ée le 28 avil 2014 à Paris (Photo : Alain Jocard) |
[29/04/2014 05:41:15] Paris (AFP) François Hollande est monté en première ligne lundi pour revendiquer haut et fort l’intervention de l’Etat dans le dossier Alstom et piloter depuis l’Elysée les discussions avec les prétendants au rachat de la branche énergie du groupe, l’Américain General Electric et l’Allemand Siemens.
Le chef de l’Etat a reçu lundi en fin de journée le PDG de Siemens, Joe Kaeser, puis Martin Bouygues, l’actionnaire de référence d’Alstom avec 29,4% du capital.
Siemens devrait confirmer mardi son offre pour une reprise partielle d’Alstom, a indiqué à l’issue de l’entretien entre MM. Hollande et Kaeser une source proche du dossier.
Tard dans la soirée lundi, Siemens a publié un communiqué qualifiant “l’échange” de son patron avec le président français François Hollande de “très ouvert, confiant et amical”. “Après cette rencontre, Siemens se réunira pour décider s’il fait une offre sur Alstom et en quoi elle va consister”, a écrit le groupe allemand dans son communiqué.
Le gouvernement estime qu’Alstom doit disposer du temps nécessaire, c’est à dire au delà de mercredi, pour examiner toutes les offres, selon cette source.
ésident François Hollande le 28 avril 2014 à la Maison de la Chimie à Paris (Photo : Yoan Valat) |
“Ceux qui imaginent que ce serait le marché qui détermine mes choix, que ce serait les acteurs privés seuls qui pourraient par les conventions et les contrats déterminer l’intérêt général, se trompent”, a lancé le président de la République devant le corps préfectoral réuni à la Maison de la Chimie.
Pour François Hollande, “l’Etat a forcément son mot à dire” dans ce dossier. Il “maîtrise l’indépendance de la France en matière énergétique” et doit veiller à l’amélioration des offres avec pour “seul critère”, la “création d’activité et l’emploi” en France.
Alors que le temps presse, François Hollande a joint le geste à la parole, recevant lundi les protagonistes du dossier à l’Elysée, à l’exception notable de celui d’Alstom, Patrick Kron.
Premier reçu dans la matinée, le PDG du groupe américain General Electric, Jeffrey Immelt, est ressorti après une heure d’entretien, évoquant “un dialogue ouvert, amical et constructif”.
ée où il a été reçu par le président Hollande le 28 avril 2014 à Paris (Photo : Alain Jocard ) |
Tout reste à faire cependant pour les uns comme pour les autres. General Electric a apporté les premières réponses mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir, a observé une source proche du dossier à Paris à l’issue de l’entretien entre le patron du puissant groupe américain et François Hollande.
A Berlin, le ministère allemand de l’Economie a plaidé ouvertement lundi pour un rapprochement Alstom/Siemens qui constituerait selon lui une “grande chance et un gros potentiel” pour les politiques industrielles allemande et française.
– “Airbus de l’énergie” –
Alstom s’est donné dimanche deux jours pour poursuivre sa “réflexion stratégique”, lors d’un conseil d’administration extraordinaire du groupe qui entend informer les marchés d’ici à mercredi matin de son choix. En attendant, la cotation du titre reste suspendue à la Bourse de Paris tandis qu’un nouveau conseil d’administration devrait se tenir mardi soir.
Le gouvernement, a martelé Arnaud Montebourg lundi, “refuse le fait accompli”, à savoir “qu’Alstom, en trois jours, décide de vendre 75% d’un fleuron national dans le dos de ses salariés, dans le dos du gouvernement, dans le dos de la plupart de ses administrateurs et de ses cadres dirigeants”.
“Les entreprises françaises ne sont pas des proies, en revanche nous sommes disponibles pour nouer des alliances qui nous permettent de nous armer dans la mondialisation”, a-t-il fait valoir, laissant entendre qu’il était favorable à un rapprochement d’Alstom avec Siemens même si Patrick Kron y est viscéralement opposé.
és) des trois groupes industriels, GE, Alstom, Siemens (Photo : P.Pizarro/A.Bommenel, abm/cam) |
L’Etat français n’est plus actionnaire d’Alstom depuis 2006 mais l’exécutif, qui a placé la lutte contre le chômage et la réindustrialisation de la France parmi ses toutes premières priorités, entend peser de tout son poids dans cette affaire.
Selon le commissaire européen au Marché intérieur et aux Services, Michel Barnier, le gouvernement français peut certes se montrer “pro-actif” dans ce dossier mais sans s’ériger en arbitre.
Le projet –non formalisé– de GE, qui compte 305.000 salariés dans le monde et affiche 146 milliards de dollars de chiffre d’affaires, prévoit le rachat de l’activité énergie d’Alstom (équipements pour centrales thermiques, énergies renouvelables…) qui représentent plus de 70% de l’activité du groupe et 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Après un redressement réussi, Alstom, qui emploie 93.000 salariés dont 18.000 en France, fait face depuis le début 2013 à une baisse marquée de ses commandes, notamment dans son activité principale (centrales thermiques), ce qui l’a contraint à lancer un plan de cessions de 1 à 2 milliards d’euros.
Les négociations secrètes étaient déjà bien avancées avec le groupe français, pour une transaction estimée par la presse à quelque 10 milliards d’euros, qui ne concernerait pas l’emblématique branche transport, fabriquant les trains à grande vitesse (TGV). Mais Siemens est venu jouer les trouble-fêtes.
Dans une proposition préliminaire, que l’AFP a consultée mais qui n’a pas été confirmée par Siemens, le conglomérat industriel allemand a proposé à Alstom de lui racheter ses activités énergie et de lui céder une partie de ses activités ferroviaires.
Dans cette hypothèse, deux nouveaux géants européens verraient le jour: l’un, autour de Siemens, spécialisé dans l’énergie, l’autre, autour d’Alstom, dans les transports. François Hollande lui-même a appelé de ses v?ux un “Airbus de l’énergie” encore dans les limbes.