Alstom : le CA préfère General Electric, la cotation en bourse reprend

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ée où il a été reçu par le président Hollande le 28 avril 2014 à Paris (Photo : Alain Jocard )

[30/04/2014 05:10:25] Paris (AFP) La cotation en Bourse d’Alstom reprend ce mercredi au lendemain du conseil d’administration qui s’est prononcé mardi soir pour l’offre de l’américain General Electric, en concurrence avec l’allemand Siemens pour reprendre la branche énergie du fleuron industriel français.

“Alstom a approuvé l’offre de GE”, a-t-on indiqué de source proche du dossier à l’AFP, alors que les deux groupes se sont refusés à tout commentaire.

Selon Le Figaro, les administrateurs d’Alstom ont accepté à l’unanimité cette offre, “ferme et financée”, qui propose de racheter les activités énergétiques du groupe pour plus de 10 milliards d’euros.

Le journal précise toutefois sur son site internet qu’Alstom a commandé une expertise indépendante de l’offre de GE, ouvrant une période d’un mois qui liera le groupe américain et pendant laquelle le Français n’aura pas le droit de démarcher d’autres acquéreurs potentiels, même s’il pourra examiner toute proposition alternative qui lui sera faite.

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Alstom (Photo : Sébastien Bozon)

La bataille pour la branche énergie d’Alstom, qui représente près de trois quarts des activités du groupe, s’était intensifiée mardi avec l’annonce par Siemens d’une offre de rachat concurrente de celle de son rival américain.

Il avait marqué manifesté son intérêt dimanche, quelques jours après la révélation de discussions avancée entre GE et Alstom, qui fabrique notamment des TGV, des turbines pour centrales électriques et des éoliennes.

L’industriel allemand, qui n’a pas souhaité la détailler tant qu’il n’aura pas eu accès aux comptes de sa cible, avait aussi posé comme condition qu’Alstom “lui accorde la permission de s’entretenir avec sa direction pendant une période de quatre semaines”.

Mais selon Le Figaro, en échange du rachat de la branche énergie d’Alstom, Siemens proposerait désormais d’apporter l’essentiel de son activité transport, métros, tramways et trains classiques inclus, et non plus seulement les trains rapides ICE.

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éant industriel (Photo : JM.Cornu/M.Heuclin)

Le gouvernement français, qui a placé la lutte contre le chômage et la désindustrialisation au coeur de son projet politique, a de nouveau tenté de peser dans le dossier, après s’y être invité dès le week-end, avec la volonté de défendre l’emploi des quelque 9.000 salariés français de la division énergie, soit près de la moitié des effectifs d’Alstom dans l’Hexagone.

A l’Elysée, on souhaitait d’ailleurs toujours mardi soir “avoir du temps” pour permettre à une ou plusieurs offres alternatives à celle de GE d’émerger.

L’entourage du président François Hollande privilégie quoi qu’il en soit “une solution industrielle”, semblant exclure une prise de participation de l’Etat, comme il l’avait fait il y a dix ans pour sauver le groupe de la faillite. En 2004, fait-on valoir de même source, la Commission européenne avait accepté que l’Etat prenne une participation dans Alstom mais seulement à titre “temporaire”.

Selon une source proche du dossier, Alstom devrait communiquer officiellement avant l’ouverture de la Bourse de Paris mercredi, échéance qu’il s’était donnée dimanche, à l’issue d’un précédent conseil d’administration extraordinaire, pour poursuivre et approfondir “sa réflexion stratégique”.

Le président François Hollande était déjà monté en première ligne lundi pour piloter depuis l’Elysée les discussions avec les prétendants au rachat des activités énergétiques d’Alstom, leur demandant des garanties sur l’emploi en les recevant à l’Elysée.

Dans une lettre adressée à la présidence mardi, dont l’AFP a obtenu copie, GE a insisté sur sa complémentarité avec Alstom. Il a fait part de sa volonté de créer “un leader mondial de l’énergie en France” et de sa volonté de créer des emplois dans le pays, où il veut implanter quatre sièges mondiaux du groupe.

– Montebourg fustige le pdg d’Alstom –

De son côté, l’AMF a demandé une reprise de la cotation d’Alstom mercredi et la communication des offres au marché avant l’ouverture de la Bourse.

Pour s’assurer de la transparence du processus de vente et de “l’égalité stricte entre l’offre de General Electric et de Siemens”, le gouvernement avait saisi l’AMF. Le Premier ministre Manuel Valls a réaffirmé mardi que l’Etat devait être “à la manoeuvre” car “c?est un enjeu stratégique national”, lors de son discours de présentation du programme de stabilité à l’Assemblée nationale.

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ée nationale à Paris le 29 avril 2014 (Photo : Eric Feferberg)

Le ministre de l’Economie Arnaud Montebourg s’en est pris de son côté avec virulence au PDG d’Alstom, qu’il a accusé d’avoir délibérément caché à l’exécutif les discussions en cours avec GE.

“Depuis le mois de février, j’interroge Monsieur Patrick Kron, président de cette entreprise qui est notre fleuron national. Et Monsieur Patrick Kron, alors que je l’ai interrogé dûment, solennellement et sérieusement, m’a toujours dit qu’il n’avait aucun projet d’alliance”, a-t-il lancé à l’Assemblée.

“Est-ce que le ministre de l’Economie doit aller installer un détecteur de mensonges dans son bureau? Pour les présidents du CAC 40 qui n’ont pas le civisme élémentaire d’avertir leur gouvernement?”, a-t-il ajouté.

Reçus à Bercy, les responsables des fédérations de la métallurgie CFE-CGC, CFDT, CGT, FO et CFTC ont également réclamé davantage de temps pour que soit scellé le sort d’Alstom, dont l’actionnaire principal, le groupe Bouygues (29,4%), souhaite se désengager du capital pour des raisons stratégiques.

A Berlin, le ministère allemand de l’Economie avait plaidé ouvertement lundi pour un rapprochement Alstom/Siemens, auquel Patrick Kron est viscéralement opposé.