Gazprom avertit la communauté financière des risques de sanctions occidentales

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éant gazier Gazprom à Sotchi, le 30 novembre 2013 (Photo : Yuri Kadobnov)

[29/04/2014 10:33:14] Moscou (AFP) Le géant gazier russe Gazprom a averti mardi la communauté financière des risques que font la peser la crise ukrainienne et les sanctions contre Moscou sur ses gigantesques profits, déjà réduits en 2013 à cause des tensions avec l’ex-république soviétique.

A l’occasion de la publication de ses résultats annuels, marqués par une chute de 7% de son bénéfice net à 23 milliards d’euros, le groupe public a listé la manière dont il pourrait souffrir de l’escalade en cours entre Moscou et l’Occident.

Les tensions risquent d’affaiblir l’économie russe et par ricochet affecter “la confiance des investisseurs envers la stabilité économique et politique de la région et plus généralement dans les investissements en Russie”, écrit Gazprom dans son rapport annuel.

La situation pourrait donc plomber le cours des titres Gazprom, dont certains cotés à Londres, et affecter son accès aux marchés financiers pour s’endetter.

Et si la situation s’envenimait, “il n’y a aucune assurance que les sanctions existantes, ou de nouvelles sanctions, ne seraient pas étendues à des sociétés entrant dans le groupe Gazprom”, indique-t-il. En effet, il “vend une partie importante de ses produits, achète des équipements et détient des actifs en Europe” et ses revenus sont en parties libellés en devises.

Des sanctions auraient donc “un effet matériel” sur les résultats du groupe, est-il ajouté.

-les ventes vers l’Europe en hausse-

Gazprom se trouve déjà engagé de plain pied dans la crise. La société menace Kiev de couper le gaz si l’opérateur gazier ukrainien Naftogaz ne règle pas ses dettes massives, au risque de perturber les approvisionnements européens.

“Les tensions politiques et économiques entre la Russie et l’Ukraine ont entraîné un regain d’inquiétude concernant la fiabilité des livraisons de gaz vers l’Europe via l’Ukraine”, reconnaît le groupe.

L’UE, qui couvre actuellement plus du quart (près d’un tiers en 2013) de ses besoins en gaz grâce à la Russie, cherche à réduire sa dépendance et à trouver d’autres sources d’approvisionnement, en Norvège, Afrique du Nord, voire à plus long terme avec du gaz américain liquéfié.

Gazprom ne cesse de se poser en fournisseur incontournable, mettant en avant des statistiques plutôt à son avantage: ses exportations vers l’Europe, qui assurent l’essentiel de ses bénéfices, ont nettement augmenté en 2013 à 174 milliards de mètres cubes. Comme les prix en roubles sont également en hausse (les prix étant fixés en devises et la monnaie russe ayant baissé), ces ventes sont en hausse de 15% des ventes à 1.683 milliards de roubles (33,9 milliards d’euros).

Les ventes en Russie, peu rentables, ont également augmenté, de 4% à 794 milliards de roubles (16 milliards d’euros).

Au total, le chiffre d’affaires a augmenté de 10% à 5.249 milliards de roubles (105 milliards d’euros).

Mais les ventes vers l’ex-URSS, dont l’Ukraine constitue la plus grande partie, ont fortement chuté: -21% à 420 milliards de roubles (8,5 milliards d’euros).

Avant même la chute du président ukrainien Viktor Ianoukovitch en février, l’Ukraine et la Russie entretenaient des relations tendues, Kiev réduisant au fil de 2013 ses coûteuses importations de gaz russe en dessous du minimum prévu par le contrat.

Ajouté à une série de facteurs financiers défavorables et des dépenses d’exploitation en hausse de 5%, la baisse des ventes dans l’ex-URSS se traduit par le deuxième recul d’affilée du bénéfice annuel, après dix ans de hausse qui avaient fait de Gazprom le groupe le plus rentable au monde.

Les analystes de Bank of America Merrill Lynch ont jugé les résultats de Gazprom “relativement bons” mais relevé que le marché s’intéressait surtout à l’avenir, très incertain.

Avec Kiev, la rupture est désormais consommée et Gazprom a annulé au 1er avril tous les rabais accordés précédemment, faisant passer le gaz de 268 dollars à près de 500 dollars pour 1.000 m3, un prix sans équivalent en Europe.

Kiev refuse désormais tout paiement, a conclu un accord avec la Slovaquie pour lui acheter du gaz à “flux renversé” et le président Vladimir Poutine a donné mi-avril un mois avant de fermer les robinets.

Gazprom souligne déployer ses efforts pour se réorienter vers l’Asie et conclure son premier contrat en Chine, mais les négociations peinent à aboutir sur le prix.