Pour beaucoup de Tunisiens, les Libyens venant en Tunisie –soit de manière ponctuelle, pour tourisme ou soins, ou ceux qui y résident depuis la chute du régime Kadhafi- sont sinon des richards, du moins des personnes et des familles financièrement très à l’aise. Consolidée par le manège des grosses berlines portant des plaques d’immatriculation libyennes dans les rues des quartiers chics de Tunis, ce cliché est pourtant loin de refléter la réalité.
Car une partie de la –nouvelle- communauté libyenne en Tunisie a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Jusqu’ici peu connue, cette réalité commence à éclater au grand jour. Et à préoccuper sérieusement les autorités –et la société civile- libyennes, mais également tunisiennes.
A Tripoli, ce dossier a été, samedi 19 avril, au centre de l’audience qu’a accordée le Premier ministre libyen démissionnaire, Abdallah al-Théni, à Mohamed Al Maaloul et Abderrazak Abousinan, respectivement chargé d’affaires et au consul général libyen à Tunis.
Le communiqué publié à la suite de cette rencontre par le Premier ministère libyen indique qu’à cette occasion, Abdallah al-Théni a examiné avec ses interlocuteurs «la situation de la communauté libyenne en Tunisie et plus particulièrement les conditions de vie difficiles auxquelles elle est confrontée».
Promettant que «le gouvernement assumera toute sa responsabilité pour aider ces familles à surmonter les difficultés auxquelles elles font fasse –d’autant que certaines d’entre elles ont besoin d’une aide d’urgence», le Premier ministre démissionnaire a donné ordre à ses interlocuteurs d’élaborer «un plan d’urgence pour recenser les familles (libyennes) vivant en Tunisie, de décrire leurs conditions de vie et de santé et de faire une proposition concernant la manière de leur accorder une aide urgente avant le mois de Ramadan».
De même, son prédécesseur, Ali Zeidane, avait évoqué cette affaire avec son homologue tunisien, Ali Laarayedh, déjà en juin 2013, lors d’une visite à Tunis. Déclarant qu’il appréciait la position de la Tunisie et l’accueil des réfugiés libyens pendant la révolution», le Premier ministre déchu avait réaffirmé «la volonté» de son gouvernement à «régler la situation de la communauté libyenne en Tunisie dans les plus brefs délais».
A la mi-décembre 2012, une délégation libyenne représentant cinq ministères (Défense, Affaires étrangères, Intérieur, Affaires sociales, et Culture) et la société civile s’était déplacée et avait discuté avec les autorités tunisiennes de la situation de la communauté libyenne et de la possibilité «d’aider les citoyens libyens en facilitant leur retour» en Libye. Visiblement, rien ou très peu a été fait depuis, puisque ce drame humanitaire a récemment fait l’objet d’échanges sur le plan bilatéral tuniso-libyen.
En effet, vers la mi-mars dernier, le nouveau ministre des Affaires sociales tunisien, Ahmed Ammar Youmbaii, en a discuté à Tunis avec une délégation du ministère des Affaires sociales libyen qui «a appelé à essayer de trouver les mécanismes pour accorder de l’aide aux Libyens se trouvant en Tunisie» et réitéré «le souci d’améliorer leur situation et régler leurs problèmes».
De son côté, le ministre tunisien a réaffirmé que la Tunisie est disposée «à aider les frères libyens».
Dont acte.