Compétitivité : la France a surtout perdu en productivité

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une usine de voitures (Photo : Sebastien Bozon)

[25/04/2014 05:42:04] Paris (AFP) La perte de compétitivité française sur la dernière décennie est principalement due à de faibles gains de productivité, en particulier face à l’Allemagne et à l’Espagne, c’est la conclusion d’une étude publiée vendredi par le Boston Consulting Group (BCG).

Sur la dernière décennie, l’indice de compétitivité de la France est passé de 115 à 124, une augmentation qui s’explique principalement par la lenteur de ses gains de productivité, devant l’augmentation des dépenses énergétiques, en particulier en gaz naturel, et la hausse des salaires.

Conséquence: alors que la France était plus compétitive que l’Allemagne en 2004, elle a été dépassée par son voisin au cours de la décennie, non seulement du fait d’une augmentation plus rapide des salaires mais également de la faible croissance de sa productivité : +5%, contre 14% pour l’Allemagne.

Avec l’Espagne l’écart de compétitivité s’est accentué, passant de 10 à 16 points, quand il a carrément doublé avec le Royaume-Uni (16 points en 2014 contre 7 en 2004). Là encore, l’écart s’explique avant tout par la différence de gains de productivité, bien plus importants pour l’Espagne (+23%) et le Royaume-Uni (+20%).

Parmi les 25 plus gros exportateurs mondiaux, BCG classe la France dans le groupe des pays à coûts élevés, qui continuent de perdre en compétitivité, avec l’Italie, la Belgique, la Suisse et la Suède. Les Pays-Bas et la Grande-Bretagne ont presque stabilisé leur compétitivité, tout comme l’Inde et l’Indonésie.

– La Chine a perdu son avantage compétitif –

Le cabinet de conseil a analysé la compétitivité des 25 plus gros exportateurs de produits manufacturés, qui réalisent 90% des exports mondiaux, à partir de quatre critères : salaire horaire moyen d’un salarié de l’industrie, productivité par salarié, taux de change et coût de l’énergie.

Avec un constat: sur la dernière décennie, les cartes ont été totalement redistribuées. Ainsi, la Chine est aujourd’hui moins compétitive que le Mexique et ne se retrouve plus qu’à 4 points des Etats-Unis, hors coûts de transport. Une évolution que BCG attribue avant tout à la hausse des salaires chinois (+12 points).

Même constat pour le Brésil, qui se classe en 2014 au 23e rang, à égalité avec l’Italie ou la Belgique, juste devant la France, alors que le pays était encore 9e dix ans plus tôt. Forte hausse des salaires (+15 points), baisse de productivité et appréciation du real face au dollar sont les causes majeures de cette perte de compétitivité pour le géant d’Amérique du Sud.

“Beaucoup d’entreprises raisonnent encore avec des schémas dépassés, estimant qu’il est plus cher de produire en Europe de l’Ouest ou en Amérique du nord et que les pays au coûts de production les plus faibles sont en Amérique latine, en Asie et en particulier en Chine et en Europe de l’Est”, a déclaré Olivier Scalabre, directeur associé au BCG à Paris, dans un communiqué.

Les Etats-Unis et le Mexique ont ainsi réussi à améliorer leur compétitivité, passant respectivement du 12e au 8e rang et de la 6e à la 4e place. Une situation qui s’explique par de forts gains de productivité et une importante baisse des prix du gaz, alors qu’ils augmentent partout ailleurs.

Longtemps l’un des pays les plus compétitifs en Europe, la Pologne voit son avantage décliner face à des pays comme l’Espagne ou le Royaume-Uni, qui sont à quasi égalité avec d’autres pays d’Europe de l’Est tels que la République Tchèque.

“Il y a maintenant des pays aux bas coûts de production dans toutes les régions du monde”, a conclu M. Scalabre.