Les plans de “rigueur” en France : les précédents Barre, Mauroy, Juppé et Fillon

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à Paris (Photo : Staff)

[22/04/2014 13:20:56] Paris (AFP) Avant les 50 milliards d’euros d’économies mises en oeuvre par Manuel Valls, qui récuse le terme d'”austérité”, la France a connu plusieurs plans de rigueur lancés par Raymond Barre, Pierre Mauroy, Alain Juppé ou encore François Fillon:

– Plan Barre en 1976/1977

Peu après son arrivée à Matignon en 1976, Raymond Barre met au point un plan d’austérité pour lutter contre l’inflation et amortir les effets du premier choc pétrolier de 1973. Le franc est alors très faible et pâtit d’un Deutsche Mark au plus haut. La France atteint la barre du million de chômeurs. Le “premier économiste de France” décide alors une série de mesures : blocage des prix sur quatre mois, relèvement du tarif de la vignette auto, augmentation des taxes sur le carburant et l’alcool (respectivement de 15% et de 10%) et majoration de l’impôt sur le revenu de 4 à 8 points. Mais le deuxième choc pétrolier de 1979 vient anéantir ces efforts.

– Plan Mauroy en 1982/1983:

Près de deux ans après son arrivée au pouvoir et l’instauration des 39 heures, de la cinquième semaine de congés payés et de l’augmentation de 25% du Smic, la gauche est obligée de faire machine arrière face à l’explosion des dépenses de l’Etat. Pierre Mauroy tente une première fois d’inverser la vapeur. En juin 1982, il annonce le blocage des salaires dans le public. L’Etat s’engage également à limiter le déficit budgétaire à 3% du PIB. Mais ces mesures n’ont que peu d’effet. En mars 1983, contre l’avis des ministres communistes, Mauroy passe à la vitesse supérieure. Il décide de ponctionner 65 milliards de francs sur la consommation des ménages et les dépenses de l’Etat et instaure un prélèvement de 1% sur l’ensemble des revenus des ménages. Les ministres communistes quittent peu après le gouvernement.

– Plan Juppé en 1995:

Sitôt arrivé à Matignon, Alain Juppé est chargé par Jacques Chirac de respecter au plus près les engagements du traité de Maastricht afin de préparer le lancement de l’euro. Il choisit donc d’emblée la rigueur budgétaire et décide des hausses de prélèvements pour les ménages (TVA, essence, création de la Contribution au remboursement de la dette sociale – CRDS, portant sur 0,5% des salaires et des revenus non salariaux). La France a alors les taux d’intérêts les plus élevés d’Europe et il faut rassurer les marchés. Si cette politique réussit à les séduire et à remplir le cahier des charges de l’euro (dette à moins 60% et déficit public à moins de 3% du PIB), elle précipite en revanche la chute d’Alain Juppé et la défaite de la droite aux législatives en 1997.

– Plan Fillon en 2010/2011:

Au cours de ses cinq ans passés à Matignon (2007-2012), François Fillon, qui s’est dit à la tête d’un Etat “en situation de faillite”, lance trois trains de mesures pour réduire les dépenses et le déficit budgétaire, même s’il récuse le terme de “plan de rigueur”. En mai 2010, il annonce notamment le gel des dépenses “en valeur” pour les trois ans qui suivent; en août 2011, il soumet un plan anti-déficit, censé rapporter 12 milliards d’euros de recettes supplémentaires en 2011-2012; enfin en novembre 2011, il annonce un effort supplémentaire de 17,4 mds d’euros sur la période 2012-2016, dont 7 mds dès 2012.