Social : tour d’horizon des outils “anti-chômage” dans l’UE

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(Photo : John Macdougall)

[25/04/2014 08:37:23] Paris (AFP) L’Europe connaît des situations diverses en matière de chômage, avec des taux allant de 5% à plus de 25%.

Baisses des cotisations patronales, réductions des aides aux chômeurs, formation des sans-emplois, “flexisécurité”: tour d’horizon des outils “anti-chômage” mis en place dans six pays.

– Les modèles allemand et danois –

L’Allemagne et le Danemark sont souvent cités en exemple. Les taux de chômage allemand (6,7% en février) et danois (5,3% en février) sont parmi les plus bas en Europe.

Les Allemands partent pourtant de loin, leur taux culminait à 11,5% en avril 2005. Ils récoltent maintenant les fruits des réformes de “flexibilisation” du marché du travail menées entre 2003 et 2005 par le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder.

Symbole de cette politique: les “minijobs”. Ces contrats précaires, sans charges sociales et dont la rémunération est plafonnée à 450 euros par mois, concernent plus de 7 millions de salariés. Ils facilitent les démarches administratives des employeurs – une feuille A4 suffit pour déclarer un salarié – et permettent des horaires de travail flexibles. Ils sont toutefois décriés, accusés de favoriser la pauvreté.

Berlin a par ailleurs limité les licenciements au plus fort de la crise grâce au chômage partiel.

De son côté, le Danemark est la patrie de la “flexisécurité”. Ce modèle allie “flexibilité” pour les employeurs, qui peuvent embaucher et licencier facilement, et “sécurité” pour les employés, qui bénéficient d’une généreuse protection sociale et d’une aide active pour réintégrer le marché du travail.

Depuis le début de la crise toutefois, dans un contexte de rigueur, les règles d’éligibilité aux aides sociales ont été durcies et la période d’allocations-chômage a été divisée par deux.

– Le Royaume-Uni, la Suède et le remède libéral –

Face à la crise, Royaume-Uni et Suède ont opté pour des solutions libérales qui commencent à porter leurs fruits: les deux pays ont renoué avec la croissance en 2013, +1,7% du PIB au Royaume-Uni, +1,5% en Suède.

Ce redémarrage profite à l’emploi outre-Manche, où le taux de chômage est passé de 7,8% début 2013 à 6,9% début 2014, mais pas encore en Suède, où le chômage oscille autour des 8% depuis plus d’un an.

Les bons chiffres britanniques cachent toutefois une explosion des contrats “zéro heure” n’offrant aucune garantie de planning et de salaire.

Les deux pays ont mis l’accent sur le soutien aux entreprises.

Après avoir réduit les cotisations patronales, Londres a annoncé pour 2015 la fin des cotisations salariales et patronales pour les moins de 21 ans et une baisse de l’impôt sur les sociétés de 28% à 20%. Le gouvernement Cameron a aussi réformé l’Etat providence, taillant dans les dépenses sociales et plafonnant les aides.

Baisses de cotisations aussi en Suède, qui a également divisé par deux la TVA dans la restauration, de 25% à 12%.

Stockholm a par ailleurs adopté des mesures d’aide au retour à l’emploi – “emplois nouveau départ”, “coachs emploi” ou formations – jugées sévèrement par les économistes.

– Italie et Espagne face au chômage massif –

L’Italie et l’Espagne sont parmi les pays les plus minés par le chômage: un record de 13% de chômeurs en Italie en février, 25,73% en Espagne fin 2013.

L’économie espagnole, qui était portée par l’immobilier et la construction, a été touchée encore plus durement que ses voisines par la crise, née de l’explosion d’une bulle immobilière. Rattrapés par une dette colossale, les gouvernements socialiste puis conservateur ont mené de sévères cures d’austérité, qui ont aussi grevé l’emploi.

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à Athènes le 9 janvier 2014 (Photo : Louisa Gouliamaki)

Madrid a tenté de relancer le marché du travail par plus de flexibilité, José Luis Zapatero et Mariamo Rajoy réduisant tour à tour les indemnités de licenciement. Dans la même veine, M. Rajoy a instauré, en 2010, un nouveau contrat à durée indéterminée avec une période d’essai d’un an, permis les licenciements économiques dans des organismes publics, et supprimé en partie l’autorisation administrative de licenciement.

Le Premier ministre conservateur a par ailleurs annoncé en février une réduction des cotisations patronales à 100 euros par mois pendant deux ans pour tout nouveau contrat d’au moins trois ans.

L’Italie, aussi, a opté pour la “flexibilisation”. Mario Monti a lancé le processus en 2012, en facilitant les licenciements économiques.

Le nouveau président du conseil, Matteo Renzi, poursuit sur cette voie avec son “Jobs act”, qui prévoit entre autres l’allongement à trois ans des contrats flexibles à durée déterminée et une simplification de l’apprentissage. Cette dernière réforme vise les jeunes actifs, frappés de plein fouet par le chômage (42,3% en février).