à Blagnac, le 26 février 2014 (Photo : Eric Cabanis) |
[28/04/2014 15:29:34] Paris (AFP) L’industrie française de l’aéronautique, la défense et l’espace a pulvérisé ses records de ventes et de commandes en 2013 et la filière des sous-traitants a réussi à suivre l’accélération brutale de la production, selon son bilan présenté lundi.
Le chiffre d’affaires des membres du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) a enregistré une nouvelle progression de 9% du chiffre d’affaires (à périmètre constant) l’année dernière, pour atteindre 47,9 milliards d’euros. Les exportations à elles seules ont représenté 79% des ventes (contre 75% en 2012) et ont progressé de 11,4% sur un an, a annoncé le Gifas lors d’une conférence de presse.
Le secteur aéronautique et défense a constitué de premier poste excédentaire de la balance commerciale française, avec 22 milliards d’euros, devant les vins et les spiritueux, a souligné le président du Gifas, Marwan Lahoud, numéro 2 d’Airbus Group.
Les commandes ont, elles, fait un bon de 49%, pour atteindre 73,1 milliards d’euros. Ce nouveau record est principalement dû à l’augmentation de la demande d’avions commerciaux qui tire l’industrie aéronautique depuis cinq ans.
Outre les commandes géantes d’avions et de moteurs pour les propulser, Airbus Defence and Space s’est vu commander 18 lanceurs Ariane dont le groupe Safran construira les moteurs et Dassault Aviation a placé davantage d’avions d’affaires.
Pour répondre à l’augmentation continue du trafic aérien, supérieure à 5% par an en moyenne, Airbus a augmenté ses cadences de production, engendrant des tensions sur la chaîne des sous-traitants (supply chain) qui a longtemps semblé fragile.
En effet, un seul maillon de la chaîne qui cassait pouvait provoquer des retards de production ou de développement d’un nouvel avion comme le long-courrier A350. Mais la difficulté a été surmontée, selon le Gifas.
“Nous avons suivi nos clients, nous avons pris des risques et nous avons réussi la montée en cadence (…) avec de gros efforts d’investissements et de recrutement”, a annoncé Emmanuel Viellard, président du groupe équipement au sein du Gifas.
Les PME et les grands équipementiers ont investi au-delà de leur capacité d’auto-financement en ayant recours à l’emprunt ou à des augmentations de capital. Et ils ont augmenté leurs effectifs de 7%, a-t-il ajouté.
Le recrutement reste un point sensible. Ainsi, il n’existe plus en France de formation pour des métiers comme soudeur ou chaudronnier, technicien qui dans l’aéronautique façonne des feuilles de titanes, selon M. Viellard. Les industriels sont donc obligés de poursuivre l’expansion de leur production à l’étranger, dans des pays comme le Maroc, a-t-il expliqué à l’AFP.
Les entreprises du Gifas continueront à embaucher cette année, quoi qu?à un rythme moins soutenu que les années précédentes. Elles prévoient 10.000 recrutements en 2014, contre 13.000 en 2013 qui ont porté les effectifs totaux à 177.000 personnes.
C’est enfin une industrie qui devient de plus en plus civile, a souligné M. Lahoud. Le secteur civil à lui seul a passé 83% des commandes en 2013 tandis que les pays occidentaux continuaient à tailler dans leurs dépenses militaires.
Le patron de la stratégie d’Airbus Group a cependant rappelé que la défense avait deux particularités: elle génère l’essentiel de l’innovation technologique et elle permet l’ancrage de l’industrie sur le territoire national. Sans elle, l’industrie aéronautique se délocaliserait, notamment pour baisser les coûts de production et éviter l’obstacle de l’euro fort, qui la pénalise face aux producteurs en dollars.
C’est cette parité qui empêche Airbus de dégager la même marge d’exploitation que son rival américain Boeing, a estimé M. Lahoud. Depuis une vingtaine d’années, “tous les efforts de productivité d’Airbus ont servi à absorber l’effet dollar”, selon lui.