La fièvre des fusions acquisitions s’empare de la pharmacie

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ège de GlaxoSmithKline à Londres, en juillet 2013 (Photo : Ben Stansall)

[23/04/2014 06:32:58] New York (AFP) Une OPA à plus de 45 milliards de dollars sur le fabricant du Botox, Allergan, des transactions à plus de 20 milliards entre Novartis, GlaxoSmithKline et Eli Lilly: l’heure est aux grandes manoeuvres dans la pharmacie sur fond de concurrence accrue entre grands labos et fabricants de génériques.

Et ce n’est pas fini: les rumeurs font état d’un mariage à 101 milliards de dollars entre le numéro un mondial du secteur, l’américain Pfizer, et le britannique AstraZeneca. Si elle se concrétisait, cette opération serait la plus grosse fusion jamais réalisée dans le secteur.

Selon le cabinet d’études américain spécialisé en fusions et acquisitions Dealogic, le total des transactions dans le secteur s’élève à 144 milliards de dollars depuis le début de l’année, le plus haut niveau depuis cinq ans (148 milliards en 2009).

– Pertes des brevets –

“La pharmacie est en mode consolidation”, estime Shubhomoy Mukherjee, analyste chez Barclays.

Ces grandes manoeuvres sont en train de redessiner le paysage du secteur, explique-t-il. D’un côté les grands laboratoires se réorganisent en cédant des activités jugées peu rentables pour se renforcer dans les créneaux à fort potentiel comme l’oncologie, la diabétologie et les maladies rares.

De l’autre, les fabricants de génériques et les groupes pharmaceutiques de taille moyenne veulent grossir. Pour ce faire, ils se lancent dans des achats effrénés.

Le suisse Novartis est en train de se recentrer sur l’oncologie, la pharmacie et l?ophtalmologie, quand le britannique GlaxoSmithKline joue à fond la carte des vaccins et des médicaments grand public.

Le canadien Valeant, qui lorgne Allergan, veut être un acteur de premier plan dans la dermatologie, l’esthétique et l?ophtalmologie. On prête au numéro un mondial, l’américain Pfizer, des ambitions dans l’oncologie et les maladies rares, des créneaux où il est peu présent malgré sa taille.

L’américain Merck veut céder son activité de médicaments en vente libre (OTC, “over the counter”) qui intéresse de nombreux rivaux comme le français Sanofi avec sa marque Zentiva.

Cette ébullition s’explique par l’expiration de nombreux brevets qui tombent dans le domaine public, notamment sur des “blockbusters”, ces médicaments vedettes. Ces derniers, dont les ventes sont colossales, sont les locomotives des bénéfices de grands laboratoires. Mais une fois devenus génériques, ils font chuter le chiffre d’affaires. Pour limiter les dégâts, les laboratoires sont obligés de baisser les prix et donc leurs marges.

– Grossir pour ne pas mourir –

Dans ce contexte, les fusions et acquisitions, qui génèrent souvent d’importantes synergies, sont l’opportunité pour certains laboratoires de réduire leurs coûts en supprimant les doublons, résume M. Mukherjee.

Ils sabrent dans les budgets marketing, les effectifs de forces de vente et les fonctions de support. A l’heure où l’innovation se fait rare, les laboratoires diminuent les dépenses de R&D (recherche et développement) en l’externalisant, où en achetant des molécules en développement à des unités de recherche indépendantes, notent les analystes de Credit Suisse et Barclays.

Début février, dix gros laboratoires comme Pfizer, Merck, Sanofi, Bristol-Myers Squibb, Biogen Idec, Johnson & Johnson, Takeda ou encore GlaxoSmithKline se sont alliés pour développer ensemble de nouveaux traitements contre le diabète et la maladie d’Alzheimer en collaboration avec l’Institut américain de la santé (NIH).

Mais “il est plus simple d’acheter pour croître plus vite”, estiment les experts de Credit Suisse. “Acheter des produits existants est moins risqué et moins cher que de développer soi-même un produit, ça ôte l’incertitude”.

Valeant, qui a comme ambition de devenir l’un des cinq plus gros laboratoires pharmaceutiques au monde d’ici 2016, n’a pas caché qu’il voulait atteindre cet objectif essentiellement par acquisitions.

D’autres acteurs comme les fabricants de génériques Teva ou Mylan devront sortir du bois dans les prochains mois, selon M. Mukherjee. Ils sont en quête de marques fortes pour se battre à armes égales dans des pays peu accueillants pour les génériques ou pour se renforcer sur des marchés complexes comme les États-Unis, ajoute l’analyste.

“Les prochaines années seront cruciales”, conclut-il.