Un paquet de cigarettes Gauloises (Photo : Philippe Huguen) |
[15/04/2014 04:44:40] Paris (AFP) Les célèbres Gauloises seront bientôt quasi exclusivement produites hors de France. Le cigarettier Seita, filiale d’Imperial Tobacco, dévoile mardi un plan de restructuration qui pourrait aboutir, selon les syndicats, à la suppression de près du tiers des effectifs et la fermeture de son usine à Nantes.
L’usine nantaise de Carquefou, la plus importante du fabricant avec 327 salariés, est sur la sellette. Selon la CGT, l’ex-régie publique française des tabacs pourrait annoncer sa fermeture pure et simple. Ainsi que la cession du centre de recherche de Bergerac (Dordogne), qui emploie une trentaine de personnes.
Au total, plus de 350 emplois sont menacés sur 1.150, affirme le syndicat, le premier à avoir sonné l’alarme il y a trois semaines.
La seconde usine de production de cigarettes de Seita, située à Riom près de Clermont-Ferrand (225 salariés), le centre de battage du tabac du Havre (100 salariés) et le centre de recherche de Fleury-les-Aubrais (Loiret) ne seraient pas touchés.
Une information précise sera donnée aux représentants du personnel lors d’un Comité central d’entreprise extraordinaire (CCE), prévu à partir de 11H30 au siège de l’entreprise à Paris.
A Nantes, les syndicats ont convoqué les salariés à une assemblée générale à midi. De cette usine sont sorties en 2013 plus de 12 milliards de cigarettes, essentiellement Gauloises blondes, News et JPS.
Les Gauloises et Gitanes brunes ne sont plus produites en France depuis 2007. Si Nantes fermait, la production des Gauloises blondes ne serait pas transférée à Riom, affirme la CGT, qui s’attend à une délocalisation “au Royaume-Uni ou en Pologne”.
“Ironie du sort ou macabre stratégie de communication”, selon le syndicat au moment où Seita “commercialise une Gauloise blonde 100% fabriquée en France”. Baptisée “Gauloise génération”, la nouvelle gamme lancée en février est produite à Riom.
– Un scénario “déjà vécu” –
Altadis par le groupe Imperial Tobacco (Photo : Franck Fife) |
Seita ne confirme, ni ne dément la teneur du “projet de réorganisation” porté à l’ordre du jour du CCE. Mais quoi qu’il arrive, “il restera des Gauloises fabriquées en France, à Riom”, affirme l’entreprise.
L’ex-régie publique, rebaptisée Altadis entre 1999 et 2008, évolue “dans un environnement en dégradation constante”, tient néanmoins à souligne l’entreprise.
En 2013, sous l’effet conjugué des hausses de prix et de l’essor de la cigarette électronique, le volume de tabac vendu est, pour la première fois, passé sous la barre des 60 millions de tonnes en France.
En février, Imperial Tobacco, quatrième au rang mondial, a annoncé un résultat net en recul de 6% et un plan d’économies de 300 millions de livres (365 millions d’euros).
çais à Carquefou (Photo : Frank Perry) |
“Imperial Tobacco perd plus que les autres mais Seita n’est vraiment pas dans une situation difficile. C’est la vache à lait du groupe” et si les ventes chutent en France, “elles sont en hausse dans le monde”, relève Eric Comparot, délégué CGT central. A Nantes, 60% de la production part à l’export.
Pour le syndicaliste, le plan pressenti est “uniquement motivé par le souhait de garantir aux actionnaires le rendement de leurs dividendes”. Malgré ses résultats, Imperial Tobacco confirme tabler sur une hausse d’au moins 10% de son dividende pour 2013/2014.
En reprenant Seita en 2008, le groupe avait déjà supprimé un millier d’emplois, la moitié. Une partie des salariés des usines fermées à Metz et Strasbourg avaient alors déménagé à Nantes. Ce scénario, “certains l’ont déjà vécu”, soulignait lundi à Nantes Michel Laboureur, délégué CGT de l’usine. Les salariés sont “abattus, attristés” mais “on n’acceptera rien du tout, il n’y a aucune raison que ce site ferme”, dit-il.
A Riom, l’avenir de l’usine est lui aussi hypothéqué, avec la fin programmée des cigarettes aromatisées et mentholées, interdites par Bruxelles à compter de 2016 et 2018.
“Hormis Seita, il n’y a plus grand chose, juste France Tabac”. Mais la coopérative “est aussi en train de restructurer son usine de Sarlat” (Dordogne), note son collègue Eric Comparot pour qui du tabac, “il ne restera bientôt plus que les impôts à percevoir”.