ù plats et cocottes en verre partent dans le monde entier, le 15 avril 2014 (Photo : Guillaume Souvant) |
[22/04/2014 09:07:53] Châteauroux (AFP) Le magma bouillonne à 1.500°C dans le four, dégageant une clarté aveuglante: le borosilicate en fusion, Pyrex de son nom de scène, s’écoule vers les quatre lignes de fabrication de l’usine de Châteauroux où des presses donnent forme aux vénérables plats et cocottes en verre, en pleine cure de rajeunissement.
Ces pièces de vaisselle finiront sur les tables familiales en Europe, Afrique et au Moyen-Orient.
Pyrex, une marque qui fêtera ses cent ans l’année prochaine, a été cédée au début de l’année par le groupe verrier français Arc International au fonds d’investissement américain Aurora Capital Group.
La production reste toutefois concentrée autour du four de Châteauroux, piloté depuis une salle de commande impressionnante avec ses consoles, boutons et cadrans.
Découvert au XIXe siècle par le chimiste et industriel allemand Otto Schott, le borosilicate a d’abord été utilisé aux Etats-Unis, à partir de 1912, pour la fabrication des lanternes de signalisation des chemins de fer: elle avaient jusque-là une fâcheuse tendance à éclater sous la pluie, victimes des écarts brusques de température.
Ce n’est que trois ans plus tard que ses potentialités ont été explorées pour fabriquer des plats et cocottes destinés à résister aux fortes températures, y compris au four, et mijoter des petits plats. Tout a commencé après que la femme d’un physicien a demandé à son mari de lui donner des chutes de fabrication des fameux verres de lanterne pour y cuire des gâteaux…
Premier employeur privé de la ville avec 420 salariés, le nouveau groupe International Cookware (environ 100 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel) détient en effet avec sa marque Pyrex, créée en 1915, 49% du marché des plats de cuisson au four en borosilicate en Europe occidentale et orientale, Moyen-Orient et Afrique.
un plat sur la ligne de production de Chateauroux, le 15 avril 2014 (Photo : Guillaume Souvant) |
L’usine française peut ainsi produire jusqu’à 40 millions de pièces par an, destinées pour 90% à l’exportation, sous la marque pilote Pyrex, mais également sous le label Arcuisine, destiné aux discounters d’Europe occidentale et aux pays où International Cookware ne peut commercialiser sous sa marque emblématique.
-“Qualité +Made in France+”-
C’est de Châteauroux que sort la totalité des fameux ustensiles de cuisine en verre d’International Cookware, de la production de la matière première, à la mise en forme suivie d’une trempe à l’air qui lui donne une résistance inégalée aux écarts de température, jusqu’à l’emballage en bout de chaîne.
A toutes les étapes, chefs d’équipe et ouvriers contrôlent la qualité du produit, renvoyant sans pitié à la fonte les pièces comportant des défauts souvent imperceptibles pour un oeil profane. “C’est une partie du travail qui est impossible à mécaniser”, explique le directeur de l’usine, Claude-Walter Bin, dans le vacarme des presses qui reçoivent à un rythme hypnotique une boule de pâte de verre incandescente.
“Dans notre stratégie à l’international, la qualité +Made in France+ est un atout pour l’art culinaire”, explique M. Martin Debacker, le directeur-général, un ingénieur venu d’Arc International où il s’est formé en plus de 20 ans de carrière.
Décidé à dynamiser une marque à l’image un peu vieillotte, International Cookware a entrepris de doter ses produits de designs plus modernes et M. Debacker confie à mots couverts être en pourparlers pour faire porter Pyrex par un “chef médiatique” participant à une émission de télévision consacrée à la cuisine.
Le groupe a également engagé une stratégie de diversification de sa gamme avec des ustensiles de cuisson en céramique, en fonte et en métal anti-adhérent.
“Plus de 60% de nos produits n’existaient pas il y a cinq ans”, souligne le directeur-général du groupe.
Enfin, l’entreprise veut soigner son image d'”entreprise citoyenne”, en diminuant ses émissions polluantes. Déjà, le four fonctionnant à parts à peu près égales au gaz et à l’électricité “consomme deux fois moins pour produire deux fois plus qu’il y a 20 ans”, fait valoir le directeur de l’usine de Châteauroux. Il précise que l’entreprise, déjà certifiée ISO 14.000 pour l’environnement, est en cours de certification ISO 50.000 pour sa gestion des énergies.