Travailler le dimanche pour relancer le tourisme : Fabius lance un pavé dans la mare

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ée nationale le 15 avril 2014 (Photo : Lionel Bonaventure)

[22/04/2014 17:59:49] Paris (AFP) Le ministre Laurent Fabius a lancé mardi un pavé dans la mare en se prononçant pour une ouverture accrue des magasins le dimanche afin de relancer le tourisme, un sujet sensible dans l’Hexagone loin d’être au goût des syndicats.

“Le touriste qui vient le dimanche et qui se présente devant un magasin qui est fermé ne va pas revenir” un autre jour de la semaine, a dit le ministre des Affaires étrangères, dont le portefeuille a récemment été élargi au Tourisme.

“Pour les touristes, il faut qu’il y ait une ouverture (le dimanche), compensée bien sûr pour les salariés”, a-t-il plaidé sur RTL, insistant sur l’importance du tourisme qui rassemble “7% de l’emploi, avec des marges de progression considérables”.

Mardi après-midi, il a reçu des représentants du secteur. Ceux-ci ont dit accueillir “favorablement” ses déclarations, à l’instar des Galeries Lafayette ou du Groupement national des indépendants (GNI), qui regroupe trois syndicats de l’hôtellerie, la restauration et les cafés (Synhorcat, CPIH et Fagiht).

“Tout cela se fera avec des négociations entre organisations professionnelles et patronales, mais cela doit aller dans le sens d’une plus grande liberté et d’un meilleur accueil des touristes”, a commenté Didier Chenet, co-président du GNI.

“Il est navrant de voir les +tour operator+ prévoir des départs de Paris dès le samedi soir vers des contrées européennes plus ouvertes, privant ainsi la France d?un chiffre d?affaires significatif et des emplois qui y sont liés”, a déclaré de son côté Gérard Atlan, président du Conseil du commerce de France (qui rassemble 31 fédérations professionnelles de commerçants).

Jean-Noël Reinhardt, président du Comité Champs-Elysées, groupement d’entreprises et commerçants du quartier, s’est lui aussi félicité auprès de l’AFP, réclamant que soit aussi autorisé “dans les zones touristiques d’affluence exceptionnelle” l’ouverture des magasins entre 21h et 24h.

– ‘La France n’est pas un supermarché!’ –

Hasard du calendrier, un sondage OpinionWay diffusé mardi montre qu’un tiers des salariés (33%) seraient prêts à travailler occasionnellement le dimanche pour améliorer leurs revenus, à la condition toutefois d’être payés double.

Mais les syndicats préviennent qu’une ouverture accrue des commerces n’aurait pas l’impact économique mis en avant par les organisations patronales et serait préjudiciable pour les salariés.

“La France n’est pas un supermarché!”, a ainsi réagi le vice-président de la CFTC, Joseph Thouvenel.

“La France a une histoire, a des traditions, a un art de vivre, ce qui fait qu’elle est le premier pays touristique au monde”, a souligné auprès de l’AFP le représentant du syndicat chrétien.

“L’ouverture des grandes surfaces le dimanche, qui est le seul enjeu aujourd’hui, c’est de la destruction d’emploi, c’est de la perte de l’art de vivre, c’est faire partir les touristes ailleurs”, a-t-il insisté, relevant que “les trois pays d’Europe qui ont le taux de chômage le plus bas, sont les trois pays où les magasins sont les plus souvent fermés le dimanche: l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse”.

Pour Karl Ghazi (CGT), M. Fabius “fait sans doute l’objet d’un lobbying” et “oublie les chiffres publiés par son propre ministère” qui montrent que le commerce de détail constitue “une toute petite part” de la dépense touristique.

La question du travail dominical est un vrai serpent de mer en France, où le sujet n’en finit pas d’opposer les défenseurs du repos dominical, institué en 1906, et ceux qui prônent un assouplissement.

De multiples dérogations permettent déjà à certains salariés de travailler ce jour-là (29% le font habituellement ou occasionnellement), tous n’ayant pas de majorations salariales ou de repos supplémentaires.

Après une vive polémique dans le secteur du bricolage, l’ex-patron de La Poste Jean-Paul Bailly s’était vu confier la mission d’examiner le cadre juridique plus que touffu actuel. Il avait préconisé en décembre dernier de lâcher du lest, en augmentant le nombre de jours d’ouverture autorisés.

Le gouvernement avait annoncé dans la foulée une loi courant 2014 pour “clarifier” les règles, tout en assurant qu’il n’y aurait “pas de remise en cause de la règle du repos dominical”.