L’Association tunisienne de gestion et stabilité sociale (TAMSS) a présenté, mardi 15 avril à Tunis, 17 recommandations pour l’inclusion des travailleurs informels dans l’économie formelle élaborées dans le cadre du projet TILI (Initiative tunisienne pour l’emploi inclusif).
Ces recommandations ont été présentées lors du deuxième colloque national sur l’emploi informel en Tunisie, organisé à l’initiative de TAMSS en collaboration avec l’Initiative mondiale d’équité (GFI).
Les principales recommandations portent sur la sensibilisation et l’accès à l’information, l’incitation financière, l’analyse et le partage des données, le soutien et l’organisation des travailleurs informels, la simplification des textes juridiques concernant le processus de formalisation, le renforcement de la capacité du gouvernement à recueillir et analyser les données relatives à l’économie informelle, la création d’un identifiant social unique permettant à tous les ministères d’accéder à des données complètes sur l’ensemble des citoyens.
La facilitation de l’acquisition des prêts à des taux d’intérêt préférentiels et avec des périodes de remboursement plus souples, l’amnistie fiscale pour les travailleurs informels qui formalisent leurs activités, l’octroi d’une période de grâce pour les nouveaux affiliés à la sécurité sociale, ainsi que le renforcement de la capacité des administrations locales en matière de formalisation à travers des cycles de formation et d’information figurent, également, sur la liste des recommandations.
Le ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Hafedh Laâmouri, qui a affirmé que la Tunisie compte, environ, un million de travailleurs informels, a qualifié ces recommandations de “sérieuses” et d'”applicables” à moyen et long termes”. “Le secteur informel est devenu, depuis la révolution, un secteur intérieurement structuré à cause de la prolifération de la contrebande et le commerce parallèle”.
Il a, également, précisé que “le cadre législatif actuel ne permet pas l’inclusion des travailleurs informel dans l’économie formelle”. “Le secteur informel est un secteur à forte employabilité. Nous devons être souple pour rediriger ce secteur vers l’économie nationale sans toucher à son employabilité”, a-t-il dit.
Expliquant que ce secteur absorbe de plus en plus de chômeurs diplômés et de patrons de petites et moyennes entreprises, incapables de faire face à la compétitivité du marché formel et respecter leurs engagements fiscaux, Hafedh Laâmouri a indiqué qu’il faut “trouver un cadre juridique et fiscal propre aux travailleurs informels pour les inciter à intégrer l’économie formelle”. “On doit changer quelques règles pour empêcher ce secteur de détruire l’économie nationale sans pour autant le briser. On peut commencer par changer la fréquence du versement des cotisations sociales de trimestrielles à mensuelles, en se contentant d’une couverture sociale relative à la retraire et les soins médicaux pour commencer”, a-t-il expliqué.
Danilo Turk, ancien président de la Slovénie et actuel président du Conseil d’administration de GFI, a de son côté relaté l’expérience de son pays dans le domaine de l’inclusion des travailleurs informels dans l’économie formelle, appelant le gouvernement à se montrer compréhensif lors du traitement de ce dossier et à “se lancer dans une économie participative en modifiant sa politique fiscale envers les travailleurs informels”.
Le ministre de la Formation professionnelle a promis que les recommandations seront prises en compte dans l’élaboration d’une stratégie nationale de formalisation du secteur informel.