ésidente du Brésil, Dilma Rousseff, lors de son discours au sommet NETmundial de Sao Paulo, le 23 avril 2014 (Photo : Nelson Almeida) |
[24/04/2014 06:46:45] Sao Paulo (AFP) Le sommet international NETmundial de Sao Paulo doit définir jeudi l’orientation d’une future gouvernance mondiale d’internet, avec comme priorités l’ouverture accrue des processus décisionnels et une sécurité renforcée face à la menace de l’espionnage et de la cybercriminalité en général.
Pour les organisateurs et plusieurs des participants issus de plus de 80 pays, ce sommet est déjà un succès, car le Brésil est parvenu à réunir pendant deux jours gouvernements, universitaires, instituts techniques, acteurs privés et ONG pour dessiner les contours d’une gouvernance du web, dont les institutions de régulation se sont construites depuis 25 ans au gré des besoins du moment.
L’Internet Governance Forum (IGF) rassemble également chaque année depuis 2006 ces acteurs aux intérêts très divers autour du thème de la gouvernance, mais ses débats ne débouchent jamais sur des engagements, ni même des déclarations communes.
Dans un projet de résolution finale publié mercredi soir et qui ne devraient pas subir de modifications cruciales, les participants du NETmundial s’accordent sur des principes généraux et une feuille de route définissant des objectifs – non contraignants – pour le futur du réseau.
Principal pivot du consensus, la nécessité d’une gestion du réseau s’impose parmi les acteurs du net à l’heure où la domination des États-Unis sur les infrastructures du web est pointée du doigt.
Car pour des raisons principalement historiques, les États-Unis contrôlent ou hébergent les principaux organismes administrant les adresses, noms de domaines, normes et protocoles du web, ce qui provoque depuis plusieurs années frustrations et grincements de dents parmi les acteurs du net et certains gouvernements.
La gouvernance d’internet doit tendre vers “un réseau unique, interopérable, flexible, stable, décentralisé, sûr, interconnecté et accessible à tous”, affirment les participants dans le document provisoire.
Tous les intervenants de la réunion de mercredi, du vice-président de Google Vint Serf aux représentants de la société civile et des gouvernements, ont insisté sur l’importance d’une gouvernance “multi-acteurs” du web pour que celle-ci puisse gagner à la fois en efficacité et en légitimité.
– Front commun sur la sécurité des données –
L’autre point essentiel évoqué par les participants est évidemment la sécurité et la protection des données personnelles.
Encore une fois, ce sont les États-Unis qui ont été décriés à la suite du scandale des écoutes de l’Agence de sécurité américaine (NSA) sur les communications de la présidente brésilienne Dilma Rousseff, mais aussi de la chancelière allemande Angela Merkel et du président mexicain Enrique Peña Nieto.
à Sao Paulo (Photo : Nelson Almeida) |
Les révélations de l’ex-consultant américain Edward Snowden à l’été 2013 avaient conduit Mme Rousseff à émettre l’idée devant les Nations unies d’un contrôle multilatéral de l’utilisation d’internet, puis à convoquer ce sommet fondateur pour tenter de mettre un peu d’ordre dans la maison internet.
Jeudi, le NETmundial devrait sauf surprise déclarer unanimement que “les droits des personnes hors ligne doivent aussi être protégés en ligne, en accord avec les conventions internationales sur les droits de l’homme”.
Il devrait également mettre en avant “le droit à la protection de la loi contre toute forme de collecte illégale ou arbitraire de données” dans une référence directe au scandale des écoutes américaines mais aussi à la cybercriminalité.
Beaux joueurs, les États-Unis ont concédé le mois dernier une révision du statut de l’Icann (“Internet Corporation for Assigned Names and Numbers”), l’organisme qui délivre notamment les noms de domaine sur internet, comme .com ou .gov, et dont le siège se trouve en Californie. Un geste salué mercredi par Dilma Rousseff.
Enfin, le sommet doit évoquer l’importance de s’attaquer à la “fracture numérique” entre les populations bénéficiant d’un accès à internet et celles qui en sont privées, car sans accès global, l’idée d’un internet démocratique ne peut évidemment être mise en pratique.
Selon l’ONU, 1,3 milliard de ménages dans le monde ? soit plus des deux tiers de la population mondiale ? ne sont toujours pas connectés.
Mme Rousseff a annoncé mercredi que les conclusions du NETmundial “devaient inclure l’accès universel à internet, qui est absolument déterminant pour que le web puisse servir d’outil au développement humain et social”.