4ème opérateur mobile : 7 milliards de gain de pouvoir d’achat pour les consommateurs

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Des smartphones (Photo : Philippe Huguen)

[29/04/2014 11:47:24] Paris (AFP) L’arrivée d’un quatrième opérateur mobile en France a permis un gain de pouvoir d’achat de près de 7 milliards d’euros pour les consommateurs en deux ans, selon une étude publiée mardi de l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir, qui s’inquiète d’un retour en arrière.

L’organisation tire un bilan consumériste “incontestablement bénéfique” de l’arrivée de Free Mobile (Iliad) début 2012 sur le marché français et s’inquiète d’une possible baisse de la concurrence alors qu’une restructuration du secteur des télécoms est évoquée après l’acquisition prévue de SFR par Numericable.

L’arrivée d’un quatrième opérateur a permis une baisse moyenne de la facture mobile de 30%, permettant aux consommateurs d’économiser 6,83 milliards d’euros, selon le bilan de l’UFC, le premier de ce type, qui porte sur la période 2012 et 2013.

L’attribution d’une quatrième licence a permis en particulier aux consommateurs de se libérer de “l’engagement” et du modèle de la “subvention” du terminal mobile, qui occasionne en réalité un surcoût pour l’abonné, souligne l’organisation de défense des consommateurs.

Près d’un abonné sur deux (49,3%) avait une offre sans engagement fin 2013, soit deux fois plus qu’en janvier 2012 et ce modèle devrait devenir majoritaire en 2014.

Or, pour un terminal entrée de gamme, le surcoût se monte en moyenne à près de 50% au bout de 24 mois, et à quelque 25% pour un terminal milieu de gamme, selon les calculs de l’UFC.

Si l’on compare la situation avec les autres pays d’Europe, “la France est devenu un pays où il fait bon téléphoner”, remarque Antoine Autier, chargé de mission à l’UFC Que Choisir et auteur de l’étude.

L’hexagone, qui était parmi les pays les plus chers d’Europe, avec des prix de 25% plus élevés que la moyenne en 2010, bénéficie désormais de prix en moyenne deux fois moins élevés, souligne l’UFC.

L’étude d’UFC s’inscrit aussi en faux contre l’un des arguments majeurs des promoteurs d’une concentration du secteur des télécoms, en soulignant que le secteur a vu ses emplois croître depuis 2010, date de l’attribution d’une quatrième licence, après une baisse tendancielle observée depuis 2000, et note que les finances publiques n’ont pas souffert d’une quatrième licence.

Enfin, pour l’UFC, la baisse des revenus des opérateurs, autre chiffon rouge brandi par les tenants de 3 opérateurs, s’explique autant par l’arrivée de Free Mobile que par “la saturation du marché” et fait suite à une hausse de 24,6% du chiffre d’affaires des opérateurs entre 2006 et 2010.

“L’arrivée d’un quatrième opérateur était une condition nécessaire pour insuffler une intensité concurrentielle dans un secteur où les prix des services mobiles ne baissaient pas, aujourd’hui la question qui se pose est comment associer un passage à trois opérateurs avec un maintien de l’intensité concurrentielle?”, souligne Antoine Autier.

Aujourd’hui, la fragilité de Bouygues Telecom ne garantit pas “son maintien sur le marché à moyen terme” et pour éviter “une inévitable marche en arrière” en cas de retour à trois opérateurs, UFC demande à l’Autorité de la concurrence et à l’autorité des télécoms, l’Arcep, de préparer un tel scénario.

L’association leur demande en particulier de prendre position sur “la restructuration du secteur et notamment de fixer toutes les conditions propres à la sauvegarde d?une intensité concurrentielle au service des consommateurs”.

Elle appelle également à “baisser dans les plus brefs délais les tarifs de gros appliqués par les opérateurs de réseau aux MVNO”, les opérateurs sans réseau propre, “afin que les MVNO puissent jouer le rôle d?agitateurs du marché”.

L’UFC demande enfin l’établissement d’indicateurs de qualité de réseau et de qualité minimale des opérateurs.

Pierre Louette, directeur général adjoint d’Orange, a estimé mardi que cette étude représentait “une vision très partielle des choses”, au cours d’une conférence téléphonique.

“Si tous les prix étaient à zéro, l’UFC serait content mais il y aurait des conséquences macro-économiques pour le pays”, a-t-il déclaré évoquant “la destruction de valeur” provoquée par la guerre des prix entre opérateurs télécoms.