ège du groupe Alstom à Levallois-Perret, près de Paris, le 27 avril 2014 (Photo : Patrick Kovarik) |
[28/04/2014 08:45:13] Paris (AFP) En 2003-2004, le groupe français Alstom, alors en grande difficulté financière, avait dû céder de nombreux actifs et négocier avec ses banques créancières, l’Etat procédant à un sauvetage massif pour éviter un démantèlement qui aurait profité notamment à… l’allemand Siemens.
“La France ne comptera pas dans le monde si elle perd une à une ses industries”, affirmait déjà il y a dix ans, en avril 2004, un ministre des Finances dénommé Nicolas Sarkozy, affirmant ne pas vouloir “laisser tomber Alstom”. Le démantèlement du groupe, estimait-il alors, conduirait à prendre “dans Alstom ce qu’il y a de profitable et à laisser aux contribuables ce qu’il y a de moins profitable”.
Après avoir essuyé des pertes record de 1,38 milliard d’euros pour l’exercice 2002-2003 et vu la valeur de son action divisée par deux en Bourse, Alstom allait en effet être sauvé à grands frais du dépôt de bilan, grâce à un plan de refinancement de 3,2 milliards d’euros mis en place avec l’aide de l’Etat et des banques.
En contrepartie, l’Etat français prenait environ 21% du groupe, à l’occasion d’une augmentation de capital de 1,75 milliard d’euros, non sans avoir fait tiquer la Commission européenne.
Celle-ci avait finalement donné son feu vert en juillet 2004, après avoir obtenu des contreparties, âprement négociées, visant à sauvegarder les conditions d’une “concurrence saine”.
“Alstom est sauvé”, pouvait ainsi se réjouir en septembre 2004 le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
Un sauvetage douloureux, car Alstom, déjà dirigé par l’actuel PDG Patrick Kron, a dû supprimer 8.500 emplois et céder de nombreux actifs, dont son activité Transmission et Distribution à Areva pour 920 millions d’euros, et ses turbines à gaz de petite et moyenne puissance pour 1,1 milliard d’euros… à l’allemand Siemens.
Et pendant des mois, le ton s’est envenimé entre Alstom, qui s’est remis à engranger les contrats, et son concurrent Siemens, ce dernier l’accusant de pratiquer une agressive guerre des prix.
Des casques de chantier avec le logo de Siemens (Photo : Michele Tantussi) |
Outre-Rhin comme en France, le politique s’en est mêlé : le chancelier Gerhard Schroeder, se faisant fort de faire émerger de grands groupes industriels européens, espérait voir son champion national, Siemens, récupérer l’activité d’Alstom dans les turbines afin de rivaliser avec… le géant américain General Electric, aujourd’hui candidat au rachat du pôle énergie d’Alstom, tout comme Siemens.
Mais Alstom avait décidé de tourner le dos au groupe allemand, son PDG Patrick Kron étant viscéralement opposé à un rapprochement contraire à l’intérêt “des clients”, “des salariés et des actionnaires” du groupe.
Après avoir un temps envisagé un recours devant la Cour européenne de justice (CEJ) contre le plan d’aide de l’Etat à Alstom, Siemens affirmait à l’automne 2004, par la voix de son patron Heinrich von Pierer, n’avoir “plus envie de remuer le couteau dans les anciennes plaies”.