La grève des pilotes en mai suscite l’ire d’Air France

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ève en juin 1998 à Paris (Photo : Pascal Pavani)

[29/04/2014 18:23:24] Paris (AFP) La confirmation d’un appel à la grève de pilotes pour la quasi totalité du mois de mai a provoqué l’ire d’Air France qui a dénoncé un mouvement susceptible de compromettre son redressement financier.

Lundi, le premier syndicat de pilotes, SNPL France Alpa, a lancé un appel à la grève du 3 au 30 mai pendant quelques heures chaque jour, un mouvement qui pourrait entraîner des retards importants, selon ce syndicat.

“C’est une grève totalement hors de propos et un très mauvais signal envoyé à nos passagers qui nous sont fidèles”, a déclaré Alexandre de Juniac, PDG du groupe Air France-KLM à quelques journalistes. “C’est aussi un geste extrêmement méprisant envers les personnels qui se sont donné du mal pour redresser la compagnie.”

Plus tôt, dans une lettre ouverte au président du SNPL National, Yves Deshayes, rendue publique par la voie d’un communiqué, le PDG de la seule compagnie française Air France, Frédéric Gagey, souligne que ce mouvement social “intervient à un moment crucial du redressement d’Air France”.

Après six années de pertes, le transporteur espère en effet enregistrer un résultat d’exploitation positif en 2014. Cet objectif pourrait tout simplement être remis en cause par ce mouvement social, la direction estimant qu’il se traduira nécessairement par des annulations de vols et donc des manques à gagner substantiels.

“Il paraît inconcevable qu’une grève, dont les motifs n’ont rien à voir avec Air France, puisse enrayer cet élan”, conclut M. Gagey dans ce courrier.

“Les tranches horaires de grève choisies par le SNPL National sont particulièrement pénalisantes pour Air France et ses clients”, argue la compagnie.

Elle précise que ce mouvement va désorganiser “les premiers départs des moyen-courriers et, du fait de l’enchaînement des vols, le programme de vols de toute la journée”. Elle ajoute que ce mouvement affectera également “la plus grosse plage de départs long-courriers de la journée, avec plus de 30 vols long-courriers programmés, sur 70 vols long-courriers quotidiens”. Cette grève empêchera les correspondances à Paris-CDG, c?ur de l’activité de la compagnie.

“Pour éviter cette situation et par respect pour ses clients, Air France sera contrainte d’annuler la plupart des vols des pilotes grévistes. Seul un nombre très limité de vols pourra être reporté”, a prévenu la compagnie.

– Des motifs ne concernant pas la compagnie –

L’agacement est d’autant plus palpable que “les motifs ne concernent pas spécifiquement” la compagnie.

Les revendications des pilotes portent principalement sur l’abrogation de la loi Diard, qui impose que les grévistes se déclarent individuellement comme tels 48 heures avant le début d’un conflit. Cette disposition vise à permettre aux entreprises de transport aérien d’améliorer l’information des passagers concernant les vols.

Pour le SNPL, elle permet en fait le remplacement des grévistes par des pilotes venus d’autres pays d’Europe, ce qui porte atteinte au droit de grève. Ainsi le dernier conflit au sein de la britannique EasyJet, avec 85% de grévistes, ne s’est traduit par aucune annulation de vol ni aucun retard parce que la compagnie avait remplacé tous les pilotes qui travaillaient en France, avait indiqué lundi Yves Deshayes.

Le groupe Air France-KLM est engagé depuis janvier 2012 dans un plan de restructuration drastique qui a entraîné des milliers de suppressions d’emplois au sein de l’entité Air France.

Si le groupe franco-néerlandais a dégagé un bénéfice d’exploitation de 130 millions d’euros l’an passé après une perte de 336 millions en 2012, la partie française est, elle, restée dans le rouge avec une perte de 174 millions.

Le réseau moyen-courrier d’Air France-KLM est en outre toujours en grande difficultés en raison de la concurrence des compagnies à bas coûts (perte d’exploitation de 620 millions en 2013).

Dans une tentative d’apaisement, le secrétariat d?État aux Transports a annoncé dans un communiqué séparé avoir reçu le SNPL “dans le cadre du préavis de grève”.

“Le gouvernement entend la revendication des pilotes”, dit-il. Pour autant, il estime que “le principe de libre-circulation communautaire ne peut pas être remis en cause”.

Le gouvernement rappelle que “la mise en place de cette loi ne saurait constituer une atteinte à l’exercice fondamental du droit de grève mais permet d?informer les passagers des perturbations prévues 24 heures avant leur départ”.

Ce communiqué a provoqué cette fois la colère du SNPL, sa publication étant intervenue avant la tenue de ladite réunion.