Gaz russe : les impayés de l’Ukraine sont devenus “intolérables”, selon Gazprom

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érence de presse à Paris, le 23 avril 2014 (Photo : François Guillot)

[23/04/2014 17:52:41] PARIS (AFP) Les impayés de l’Ukraine pour le gaz russe fourni par Gazprom sont “intolérables”, a averti mercredi le PDG de Gazprom Export et vice-président du géant gazier russe, Alexandre Medvedev, en indiquant que leur montant devrait passer début mai de 2,2 à 3,5 milliards de dollars.

“Cette situation, comme l’a dit le président Poutine, est intolérable, car le non-paiement dure déjà depuis janvier”, a déclaré le dirigeant de la filiale d’exportation de Gazprom lors d’une conférence de presse à Paris.

Le haut responsable du groupe énergétique russe a de nouveau agité la menace du basculement mi-mai à un système de prépaiement par l’Ukraine pour ses livraisons de gaz du mois de juin.

“Nous n’avons rien coupé et nous n’avons pas l’intention de +couper+ l’Ukraine. Mais au regard de cette situation, nous avons le droit potentiel de basculer l’Ukraine à un système de prépaiement, dans lequel ils auront autant de gaz qu’ils peuvent payer d’avance”, a-t-il souligné, soulignant que cette clause figurait “noir sur blanc” dans le contrat.

“Nous continuerons à livrer autant de gaz que nécessaire à nos clients européens”, a-t-il toutefois assuré, en citant notamment la possibilité d’utiliser le gazoduc Nord Stream qui passe sous la mer Baltique et évite ainsi l’Ukraine.

La semaine dernière, le 17 avril, Vladimir Poutine avait donné un mois à l’Ukraine pour régler la question de ses paiements.

“Le 16 mai, nous informerons nos partenaires ukrainiens que le nouveau système de prépaiement est en place. Ils auront jusqu’au 1er juin pour prépayer le montant de gaz qu’ils voudront au mois de juin”, a expliqué M. Medvedev.

Ce basculement à un système de paiement d’avance, du fait des difficultés financières de Kiev, est considéré comme une menace de coupure de facto des livraisons de gaz russe à l’Ukraine.

Interrogé par les journalistes sur ce risque, M. Medvedev a rétorqué: “Que feriez-vous à notre place si vous aviez une dette à payer de milliards et de milliards de dollars?”

“Le montant de cette dette aujourd’hui est de 2,2 milliards de dollars. Le prochain paiement exigible le 7 mai devrait porter ce montant à 3,5 milliards et c’est simplement le paiement pour le gaz déjà livré”, a souligné le patron de Gazprom Export.

“Le déficit (de Gazprom) ne peut pas être comblé par d’autres sources, comme par exemple d’emprunter sur le marché, particulièrement dans les conditions actuelles”, a-t-il fait valoir.

Dans une lettre à 18 dirigeants européens, dont 13 États membres de l’UE, rendue publique le 10 avril, M. Poutine avait déjà mis en demeure les Européens d’assurer le paiement des milliards de dette de l’Ukraine faute de quoi leur approvisionnement serait menacé.

Menace d’autant plus pesante pour l’Union européenne, que celle-ci importe le quart de son gaz de Russie, dont près de la moitié transite par l’Ukraine, même si cette part était encore d’environ 80% il y a cinq ans.

“C’est pour cela que nous disons que ce n’est pas un problème bilatéral entre (le groupe gazier ukrainien) Naftogaz et Gazprom, ni entre l’Ukraine et la Russie, mais un problème paneuropéen”, a souligné M. Medvedev mercredi.