L’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) organise la deuxième édition du Forum de Tunis, et ce les 5 et 6 juin 2014, qui aura lieu au Palais des Congrès (le premier jour) et au siège de l’IACE (le deuxième jour) portant sur le thème «La Tunisie et l’Afrique: capitalisons sur de nouvelles opportunités, de nouveaux accords de partenariat».
Le Forum de Tunis sera suivi par plusieurs décideurs tunisiens, africains et européens de haut niveau africains, mais également par des think tank et autres représentants du secteur privé.
L’IACE annonce la présence à ces assises du président tunisien, Moncef Marzouki, et le chef du gouvernement, Mahdi Jomâa.
Le Forum a pour objectif le développement des relations et rencontres privées entre les leaders, et ce à l’échelle nationale et internationale. On peut consulter le site de l’évènement Forum de Tunis ici pour plus de détails.
Cependant, nous pensons que certes l’initiative est louable en soi, mais le tempo n’est pas bon et la manière très discutable, parce que nous estimons que ce réveil de la Tunisie pour l’Afrique est arrive, peut-être, trop tard, au moment même où la BAD quitte la Tunisie.
En effet, concernant la manière, on continue à parler et à s’écouter entre nous, avec les mêmes visages et les mêmes personnes depuis une vingtaine d’années, alors que l’Afrique et les entrepreneurs qui travaillent sur l’Afrique ont changé. Où sont les jeunes? Où est le secteur des services, des TIC?
Nous nous empressons de souligner que l’Afrique a besoin d’une nouvelle génération née pour l’Afrique et non d’une classe de dirigeants formée en Europe avec une approche “eurocentriste“ ou “européaniste”.
De ce fait, pour travailler sur ou en Afrique, il faut tout d’abord l’aimer, la connaître en voyageant et en séjournant dans plusieurs de ses pays, car ce n’est pas dans les salons ou dans les bureaux qu’on pourra connaître ce vaste continent de 54 pays, différents les uns des autres. L’Afrique couvre 6% de la surface du globe et 20,3% de la surface des terres émergées. Sa superficie est de 30.415.873 km2 avec les îles. Sa population est estimée à plus de 1,1 milliard d’habitant.
Il faut donc changer de langage, mais surtout opérer un changement au niveau des personnes qui ne connaissent pas ou peu l’Afrique. Et au regard de la liste des intervenants lors du Forum de Tunis, il sera difficile d’y trouver qui soient au fait des réalités africaines. Du coup, certains d’entre eux ignorent de quoi ils parlent et vont s’adonner à des généralités et des discours stéréotypes préparés par leurs collaborateurs.
C’était le côté manière.
Maintenant, interrogeons-nous une fois de plus. La Tunisie a-t-elle vraiment une politique africaine ou les moyens? Pour nous, la réponse est non. Pour preuve, nous ne citerons que 3 faits: le premier, c’est que, en 2013-2014, aucune nouvelle ligne aérienne n’a été ouverte sur l’Afrique par notre compagnie nationale, Tunisair; deuxièmement, aucune nouvelle ambassade n’a été créée au cours des 3 dernières années; et enfin, aucun changement dans la politique de visas de la Tunisie.
En effet, on continue à dispenser certains pays qui, potentiellement, constituent pourtant un danger d’Al Qaïda (entre autres le Niger, la Libye et le Mali), et à imposer des visas pour les ressortissants d’autres pays comme l’Angola, le Gabon, le Cameroun ou le Congo! Peut-on nous expliquer les raisons? Sachant que ces pays imposent, eux aussi, aux Tunisiens des visas… dans la logique de réciprocité des entraves pour les visas.
Afin d’être efficace et au lieu de bavarder entre nous, on aurait dû inviter tous les ambassadeurs africains accrédités en Tunisie pour venir nous parler de leurs pays respectifs. Cela aurait été plus concret et plus réel.
En conclusion, si nous voulons avancer, il nous faut un changement radical dans le discours et dans la méthode.