ésident de Google Vint Cerf en marge du NETmundial le 23 avril 2014 à Sao Paulo, Brésil (Photo : Nelson Almeida) |
[24/04/2014 19:06:39] Sao Paulo (AFP) “Les Etats-Unis ne contrôlent pas internet”, a estimé jeudi le vice-président de Google Vint Cerf en marge du NETmundial, sommet notamment consacré à la remise en question d’une hégémonie exercée de facto par les Etats-Unis sur certaines infrastructures du web.
“Si vous regardez bien, les Etats-Unis ne contrôlent pas internet, c’est un mythe”. Auparavant, “peut-être, mais plus maintenant”, a déclaré à l’AFP M. Cerf, également un des pères fondateurs du réseau créé il y a 25 ans.
“Internet est un animal très singulier par son caractère transnational. Vous ne pouvez pas tracer une ligne et dire : cela est pour ce pays et cela pour l’autre”, a-t-il insisté.
Toutefois, a reconnu M. Cerf, “il est juste de souligner que les Etats-Unis jouent un rôle unique au niveau du système de noms de domaine”.
Invités à Sao Paulo par la présidente brésilienne Dilma Rousseff après le scandale des écoutes américaines révélé par l’ex-consultant Edward Snowden, les participants du NETmundial ont fustigé mercredi et jeudi la domination des États-Unis sur les infrastructures du net.
Pour des raisons principalement historiques, liées notamment à une construction du réseau au gré des besoins du moment, les États-Unis contrôlent ou hébergent en effet les principaux organismes administrant les adresses, noms de domaines, normes et protocoles du web, ce qui provoque depuis plusieurs années les réserves des acteurs du net et de certains gouvernements.
Sous pression après l’affaire Snowden, les États-Unis ont concédé le mois dernier une révision du statut de l’Icann (“Internet Corporation for Assigned Names and Numbers”), l’organisme qui délivre notamment les noms de domaine sur internet, comme .com ou .gov, et dont le siège se trouve en Californie. Un geste à forte portée symbolique saluée par tous à Sao Paulo.
Considéré comme une autorité technique et morale incontournable du net, M. Cerf a également souligné pour l’AFP la difficulté d’instaurer une gouvernance du web en conciliant ouverture et sécurité, comme l’ambitionne le NETmundial.
“La technologie de l’internet dicte ce qui peut ou ne peut être fait. Les ingénieurs, ceux qui écrivent les codes, qui créent les applications, sont ceux qui déterminent ce qu’internet peut faire. Il peut y avoir des limites sur ce que les gens ont le droit de faire sur internet, mais cela dépend des règles nationales et parfois internationales”.
“Au moment où l’on promeut la liberté d’expression, d’information, d’invention, nous devons également trouver le moyen d’aider la population à se protéger. C’est pour cela que les gouvernements et la société civile doivent être impliqués” dans les réflexions autour du réseau, a-t-il affirmé.