Une fusion GE/Alstom serait un nouveau coup dur pour Siemens

6cb9bb2e44bf4e5b06ceeebb29a3d817f292fef0.jpg
à Tianjin en Chine (Photo : Wang Zhao)

[27/04/2014 11:59:56] Berlin (AFP) Une fusion de General Electric avec une partie d’Alstom serait un coup dur pour leur concurrent allemand Siemens, en difficultés depuis des mois, qui du coup invite le français à une coopération stratégique pour éviter de voir le groupe américain le distancer encore davantage.

Turbines, centrales électriques, éoliennes, trains à grande vitesse et métros… Siemens et Alstom, rivaux sur de nombreux marchés, traversent les mêmes difficultés pour faire front à des secteurs de l’énergie et des transports en pleine révolution et à un marché européen moribond.

Matériel médical, équipements électriques, locomotives, turbines à gaz, Siemens et General Electric empiètent aussi largement sur les plate-bandes l’un de l’autre.

Le danger est donc grand pour Siemens de se retrouver face à un mastodonte industriel, qui plus est sur ses terres européennes, en cas de rapprochement entre General Electric et Alstom dans le domaine de l’énergie, une de ses sources majeures de revenus et de bénéfices.

415bab0061707afaf30b482d619026d3be84dade.jpg
à Berlin, le 12 octobre 2011 (Photo : Michele Tantussi)

Pour contrer le danger, Siemens a proposé à Alstom d'”échanger sur les questions stratégiques soulevées par une coopération future”, comme il l’a indiqué dimanche sans plus de détails. Cela pourrait être une revanche sur son échec d’il y a dix ans quand le conglomérat de Munich (sud) s’était fait bloquer par le gouvernement français pour acquérir des parts d’Alstom.

Mais aucune mention n’est faite d’une offre d’achat. Il faut dire que si, comme l’évoque la presse, General Electric, assis sur une importante trésorerie, est prêt à mettre plus de 10 milliards d’euros sur la table, Siemens n’a pas les moyens d’une surenchère. A la fin 2013, le groupe avait moins de 9 milliards d’euros dans ses caisses et sa restructuration en cours consomme encore sa trésorerie.

Un contournement du problème serait une reprise de l’activité énergie d’Alstom contre une somme en numéraire et “la moitié de sa branche transports”, comme l’affirme dimanche Le Figaro, ce que Siemens a refusé de commenter.

Mais, dès que les bruits d’une opération de General Electric ont commencé à courir, les analystes de la Société Générale estimaient “une contre-offre de Siemens improbable vu les problèmes de concurrence que cela poserait en Europe”.

Depuis plus d’un an, Siemens n’a pas fait la moindre acquisition. Au contraire, il s’est plutôt séparé de gros pans d’activités comme les ampoules électriques d’Osram, les équipements télécoms de Nokia Siemens Networks, ceux de traitement d’eau ou l’arrêt de l’activité solaire.

Mis sous pression pour augmenter les marges du groupe, objectif qui a coûté son poste à son prédécesseur, Joe Kaeser est plutôt attendu sur de nouvelles cessions que sur des acquisitions coûteuses.

La presse allemande n’hésitait pas à présenter une éventuelle reprise d’Alstom par GE comme un nouveau chapitre de la longue guerre industrielle entre l’américain et Siemens, dans laquelle l’allemand a perdu pas mal de batailles.

Dans la course à un chiffre d’affaires de 100 milliards d’euros, General Electric a déjà gagné, quand Siemens en reste loin.

Alors que Siemens, attiré par le renouveau industriel américain, avance ses pions outre-Atlantique, comme l’a illustré une méga commande d’éoliennes remportée en décembre, le champ de bataille pourrait se déplacer maintenant vers l’Europe, où General Electric gagnerait un meilleur accès.

L’image de Siemens dans son propre pays a été égratignée ces derniers temps, par un retard de deux ans dans la livraison de trains commandés par Deutsche Bahn et les bisbilles à sa tête étalées dans la presse, qui avaient fini à l’été 2013 par le limogeage expéditif de son ancien patron Peter Löscher.

“Nous avons été trop préoccupés par nous-mêmes ces derniers temps et avons été distancés par nos concurrents. Mon but déclaré est de remettre Siemens sur les rails”, avait déclaré Joe Kaeser au jour de sa nomination.

Le défi ne fait que grandir. Il doit dévoiler les détails de sa stratégie le 7 mai, jour de la publication de ses résultats financiers… le même jour qu’Alstom.