” dans l’espace et la défense, et lutteront pour éviter tout licenciement sec.

La plupart, tel FO, majoritaire en France, contestent “la logique financière de la direction” du groupe, actuellement prospère.

Plusieurs syndicats, notamment la CGT française, ont longtemps pensé à refuser de donner un avis en comité européen, estimant insuffisantes les justifications économiques apportées par la direction.

Les syndicats ont finalement décidé de rendre un avis par écrit lundi lors d’une réunion des responsables syndicaux du comité européen avec ceux des comités de branche près de Munich (sud-ouest de l’Allemagne).

Le calendrier initialement prévu par la direction pour commencer les restructurations au premier juillet a déjà pris un mois de retard et le groupe était pressé d’enclencher en France l’information-consultation des Comités centraux d’entreprise (CCE).

En France, les premiers CCE auront lieu à partir du 18 avril chez Astrium (Espace) et Cassidian (Défense), désormais fusionnés au sein d’Airbus Defence and Space (ADS).

La direction devrait y préciser les détails du plan, notamment la ventilation des départs volontaires (cessations d’activité, créations d’entreprise, transferts vers la division avions). Elle compte obtenir un avis des CCE pour le 15 mai.

Selon plusieurs syndicalistes français interrogés par l’AFP, les syndicats ont déjà obtenu l’assurance que la direction ne déciderait aucun licenciement sec avant d’avoir fait le point sur la mise en oeuvre du plan à la fin 2016.

EADS, qui compte environ 144.000 salariés, s’est transformée en Airbus Group début 2014 et a regroupé dans la nouvelle division ADS Cassidian, Astrium et l’activité avions de transport militaire d’Airbus.

ADS devrait perdre 5.290 emplois en Europe sur un total de 42.600, et 514 suppressions sont prévues dans les fonctions centrales (ressources humaines, finances, communication, etc) du groupe.

Chez Astrium France, les suppressions d’emplois concernent environ un millier de personnes dont 778 en CDI (sur 6.340) et un peu plus de 200 intérimaires ou sous-traitants employés sur ses sites.

A Toulouse, qui emploie plus de 2.500 CDI et devrait perdre 356 emplois, les syndicats dénoncent d’autant plus “le plan à marche forcée d’Enders” qu’ils se flattent de nombreux succès commerciaux, en dernier lieu le choix de l’Agence spatiale européenne en faveur de six satellites météo Metop-SG d’Astrium.

Selon les syndicats d’Astrium, la direction elle-même reconnaît que les commandes “ont été plus favorables que prévu depuis septembre 2013”. Ils assurent que leur patron François Auque a promis devant 1.500 salariés réunis à Toulouse “qu’à partir du moment où la charge de travail est supérieure à ce qui était prévu les réductions d’effectifs seront moindres”.

Les syndicats français redoutent cependant que la direction d’Astrium ne propose des “accords de productivité” en échange d’une diminution des suppressions d’emplois. Tous les syndicats français ont déjà dénoncé ce “chantage”.