Pour Moez Zouari, c’est le temps des vaches maigres en Tunisie. Un an et demi après sa sortie du capital de Somocer –en cédant les 20,03% qu’il avait acquis en octobre 2011 de concert avec le fonds d’investissement DUET MENA-, l’homme d’affaires tuniso-français –contrôlant une partie du réseau Franprix en France-, voit son unique projet dans le pays traverser une zone de forte turbulence. Il s’agit de Leaders des Biscuits Méditerranéens (LBM), une société créée en 2007 avec des anciens de BN (France) et entrée en production en 2009.
En effet, le tribunal de première instance de Zaghouan a décidé, le 24 février 2014, d’ouvrir une procédure de règlement judiciaire concernant cette entreprise dont il a confié la conduite au juge commissaire Walid Arfaoui et au commissaire aux comptes Salah Dhibi.
Tout a pourtant bien commencé pour Leaders des Biscuits Méditerranéens. L’entreprise, qui entame la commercialisation de ses produits en avril 2009, parvient en huit mois à s’adjuger une part de marché de 8% en Tunisie et 18 millions de dinars de chiffre d’affaires, devenant du même coup le troisième opérateur le plus important de l’industrie du biscuit en Tunisie.
Continuant sur sa lancée, l’entreprise écoule ses produits estampillés LBM dans le reste du Maghreb (Maroc, Algérie et Libye) via des accords avec des partenaires locaux et entame des négociations pour s’ouvrir les marchés africain, moyen-oriental et européen.
Au cours de la même année, LBM -qui fait appel à des experts étrangers en matière de développement- obtient même le label «Produit de l’année» pour ses produits «Regalo».
Voyant l’avenir en rose, Moez Zouari se donne au cours de l’été 2010 les moyens d’accélérer la croissance de son entreprise en faisant entrer Finacorp Maghreb Private Equity Fund (FMPEF), le fonds d’investissement géré depuis sa création en 2007 par la Banque d’affaires tunisienne (BAT), fondée par Abdulmohsen Hayat, dans son tour de table, via une augmentation du capital de 104.700 dinars –pour le porter à 2.438.000 dinars.
Par la même occasion, une assemblée générale décide la séparation du poste de président du Conseil d’administration et de directeur général, qui seront attribués respectivement à Moez Zouari et Riadh Ben Khlifa (aujourd’hui patron de Carthage Cement).
Dans la foulée, Moez Zouari –qui avait déjà tenté une première incursion en Tunisie il y a une dizaine d’années (avec le rachat de Bonprix, la chaîne de supermarchés du groupe Batam, cédée après son redressement à UTIC, le groupe opéré par Taoufik Chaïbi)- se met à faire de grands projets pour Somocer -dont il voulait alors développer les exportations en Union européenne, Russie et en Libye- et à envisager sérieusement le lancement d’une activité dans la distribution au Maghreb.
«Notre principale activité c’est la distribution. Nous sommes un acteur majeur en France dans ce secteur, nous avons un savoir-faire que nous avons exporté à un moment donné. Revenir aujourd’hui en Tunisie nous intéresse énormément. Mais nous nous intéressons également à l’Algérie et à la Libye. En matière de distribution, il y a beaucoup à faire dans ces pays-là. D’ailleurs, nous travaillons aujourd’hui sur de vraies pistes en vue de nous positionner sur ce marché», nous expliquait Moez Zouari en décembre 2011.
Deux ans plus tard, l’homme d’affaires tuniso-français semble dans une posture de désengagement en Tunisie. Il saura bientôt s’il va pouvoir y maintenir une présence à travers LBM. Car l’expert-comptable Salah Dhibi ne va pas tarder à livrer son diagnostic en disant s’il y a encore moyen de sauver l’entreprise et, le cas échéant, de proposer un programme de redressement.